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Retour29 mai 2024
Jason Joly - jjoly@medialo.ca
Un bénévolat unique en son genre au pénitencier de Joliette
Comité consultatif de citoyens

©Jason Joly - L'Action
Les détenues et les équipes au sein du pénitencier de Joliette reçoivent le soutien du Comité consultatif de citoyens afin d’améliorer le milieu de vie et de travail de chacun.
Le Comité consultatif de citoyens (CCC) de l’Établissement Joliette agit bénévolement à améliorer les services et les relations auprès à la fois des détenues, mais aussi des employés et des visiteurs. Alors qu’il agit comme bénévole au sein de ce comité depuis sept ans, André Lafontaine, qui en est aussi le président, raconte qu'il s'agit d'une expérience incroyable pour « découvrir une partie de la nature humaine ».
Le président du comité de l’établissement de Joliette, André Lafontaine, précise qu’il existe différents groupes de bénévoles. Certains font des activités avec les détenues, mais ses collègues et lui ont des tâches très différentes. « Nous devons être observateurs de tout ce qui se fait dans l’institution. Notre rôle est d’être présents, de questionner autant les employés que les détenues, en plus des administrateurs et des syndicats, et de nous assurer que les choses se fassent dans le respect des normes et des droits et libertés de la personne. » M. Lafontaine s’assure donc que la santé mentale et physique de tous soit respectée, par exemple en vérifiant à ce qu’il n’y ait pas d’abus à l’utilisation de la peine d’isolement.
Infirmier de formation, c’est à sa retraite qu’il a été approché pour non seulement agir comme bénévole au pénitencier de Joliette, mais aussi pour remettre en marche le CCC qui avait cessé ses activités. « J’ai dit oui, mais je ne savais pas ce que ça allait donner. Finalement, ce n’était pas ce à quoi je m’attendais. Pour moi, la prison c’était des gens dans des cellules qui passaient leur journée assis sur leur lit en attendant le soir », reconnait-il. André Lafontaine a été impressionné en apprenant toutes les normes, les différents postes et les programmes nécessaires pour connaitre le milieu carcéral dans lequel il allait travailler.
« Il y a une formation au départ parce que l’organisation du service correctionnel, c’est une machine lourde. C’est bien compliqué quand tu arrives », avoue-t-il avant d’ajouter que les termes sont toutefois rapidement assimilés dans la pratique. De plus, les bénévoles doivent connaitre les mesures de sécurité au sein du pénitencier : « Le centre de détention a comme objectif de protéger la vie de ceux qui y travaillent, de ceux qui vivent en société et de protéger les détenues. »
En dehors des formations plus théoriques, M. Lafontaine explique que les bénévoles sont aussi invités à plusieurs activités ou lieux. Lui-même effectuait souvent une petite visite à la salle de couture, à la bibliothèque ou encore aux divers services de santé. De cette façon, il parvenait à être en contact avec différentes personnes et ainsi connaitre leur problématique ou les choses qui pourraient être améliorées, soit dans leur pratique pour ce qui est des employés ou dans les services pour les détenues. « Au début, on donne un peu l’impression qu’on fait partie du service correctionnel, mais après un ou deux ans, un lien de confiance s’établit et les détenues comprennent qu’on ne prend parti ni pour un ni pour l’autre », remarque le bénévole.
Ce dernier est en plus très content de voir que le comité a pu développer au fil du temps un lien fort avec les employés, qui affichaient au départ une certaine méfiance. M. Lafontaine croit que leur approche d’écoute et de désir de comprendre les problématiques est vraiment appréciée. Pour le comité et pour son président, il est important de s’informer sur les différentes réalités vécues par les détenues sans juger. André Lafontaine raconte avoir déjà travaillé en psychiatrie, notamment avec des personnes qui étaient diagnostiquées schizophrènes : « Quand l’une d’elles me parlait, je ne cherchais pas à savoir si elle me disait la vérité ou non, j’essayais de voir son état. C’est un peu pareil en prison. »
Le rôle de bénévole en milieu carcéral requiert une grande ouverture puisque certaines détenues ont des problèmes de santé mentale ou encore des origines ethniques différentes. D’autres développent des relations amoureuses entre femmes ou encore se trouvent dans des processus de changement de sexe. Le CCC doit donc intervenir auprès de toutes ces situations dans le but de faire connaitre les enjeux qui sont associés, en plus de réfléchir à des façons de faire valoir les droits de chacun. En terminant, M. Lafontaine soutient que, comparativement à d’autres établissements, le comité est choyé à Joliette. « Nous sommes vraiment bien organisés. Nous n’avons pas de remèdes à tout, mais nous collaborons avec des gens compétents », informe-t-il avant d’ajouter que cette entraide apporte grandement à l’expérience des bénévoles.
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