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07 juin 2023

Jason Joly - jjoly@medialo.ca

Le dialogue est ce qui est le plus important selon la présidente de la FTQ

Syndicat

Magali Picard

©Jason Joly - L'Action

La présidente de la FTQ, Magalie Picard, veut travailler pour redonner ses lettres de noblesse au syndicalisme.

La Chambre de commerce du Grand Joliette a terminé sa saison de diners-conférences en beauté, le 5 juin, avec la venue de Magali Picard. Cette dernière a résumé son parcours et les batailles qu’elle a livrées avant d’être élue comme première femme autochtone à la présidence de la FTQ, en plus de réitérer la pertinence d'un syndicat pour soutenir les travailleurs.

Alors qu’elle participait à son premier diner-conférence organisé par une chambre de commerce dans le cadre de son nouveau poste, Mme Picard a reconnu que pour créer un monde plus prospère, plusieurs acteurs sont importants. « Nous avons besoin de gens comme vous, a-t-elle déclaré en direction des entrepreneurs et élus du public. Nous avons besoin de personnes qui prennent des risques et qui gèrent nos services publics. Tout cela se rejoint dans le dialogue social. »

Entrée dans le monde syndical

Pour appuyer ses propos et son désir de se battre pour un monde meilleur, la présidente a résumé un moment particulier de son enfance qui l’a convaincue de se battre contre les injustices. Magali Picard est d’origine wendat. Alors qu’elle était adolescente, elle a appris avec stupéfaction que ses neuf tantes étaient contraintes de vivre aux abords du village de Wendake et a questionné son père sur le sujet. « Nous sommes en 1982. Alors mon père me répond que c’est parce que ses sœurs ont marié des hommes blancs. Quand tu maries un homme blanc, tu perds ta citoyenneté », se rappelle-t-elle. Toutefois, lorsqu’un homme wendat marie une femme blanche, celle-ci acquiert sa citoyenneté. « Ç’a été mon premier choc à 12 ans de réaliser que parce que j’étais une femme, mes droits étaient différents », indique Mme Picard.

Cette situation l’a poussée à accompagner ses tantes dans des manifestations devant le Parlement à Ottawa. « À 12 ans et demi, je peux vous dire que j’avais l’impression que je n’allais plus jamais revenir! », plaisante la présidente, qui ajoute toutefois que ça ne l'a pas empêchée de retourner manifester durant les mois suivants. Puis, en 1986, la Loi sur les Indiens a été modifiée et a permis aux femmes wendates, comme les tantes de Magali Picard, de revenir vivre au sein de leur communauté. « Pour une jeune fille, d’apprendre que si l’on ne reste pas silencieux, si on dénonce, si on reste droit et si on le fait dans le respect, on est capable de changer une loi qui est là depuis plus de 100 ans, ç’a beaucoup d’impact », déclare-t-elle.

C’est lors d’un emploi au sein du gouvernement que Magali Picard a été introduite au syndicalisme. En 1990, elle avoue qu’elle ne connaissait pas beaucoup ce qu’était un syndicat, mais avec ses interventions et les questions qu’elle posait, elle a rapidement été qualifiée de syndicaliste par ses collègues. « Ce que je connaissais des syndicats n’était pas très attirant à cette époque. Ça représentait les paresseux et les gens qui ont des problèmes de discipline ! », dit-elle en se souvenant des rumeurs du temps. Elle a tout de même participé à des réunions syndicales et a rapidement eu la piqûre. Elle est consciente qu’une association de ce genre a comme tâche de renvoyer les membres qui ont un manque au niveau du rendement, mais l’une des raisons d’être des syndicats est aussi de défendre l’équité, la diversité et les moins bien nantis. Mme Picard apprécie le fait que les syndicats peuvent parvenir à faire écouter les demandes ou les suggestions des travailleurs aux employeurs. « Je crois sincèrement que le dialogue est ce qui est le plus important », mentionne la présidente de la FTQ qui ajoute que d’avoir un équilibre dans les relations de travail l’est tout autant.

Regagner l’intérêt des membres

Magali Picard a donc accepté son poste afin de défendre les membres, mais aussi pour rappeler l’importance des syndicats. Elle dit avoir souvent été confrontée à des employeurs qui ne reconnaissent pas l’intérêt de faire affaire avec un syndicat, mais elle rencontre aussi des membres qui deviennent de plus en plus démotivés à payer pour ce service. La FTQ s’est d’ailleurs rendu compte qu’elle avait négligé ses syndiqués en ne leur rendant pas assez souvent visite. « Quand on leur parle, c’est parce que ça ne va pas bien! […] Alors en 2023, il y a des travailleurs qui ne comprennent pas pourquoi ils paient des cotisations syndicales. »

Pour répondre à ce scepticisme, Mme Picard a partagé une situation qui s’est produite à Détroit en 2010. Cette ville était à l’époque la quatrième plus riche du pays grâce à ses usines d’automobiles. Puis, le choix a été donné aux travailleurs de refuser de payer leurs cotisations syndicales. Ainsi, la moitié des employés ont décidé de cesser ces paiements. « Mais le syndicat est obligé de représenter tout le monde. Si je paie et que mon voisin ne paie pas alors que nous avons les mêmes conditions et le même contrat, je finis par me tanner », admet la présidente. Des syndicats ont donc fermé leur porte, ce qui a contraint les entreprises à changer leurs conditions de travail. À la suite de cette situation, en 2016, la ville de Détroit a fait faillite. Selon Magali Picard, cet exemple prouve que les organisations syndicales ont leur importance : « C’est ça l’équilibre. Vous avez besoin de bons travailleurs et ceux-ci ont besoin de bonnes conditions d’emploi. »

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