Audrey Talbot replonge au cœur de l’accident qui a failli lui coûter la vie

Dans le théâtre Corps titan

©Photo gracieuseté - Valérie Remise - L'Action

Dans Corps titan, Audrey Talbot joue sa propre histoire.

L’autrice et comédienne Audrey Talbot était récemment de passage au Carrefour culturel de Notre-Dame-des-Prairies afin de parler du processus de création derrière sa pièce Corps titan (titre de survie). « On fait ressortir la lumière des épreuves qu’on doit traverser dans la vie », a-t-elle confié à propos de ce spectacle.

Au sein du théâtre Corps titan, dont le texte est signé par Audrey Talbot, l’interprète joue son propre rôle et sa propre histoire sur scène.

Le 28 mai 2013, alors qu’elle se rend à vélo à une répétition de théâtre, Audrey Talbot est frappée par un camion poids lourd. Son corps est broyé en une fraction de seconde, mais elle survit grâce à une suite miraculeuse de circonstances et un travail acharné. Le théâtre lui permet de revenir sur son périple surréel vers la renaissance.

En entrevue avec L’Action, Audrey Talbot raconte qu’elle n’a aucun souvenir de l’accident, c’est pourquoi elle a ressenti le besoin de rencontrer les gens qui sont intervenus lors du tragique événement.

« Mon dernier souvenir remonte à la veille de l’accident. Je ne me souviens même pas de l’état dans lequel je me suis couchée ou levée le matin. Il me manquait un grand bout de l’histoire et je voulais combler les manques. Je voulais aussi rencontrer ceux qui ont fait en sorte que je suis encore là. »

Audrey Talbot est ainsi allée à la rencontre des ambulanciers, des premiers répondants, ainsi que du personnel de l’hôpital et du centre de réadaptation qui l’ont sauvée et lui ont permis de vivre. Elle souligne que lorsqu’elle a rencontré les ambulanciers qui sont intervenus au moment de l’accident, même si elle ne les connaissait pas, étrangement, elle a ressenti un grand sentiment d’intimité envers eux. « Ça montre toute la solidarité qu’il y a quand on fait renaître quelqu’un et ça m’a donné le goût d’aller rencontrer d’autres intervenants. »

Des gens ont commencé à suggérer à Audrey Talbot d’écrire une pièce de théâtre au sujet de ce qui lui est arrivé. Au départ, elle n’en voyait pas la pertinence, mais, petit à petit, l’idée s’est mise à prendre tout son sens.

« Dès les premières rencontres, j’avais commencé à écrire et lorsqu’une fenêtre d’opportunité s’est ouverte pour la création, j’ai saisi cette chance. On a signé pour la pièce deux mois avant que tout ne ferme en raison de la pandémie. Ainsi, à cause des mesures sanitaires, on a donné des représentations pour 40 personnes, à 16 h en plein après-midi. »

Pour cette création, l’autrice s’est entourée de collaborateurs avec qui elle nourrissait des liens de proximité, dont Philippe Cyr avec qui elle avait travaillé pour le IShow. « J’allais justement le rejoindre le matin de l’accident, alors cet événement a aussi eu un impact dans sa vie. »

Audrey Talbot souhaitait également joindre des interprètes versatiles au projet, puisque chacun est appelé à jouer plusieurs personnages. « Frédéric Ducharme est comme un frère dans ma vie. C’était important qu’il soit du spectacle. De son côté, Leni Parker est une grande comédienne et elle apporte une couleur différente au spectacle. Papy Maurice Mbwiti, en raison de sa culture, amène un autre regard sur la mort et le rapport au corps. Finalement, je connaissais Catherine Larochelle comme interprète, mais aussi comme massothérapeute. Elle connaît très bien mon corps pour l’avoir massé avant et après l’accident. »

La pièce de théâtre permet à la Audrey Talbot d’aujourd’hui de poser un regard sur qui elle était. La création met aussi de l’avant à quel point les membres du personnel des hôpitaux et des centres de réadaptation finissent par devenir une famille pour les patients.

Un sujet qui touche le public

Pour l’autrice et interprète, avoir donné naissance à ce théâtre est une façon de nommer ce qu’elle a vécu, de le démystifier et de s’en délester tranquillement. « On ne sait jamais ce qui nous attend dans la vie. »

Les rencontres avec le public, après les représentations, lui démontrent que le sujet trouve aussi écho chez les spectateurs. Elle reçoit d’ailleurs de nombreuses confidences. « Avec ce spectacle, on fait ressortir la lumière des épreuves qu’on doit traverser dans la vie. »

Les différents intervenants qu’Audrey Talbot a rencontrés au début de sa démarche ont été invités à assister à la pièce de théâtre et elle souligne que ce fut formidable. « Plusieurs d’entre eux n’étaient jamais venus au théâtre. Ils se reconnaissaient même si leur nom n’est pas nommé. Ils étaient aussi heureux que leur milieu existe sur scène et soit reconnu. Ils me disent que le fait que je sois là donne un sens à leur travail… »

La pièce Corps titan a entamé une tournée du Québec en octobre dernier et Audrey Talbot apprécie particulièrement le fait d’aller vers différents publics qui ont des goûts qui ne sont pas les mêmes. « Les spectateurs connaissent le théâtre, mais à des degrés différents. Il y en a qui prennent la chance de venir et d’essayer et c’est agréable à voir. »

En terminant, la comédienne a dévoilé qu’elle nourrit un nouveau projet avec la compagnie de théâtre Joe Jack et John qui travaille avec des artistes neurodivergents. « Le projet est en chantier, mais les détails seront dévoilés prochainement! »

Au moment de son entrevue avec L’Action, Audrey Talbot s’apprêtait à prendre part à l’Envers du décor, des entrevues devant public initiées par le Centre culturel Desjardins en marge de la présentation des spectacles de théâtre dans le but de démystifier le processus de création. « Je trouve ça très intéressant de venir parler de création et ça peut donner envie aux gens de choisir un spectacle! »

La pièce Corps titans (titre de survie) sera présentée le 3 décembre au Centre culturel Desjardins. Informations : www.spectaclesjoliette.com.

Audrey Talbot lors de son passage au Carrefour culturel de Notre-Dame-des-Prairies. Elle est accompagnée de Julyann Bénard, agente aux communications et marketing au Centre culturel Desjardins.

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