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28 juin 2023

Jason Joly - jjoly@medialo.ca

Une descente publique qui suscite du mécontentement

Saint-Michel-des-Saints

Descente publique

©Jason Joly - L'Action

Puisque, selon elle, les deux lieux publics n’ont pas été faits de bonne foi, la résidente souhaite continuer à dénoncer la situation.

Des résidents du secteur de la Pointe-Fine se sont unis pour contester un projet de villégiature à Saint-Michel-des-Saints. Alors que ce dernier, pour être admissible, doit se conformer à des conditions imposées par le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles (MERN), les citoyens dénoncent le fait que plusieurs d’entre elles ne semblent pas avoir été respectées.

Cela fait maintenant onze ans qu’une résidente du Chemin de la Pointe-Fine, qui préfère garder l’anonymat par peur de représailles, possède son chalet à Saint-Michel-des-Saints. Avec sa famille, elle en profite pour se ressourcer et profiter d’activités nautiques ou en plein air. Elle a découvert, il y a près de deux ans, qu’un propriétaire sur le Chemin des Érables, une route parallèle à la sienne, avait acheté plusieurs lots sur cette même rue. Puisque les résidents n’ont pas la possibilité d’acheter ces terres qui sont détenues par l’État, elle a décidé de creuser davantage et a déniché plusieurs informations qui l’ont étonnée. Le propriétaire, Michel Rondeau, a pu acquérir ces lots dans le but de les vendre à condition qu’une descente et un stationnement publics soient aménagés. Selon le constat récent de la dame et de ses voisins, cet accès au lac Taureau n’est toujours pas adéquatement accessible.

Un projet sous conditions

Un terrain mesurant plus de 67 000 m² a été mis en vente par la MRC de Matawinie en 2015. Michel Rondeau et sa conjointe ont par la suite approché l’organisation dans le but de proposer leur idée de développer, en deux phases, des sites de villégiature, soit des chalets clé en main ainsi qu’un espace communautaire permettant l’installation de quais. Le projet a été accepté en 2019, mais sous certaines conditions, qui ont été ajoutées par le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles.

Selon la demande d’autorisation transmise par le MERN, dont le Journal a obtenu copie, l’aménagement d’une descente publique fait partie des prérequis. Le document précise d’ailleurs : « Le gouvernement privilégie que les accès aux plans d’eau demeurent publics pour l’ensemble des utilisateurs du parc régional et ne se limitent pas uniquement aux futurs propriétaires du projet des Érables ». Le Ministère ordonne également la construction d’un stationnement avec une aire de 1355 m². L’acte notarié a été signé par M. Rondeau qui a pu commencer ses plans.

D’autres résidents ont été mis au courant de l’initiative en 2013 alors que l’idée a été présentée devant la Table de concertation du lac Taureau. Cette dernière aurait été emballée par le projet selon une autre personne qui habite le secteur: « Moi, je ne l’ai pas trouvé extraordinaire parce qu’il allait se retrouver devant chez moi. » Un troisième citoyen remarque aussi que beaucoup d’étapes du projet ont été faites des années après leur autorisation, sans prendre en compte les nouveaux coûts ou règlements qui pourraient s’appliquer. « C’est vraiment difficile d’aller chercher l’information auprès de la MRC, se désole-t-il. Mais nous faisons cette bataille pour faire valoir le droit de tout le monde ». En 2018, l’Association des propriétaires de la Pointe-Fine a produit une lettre d’opposition qui relatait les « conséquences désastreuses » qu’allaient apporter ce projet. Les terrains sur le Chemin des Érables ont été achetés et l’idée a été acceptée, mais sous certaines conditions découvertes plus tard par la propriétaire du Chemin de la Pointe-Fine.

Cette dernière a voulu vérifier en personne si la descente publique avait bel et bien été réalisée. À sa première visite, l’accès avait été privatisé. Ses voisins et elle-même se sont dit déçus et outrés puisque cette descente publique était très attendue. Actuellement, ils peuvent profiter de leurs embarcations nautiques en se rendant à la plage de la Pointe-Fine, mais ils doivent débourser de l’argent pour la mise à l’eau. Avec la descente du Chemin des Érables, l’accès aurait été gratuit. « J’ai envoyé des lettres à la MRC et à la Municipalité de Saint-Michel-des-Saints en leur disant de faire quelque chose. Ils vendent un terrain en demandant un accès public, mais c’est privé! », remarque-t-elle. La MRC a toutefois réagi et la corde qui bloquait l’accès a été enlevée. Les citoyens notent toutefois que le quai privé construit par le propriétaire empêche la mise à l’eau de leurs embarcations.

Stationnement public

©Jason Joly - L'Action

La résidente remarque que le stationnement, bien qu’il soit aménagé, n’est pas adapté pour accueillir un large public.

Quais privés

En 2021, une servitude de passage a été ajoutée au lot sur lequel se trouve la descente. Michel Rondeau est également parvenu à vendre quelques-uns de ses terrains sur le Chemin des Érables. Les acheteurs se sont vu remettre une convention qu’ils pouvaient signer. La feuille stipule que des quais communs seront construits pour les propriétaires, qui se partageront le tout en parts égales. Tous auront donc le droit d’amarrer un seul bateau.

Questionné sur le sujet, M. Rondeau assure que l’accès n’est pas pour les bateaux : « Ce n’est pas une descente de bateau, c’est un chemin qui permet d’aller en auto jusqu’au bord de l’eau. » Le propriétaire souligne que sa résidence a un quai privé et qu’il souhaitait permettre à ses acheteurs d’avoir le leur également.

Le projet de M. Rondeau en est à sa première phase, mais il en contenait au départ une deuxième qui aurait pu être mise en marche si le propriétaire s’était conformé aux conditions requises. « On a respecté quelques conditions, mais la phase 2, je ne l’aurai pas », reconnait-il. Il ajoute toutefois qu’il ne sait pas si des conséquences seront imposées dans le cas où toutes les conditions ne sont pas remplies. En réponse à cette question, Hélène Fortin, greffière-trésorière adjointe et responsable des communications pour la MRC de Matawinie, a répondu que « si tel est le cas, elle évaluera la situation ».

Impossibilité d’acheter

Un autre point tracasse particulièrement les résidents dans cette affaire, soit la possibilité pour Michel Rondeau d’acheter des terrains. L’un d’eux occupe un chalet sur le Chemin de la Pointe-Fine depuis 2011. Il est propriétaire du bâtiment, mais, à cinq reprises, il a fait des démarches auprès de la MRC et a rempli des formulaires pour acquérir le terrain sur lequel se trouve sa résidence secondaire. La MRC a refusé ses premières demandes et il est en attente depuis deux ans pour sa plus récente. « Je veux donner mon chalet à mes enfants. J’ai investi des milliers dans des rénovations, je ne veux pas le perdre », souligne le résident. En entendant que M. Rondeau avait été en mesure d’acheter le terrain de la MRC de Matawinie, il s’est dit très surpris.

Hélène Fortin explique que le projet a été accepté en suivant deux lignes directrices adoptées en février 2016 par le MERN. Il s’agit des « Lignes directrices relatives à l’encadrement de la vente de terres du domaine de l’État à des fins de villégiature privée, de résidence principale et d’autres fins personnelles » ainsi que des « Lignes directrices relatives à l’encadrement de la vente de terres du domaine de l’État à des fins commerciales, industrielles et autres que personnelles ». Elles ont comme principes de préserver et de mettre en valeur le patrimoine foncier en tant que bien commun, d’éviter le morcellement du territoire public, d’assurer un traitement équitable et transparent des demandes d’achat et de tenir compte des principes de développement durable. « Ces nouvelles lignes directrices ont pour effet de rendre exceptionnelle la vente desdites terres. Le projet de M. Rondeau étant déjà en démarrage depuis 2011, le processus a donc suivi son cours », précise Mme Fortin.

Beaucoup de questions restent en suspens dans cette affaire selon les résidents, qui souhaitent continuer à faire pression pour que la descente et le stationnement soient accessibles à tous sans équivoque. « Je n’en veux pas à M. Rondeau, je ne le connais même pas, déclare la résidente du Chemin de la Pointe-Fine. Je me bats juste pour l’équité. »

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