Une vaste propriété de 88 hectares « protégée pour toujours »

Don d’un terrain privé

©Photo gracieuseté – FiCEL - L'Action

Le lot de près d'un kilomètre carré comprend le lac Long.

Les frères Jean et Réal Baril ont fait don à la Fiducie de conservation des écosystèmes de Lanaudière (FiCEL) d’une propriété de 88,2 hectares par le biais du Programme de dons écologiques d’Environnement et Changement climatique Canada. « Nous sommes contents d’avoir réussi à faire en sorte que d’autres puissent profiter de cette terre pour toujours », confie Jean Baril en entrevue avec L’Action.

Jean Baril et son frère Réal ont acheté la propriété il y a 20 ans, lors du démantèlement de la pourvoirie La Détente. « Nous avons acheté le lot comprenant le lac Long, un terrain de près d’un kilomètre carré qui chevauche Saint-Côme et Chertsey. C’est un petit paradis et depuis deux ans, nous y résidons à temps plein. »

Jean Baril explique que la réflexion quant au don du terrain leur est venue en observant tout ce qui se passe au niveau du développement immobilier et la vente de terrains voisins à des promoteurs. « Nous avons une chance incroyable et on s’est demandé si les générations futures pourraient également en profiter. Il y a vraiment une pression de développer les milieux qui sont encore naturels et qui sont situés à proximité des grands centres et les lois et les règles municipales ne sont pas toujours faites pour favoriser la conservation. »

Depuis vingt ans, des travaux fauniques et d’aménagements ont été réalisés sur le site. De son côté, Jean Baril, qui est militant écologiste de longue date, explique que le geste de donner ce milieu sauvage à perpétuité se veut concret et significatif.

« Je connaissais Michel Leboeuf, le directeur général de la FiCEL, et j’ai vu aller son évolution. On a constaté qu’il s’agissait d’un organisme sérieux à qui on pouvait envisager de donner le terrain. »

Le voisin de la terre des Baril est le Parc régional de la Forêt Ouareau, qui est lui-même également voisin d’un autre site protégé. « Au niveau de la biodiversité, ça fait du sens pour la Fiducie de recevoir ce patrimoine, c’est important de créer de vastes corridors de conservation. »

Jean Baril souligne que lui et son frère n’ont jamais eu une once d’hésitation, même si la terre aurait pu valoir beaucoup et qu’ils ont déjà été approchés par le passé. « On s’est dit que ce n’est pas l’argent qui allait dicter ce qu’on allait faire avec cette terre. On n’a jamais voulu changer la vocation du terrain et même qu’on veut aider des organismes de conservation et mettre de l’avant les options comme celle de faire des dons. On espère que ce geste incitera d’autres personnes à faire de même. Il y a plein de modalités possibles et on voulait faire connaître ces possibilités. C’est une obligation éthique d’y penser à plus d’une fois avant de vendre des terres sauvages. »

Lorsqu’un don est réalisé à la Fiducie, il y a tout un inventaire qui est réalisé. Onze communautés végétales principales ont été identifiées sur la propriété, dont des érablières matures, des peuplements de bouleaux jaunes et des marécages arborescents dominés par le frêne noir. Cet arbre, Fraxinus nigra, a été ajouté à la liste des espèces menacées au Canada par le Comité sur la situation des espèces en péril en 2018.

Aussi, pas moins de 87 espèces animales ont été notées sur les lieux, dont des espèces en péril comme la petite chauve-souris brune (en voie de disparition au Canada), la paruline du Canada (espèce préoccupante au Canada et jugée susceptible d’être désignée vulnérable ou menacée au Québec), le pioui de l’Est (espèce préoccupante au Canada) ou la grenouille des marais (susceptible d’être désignée vulnérable ou menacée au Québec).

Jean Baril confie avoir été très surpris de découvrir toute la biodiversité qui s’y trouve, dont la présence des chauves-souris qui sont beaucoup moins visibles qu’il y a vingt ans. « On n’avait aucune idée…ça montre toute la valeur écologique du territoire et la santé de l’écosystème. »

M. Baril témoigne qu’il aime l’idée de devenir, en collaboration avec la FiCEL, gardien du territoire.

La propriété a été nommée la « Forêt des Baril ». Jean Baril explique que son père, son grand-père et ses oncles ont tous été des travailleurs forestiers alors il s’agit d’un retour du balancier. « La forêt va être conservée en hommage à nos ancêtres! »

De son côté, Réjean Dumas, biologiste et fiduciaire au sein de la FiCEL, déclare : « Atteindre 30% d’aires protégées, à l’échelle mondiale ou à celle de notre région, est l’un des objectifs phares de l’accord signé lors de la COP15 à Montréal en décembre dernier. La «Forêt des Baril» est un ajout d’importance au patrimoine actuel de la Fiducie. Elle a une belle diversité biologique en raison de sa topographie accidentée, de sa taille et de la présence d’un lac naturel en son sein. »

La conservation de cette propriété a été rendue possible en partie grâce au programme « Protéger les habitats fauniques – volet I Protection » de la Fondation de la faune du Québec et a bénéficié du soutien financier du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, par l’intermédiaire du Projet de partenariat pour les milieux naturels. Rappelons que le programme de la Fondation a pour objectif de soutenir les initiatives de protection des habitats à haute valeur faunique par la conclusion d’ententes de conservation ayant une portée juridique avec des propriétaires de terres privées. Ce projet a aussi été réalisé avec l'appui financier du gouvernement du Canada agissant par l'entremise du ministère fédéral de l'Environnement et du Changement climatique.

Les frères Réal et Jean Baril ont annoncé le don en présence de partenaires.

Commentaires

7 juin 2023

Jean-Pierre Malo

C’est qui sur la photo les frères Baril et leurs “partenaires? Mauvaise légende qui ne révèle rien.

9 juin 2023

Gabriel Bouchard

Quel beau geste des frères Baril.