24 octobre 2023

Jason Joly - jjoly@medialo.ca

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©Jason Joly - L'Action

Comme plusieurs Joliettains, Lizette Castonguay a vu le sous-sol de sa propriété être inondé à deux reprises en moins d’un an.

Propriétaire d’un triplex sur la rue Manseau, Pascale Chouinard a vu son sous-sol se faire inonder par deux fois en moins d’un an. Alors qu’elle s’était remise des pluies qui se sont infiltrées chez elle en septembre 2022, voilà qu’elle a également dû faire face à celles de juillet 2023. « Ce n’est pas juste une ou deux maisons, ce sont plusieurs dans tout Joliette », remarque-t-elle en ajoutant que de multiples voisins près de son immeuble se sont retrouvés dans la même situation.

Les pluies de cette année ont été exceptionnelles alors qu’Hydro Météo annonçait que plus de 100 mm étaient tombés en très peu de temps le 21 juillet sur Joliette et Notre-Dame-des-Prairies. « L’eau qui a refoulé ne semblait pas provenir des égouts, elle n’était pas sale. Par contre nous avons eu six pouces d’eau et nous avons dû arracher le bas des murs et refaire le plâtre », déplore Mme Chouinard. Cette dernière a observé qu’une part du refoulement provenait d’un tuyau qui descendait du toit jusqu’au sol, dans les drains municipaux.

Lizette Castonguay est, quant à elle, propriétaire d’un bâtiment situé sur la rue du Précieux-Sang. Son sous-sol a d’abord été inondé en septembre 2022. « Ça sentait mauvais, mais nous avons évacué l’eau tout de suite, se rappelle la dame. Le plancher a complètement été refait, comme le plâtre et les plinthes. » Puis, en juillet 2023, l’eau a de nouveau envahi le sous-sol en provenance de la toilette et de la douche. « Nous avons nettoyé de 14 h à 18 h 30, mais les plinthes et le bas du mur venaient d’être changés! » 

Le quartier Sainte-Thérèse n’a pas été épargné non plus. Michel Marcotte était présent lors des inondations du 21 juillet 2023 et a réussi à éviter le problème. « J’avais deux pompes qui fournissaient et je suis parvenu à évacuer l’eau dans la rue. C’est parce que j’étais là et que j’avais mes deux appareils que je n’ai pas été inondé. Mes voisins, par contre, l’ont été », soutient-il.

Problèmes d’assurances

Les inondations n’ont pas que laissé des séquelles dans les maisons. Plusieurs résidents se retrouvent maintenant avec des problèmes au niveau de leurs assurances, certains ayant vu leur prime augmenter alors que d’autres ne sont tout simplement plus couverts pour ce genre de sinistre. Pascale Chouinard a été protégée contre les dégâts occasionnés en septembre 2022, mais lors du renouvellement de ses assurances, la propriétaire a remarqué que la clause des inondations ne faisait plus partie de sa couverture. « L’assurance a fait cela en disant que ça se reproduira toujours tant que la Ville ne fait pas de changements », rapporte-t-elle. Lizette Castonguay a, quant à elle, sursauté en voyant le nouveau montant de ses primes d’assurances. « Mes paiements ont été augmentés de 500 $. Alors, à la deuxième inondation, je n’ai pas fait de déclaration », reconnait-elle. Elle a par la suite fait évaluer les dégâts et les rénovations complètes de sa tuyauterie sont estimées à 40 000 $.

Pascale Chouinard a aussi été mise au courant des travaux coûteux auxquels doivent se conformer certains de ses voisins. Ils ont d’ailleurs dû payer des milliers de dollars en installations de clapets et autres équipements comme recommandé par leurs assurances. Mme Chouinard avait elle-même apporté des changements qui n’ont toutefois pas tenu le coup : « La dernière fois, au mois de juillet, les clapets ont explosé! Si ça se reproduit chaque fois qu’il y a des pluies torrentielles, ça ne marche pas. » Michel Marcotte avait lui aussi fait des modifications pour rendre ses drains plus efficaces. Grâce à son expertise et aux pompes qu’il avait installées, l’eau a pu être contenue, mais les paroles de son plombier sont restées gravées dans sa mémoire. « Il m’a dit que même si on met nos installations aux normes du code du bâtiment, ça ne servira pas à grand-chose si le système de la Ville ne fournit pas », se souvient-il.

Pour le coup, les résidents impactés par les inondations avaient la possibilité de remplir un formulaire envoyé par la Ville pour l’informer des dégâts occasionnés. Avec des photos comme preuves à l’appui, la propriétaire a envoyé la documentation nécessaire : « J’ai contacté la Ville et on m’a répondu qu’elle ne prenait aucune responsabilité ». Du côté de Mme Castonguay, elle n’a reçu aucune réponse à ce jour après avoir envoyé son formulaire.

Des actions imminentes

Le conseil municipal de Joliette a été informé sur de multiples cas similaires concernant les inondations. En entrevue avec L’Action, le maire, Pierre-Luc Bellerose, rappelle que les pluies survenues au cours de l’année étaient exceptionnelles, mais il ajoute qu’il prend à cœur la problématique et que des idées seront mijotées pour éviter ce genre de situations à l’avenir. « Le conseil veut revoir son plan directeur afin de savoir quels seront les investissements à privilégier pour ne pas se retrouver dans une situation comme celles que nous avons vécues durant les dernières années », indique-t-il. Il explique que plusieurs rues du centre-ville et le chemin de la Base-de-Roc ont subi des rénovations dans cette optique. Le quartier Sainte-Thérèse serait également l’un des secteurs à prioriser.

Les élus de Joliette réfléchissent aussi à la possibilité de mettre en place un programme qui aiderait les résidents à rendre leurs installations adéquates : « Dans plusieurs cas, il n’y a pas de clapets ou de drains conformes. Donc nous sommes à voir ce qui pourrait être fait pour accompagner les citoyens. » Le maire souligne que la Ville investit chaque année de 20 à 30 M$ pour la réfection de ses infrastructures et il assure que cet effort continuera. « Nous allons voir pour le bonifier pour éviter de nous retrouver dans une situation instable à cause des changements climatiques. Pour nous, c’est une priorité et dans le prochain budget, nous allons envoyer un signal clair à ce sujet », assure M. Bellerose. Ce dernier informe en outre que l’Union des municipalités du Québec avait fait une demande auprès du gouvernement pour des subventions de plusieurs milliards afin de contrer les effets des changements climatiques. Toutefois, aucun programme de dédommagements n’existe pour l’instant, mis à part des programmes de sécurité publique, disponibles lorsqu’un cours d’eau cause des inondations.

En terminant, le maire tenait à apporter une nuance aux sujets de certaines rumeurs selon lesquelles la densification des quartiers de Joliette exerçait une pression sur les installations. « Tous les nouveaux secteurs viennent avec des bassins de rétention et des infrastructures qui font en sorte qu’on ne se trouvera pas avec cette problématique », précise Pierre-Luc Bellerose. En outre, le conseil municipal planifie la mise en place d’une soirée d’information au cours des prochains mois afin d’expliquer les changements désirés au plan directeur en plus des investissements prévus dans le futur budget.