02 février 2022

Jason Joly - jjoly@medialo.ca

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©Jason Joly - L'Action

« En ce moment, je suis inquiet, parce que le problème n’a jamais été aussi sérieux » - Charles Chénier, directeur général de la Manne quotidienne.

M. Chénier indique que cette urgence a commencé à se faire sentir vers la mi-octobre 2021. Il est tout de même parvenu à maitriser la situation : « Ça nous a d’abord inquiétés, mais nous avons réussi à faire avec ». L’arrivée du temps des Fêtes et des dons reçus durant la guignolée ont permis à la Manne quotidienne de remplir ses provisions.

À la fin de cette période d’abondance, le manque d’aliments était flagrant, d’autant plus que le nombre de personnes visitant les banques alimentaires était en constante augmentation. « Avec l’arrivée d’Omicron, nous avons eu une montée jamais vue d’affluence. Nous n’avons plus aucune réserve depuis deux semaines! », souligne Charles Chénier. L’organisme Moisson Lanaudière, qui fournit environ 15 % de l’approvisionnement total de la Manne, a également été surpris de constater une stagnation au niveau de la demande. « Nous nous attendions à une baisse avec la fin des différentes vagues, mais, avec l'arrivée d'Omicron, la demande a réapparu », reconnait Céline Gauthier, directrice générale de l’organisme.

Celle-ci ajoute que le gouvernement du Québec apporte son aide aux Moissons de toutes les régions sous forme de denrées. Toutefois, Mme Gauthier admet que les besoins des organismes comme ceux de la Manne quotidienne sont grandissants. « Mais nous réussissons tant bien que mal à fournir ce qu’il faut pour chaque organisme », assure-t-elle.

Réévaluer la demande

Comme plusieurs autres organismes lanaudois, la Manne reçoit plusieurs denrées de la part de Moisson Lanaudière. Les autres fournisseurs de l’organisme joliettain sont principalement des commerçants de la région comme des épiceries ou des agriculteurs. Charles Chénier dit ne pas avoir de problème à recevoir des légumes du terroir, mais précise que d’autres variétés de légumes et de fruits peuvent être plus compliquées à acquérir. Toutefois, c’est au niveau des denrées non périssables que la situation se corse, puisque, selon M. Chénier, elles sont presque inexistantes.

Pour Moisson Lanaudière, l’approvisionnement en aliments frais comme des légumes, des fruits, de la viande ou des produits laitiers n’est pas un souci. Céline Gauthier indique que des caisses d’aliments sont envoyées à chaque semaine aux organismes, dont la Manne quotidienne. Mais, comme son directeur, elle remarque que les conserves de nourriture sont très demandées par la clientèle, ce qui leur manque parfois : « Nous n’en avons pas autant que nous le voudrions. »

Pour trouver des solutions au problème, M. Chénier et Mme Gauthier ont discuté ensemble. Cette dernière a compris que le nombre de bénéficiaires de l’organisme avait grandement augmenté et qu’il ne parvenait donc plus à subvenir à la demande. « Nous allons faire une réévaluation du profil de la Manne pour satisfaire aux besoins. Elle fait partie de nos gros distributeurs et nous sommes très sensibles à cela. Si un organisme nous dit qu’il n’a pas assez de denrées, nous allons réanalyser la situation », promet-elle. 

À la suite de cet entretien, Charles Chénier avoue que ses inquiétudes ne se sont pas vraiment dissipées : « Moisson Lanaudière va faire son possible. Si, à la fin de la semaine, elle a des surplus d’approvisionnement, elle va les déverser dans la Manne, mais, sinon, notre situation ne changera pas ». Il a tout de même été rassuré d’entendre que des dons spéciaux, comme des produits laitiers ou des œufs, lui seront envoyés pour le mois de février. « Mais dans l’immédiat, la situation reste problématique », reconnait-il.

©Jason Joly - L'Action

Les problèmes d’approvisionnement se font sentir à la Manne quotidienne qui peine à subvenir aux besoins de ses bénéficiaires.

Mille personnes par semaine

Depuis un certain temps, le directeur général de la Manne quotidienne remarque que l’inflation incite beaucoup de travailleurs à bénéficier de l’aide des banques alimentaires. Il estime qu’il doit dorénavant servir 1000 bénéficiaires par semaine et que les personnes dotées d’un emploi représentent maintenant près de 20 % des inscriptions à son service. « Avec la montée du coût de l’épicerie, ils ne sont plus capables d’en faire une qui nourrit toute la famille », souligne M. Chénier. Par manque de provisions, l’organisme a du mal à distribuer de la nourriture à tout le monde, mais les bénéficiaires font preuve de compréhension. « Ils ne sont pas inquiets parce qu’ils savent que la Manne se relève tout le temps malgré les difficultés. Mais en ce moment, je suis inquiet, parce que le problème n’a jamais été aussi sérieux », avoue Charles Chénier.

Pour l’instant, afin de subvenir aux besoins de sa clientèle, ce dernier a dû faire appel à d’autres organismes comme Provision Compassion Rawdon qui a apporté son aide. « Ils ont vidé une partie de leur surplus pour nous la donner », mentionne le directeur, reconnaissant. Il ajoute que Costco, l’un des fournisseurs de l’organisme, a également fait un don spécial en œufs.

La Manne quotidienne produit aussi des repas pour les résidents d’Hébergement urgence Lanaudière (HUL). Pour l’instant, Charles Chénier parvient à livrer les plats comme demandé, mais il se soucie de voir ces problèmes d’approvisionnement avoir des impacts sur l’HUL et sur les personnes fréquentant l’établissement, qui sont principalement en situation d’itinérance. Il souhaite donc sensibiliser la population à sa situation. Il invite les Lanaudois à donner généreusement à la Manne quotidienne tous les produits dont ils veulent se débarrasser plutôt que de les jeter à la poubelle. Pour toutes questions, appelez au 450 755-6078 ou écrivez à l’adresse courriel mannequotidienne@hotmail.com.