Actualités
Retour10 mai 2023
Élise Brouillette - ebrouillette@medialo.ca
La pire crue en 50 ans
Inondations

©Photo gracieuseté - L'Action
Des chemins ont été coupés en deux par la force de l’eau à Rawdon.
Les importantes quantités de neige tombées cet hiver jumelées à des épisodes de précipitations torrentielles ont entraîné des inondations majeures dans le nord de Lanaudière. Ces dernières ont affecté des dizaines de routes et des centaines de résidences en plus de causer la fermeture complète de la route 131 entre Sainte-Émélie-de-l’Énergie et Saint-Michel-des-Saints. Tous s’entendent pour dire qu’il s’agit de la plus forte crue des 50 dernières années.
La situation était préoccupante au point où des municipalités telles que Chertsey, Saint-Côme et Sainte-Émélie-de-l’Énergie ont déclaré l’état d’urgence, le 1er mai.
Du côté de Sainte-Émélie-de-l’Énergie, des dizaines de routes et de chemins ont été barrés et des résidents évacués. Un centre d’aide et de soutien a d’ailleurs été aménagé au sein de l’église pour aider les sinistrés.
En entrevue avec L’Action le mardi 2 mai, le maire de la Municipalité, Martin Héroux, comptait une vingtaine de routes fermées ou affectées par les inondations. Le barrage de la Crique à David a également cédé en raison d’un glissement de terrain.
Plusieurs bris de chemins étaient à déplorer et c’est ce qui a poussé Sainte-Émélie-de-l’Énergie à déclarer l’état d’urgence. « Des personnes se retrouvaient isolées et il leur était difficile d’avoir accès à du secours », informe M. Héroux, en disant que certains résidents ont dû être évacués avec l’aide de canots de sauvetage.
La route 131 a d’ailleurs été fermée toute la semaine dernière entre Sainte-Émélie-de-l’Énergie et Saint-Michel-des-Saints. Avant de procéder à sa réouverture, le ministère des Transports devait attendre que le niveau de l’eau descende suffisamment pour qu’il puisse bien inspecter le tronçon touché.
Selon les estimations du maire Martin Héroux, ce sont 300 résidences qui ont été affectées par les inondations. « À ma connaissance, cela fait plus de 50 ans que ce n’était pas arrivé. Nous avons connu un embâcle il y a deux ou trois ans, mais rien de tel », reconnait-il.
Évacuation et routes coupées
Du côté de Saint-Côme, plusieurs secteurs ont fait l’objet d’avis d’évacuation, dont le Domaine Beaudry, une section du Rang 7 et le Domaine du Lac France. En raison des fortes pluies, plusieurs routes ont été endommagées et menaçaient de céder.
Au cours des dernières semaines, la Municipalité de Chertsey avait déjà été touchée par les crues printanières. Le chemin du lac Beaulne a été coupé en deux et le barrage du lac d’Argent a également cédé. Les pluies du 1er mai n’ont fait qu’aggraver la situation.
Le mercredi 3 mai, la situation était d’ailleurs très problématique autour du pont du lac Brûlé qui menaçait de céder. En raison de tous les débordements d’eau dans les rues, la Municipalité de Chertsey a déclaré l’état d’urgence le 1er mai. « On avait près de 25 rues problématiques avec des risques d’affaissement. L’eau débordait de partout. On voulait assurer la sécurité des citoyens », a expliqué la mairesse Michelle Joly.
En entrevue avec L’Action, le maire de Rawdon, Raymond Rougeau, a également confié qu’en 37 ans, il n’avait jamais vu un niveau d’eau aussi élevé.
Le débit au barrage du lac Pontbriand a atteint des seuils record et la rue St-Patrick a été inondée. Des employés de la station de pompage ont même été évacués à l’aide d’une embarcation nautique. Les résidents du secteur ont aussi été invités à quitter leur domicile.
Ailleurs dans la municipalité, deux rues ont été sectionnées, soit le chemin du Lac-Morgan et le chemin Vincent-Massey. Le chemin du Lac-Morgan a pu être rouvert à la circulation et une rencontre était prévue pour la situation du chemin Vincent-Massey. « Le débit d’eau a été trop fort pour le ponceau. C’est vraiment la pression exercée sur le chemin qui a causé la situation. »
Inévitablement, les débits d’eau en provenance du nord ont fini par avoir des répercussions dans le Grand Joliette. L’eau s’est notamment répandue dans certains secteurs, dont ceux du Château Joliette et du Club de golf Base de Roc.
À Saint-Charles-Borromée, la rivière est sortie de son lit dans le secteur Sainte-Adèle et un avis d’évacuation a été donné aux résidents. Un centre d’aide a aussi été ouvert.
Certains citoyens ont affirmé sur les réseaux sociaux n’avoir jamais vu la rivière L’Assomption aussi déchaînée de leur vie.
Mieux prévoir
Selon le président d’Hydro-Météo, Pierre Corbin, les rivières L’Assomption, Ouareau et Noire sont celles qui causent le plus d’inondations. Une quantité de 40 à 60 mm de pluie est tombée sur la région durant les derniers jours. Hydro-Météo prévient qu’avec la nappe phréatique qui était gorgée d'eau, les risques de glissements de terrain étaient grands. « Notre dernière prévision pour la rivière L'Assomption montre, pour la première fois en 30 ans, un débit supérieur à 310 m³/s en eau libre », indique M. Corbin.
Concernant le nord de Lanaudière, ce secteur de la région connait habituellement un bon lot de pluie, mais le président reconnait qu’il s’agissait du pire moment pour avoir cette quantité d’eau : « Le timing n’était pas bon. Avec la fonte de la neige, les bassins étaient déjà saturés ».
Sur les réseaux sociaux, Pierre Corbin a affirmé qu’il s’agissait du troisième plus gros hiver en termes de neige depuis 113 ans, ce qui allait paver la voie aux trois crues majeures qui ont eu lieu sur une période de 12 jours et à celle qui s’avère la plus forte crue des 53 dernières années.
Hydro-Météo compte lancer de nouveaux outils prévisionnels afin de changer la manière de se préparer à ce type d’événements météorologiques.
Commentaires