Les activités du Club de tir à l’arc de Joliette menacées

Un conflit avec la Ville en est à l’origine

©Photo L'Action - Mélissa Blouin

La Ville de Joliette craint pour la sécurité des usagers de la piste cyclable qui se trouve à proximité du site de tir.

SÉCURITÉ. Les administrateurs du Club de tir à l’arc de Joliette ont reçu une véritable douche froide l’hiver dernier, alors que la Ville de Joliette les a sommés d’adhérer à la Fédération de tir à l’arc du Québec, sans quoi le Club serait contraint de mettre fin à ses activités se déroulant au 1501, boulevard Base-de-Roc.

Depuis 1958, nombre de citoyens de la région y pratiquent le tir à l’arc récréatif ou y apprennent les rudiments de la chasse à l’arc, et ce, sans anicroche. Or, la Ville de Joliette craint aujourd’hui qu’il n’y ait des failles quant à l’aspect sécuritaire du site. « L’affluence aux abords du terrain a beaucoup augmenté dans les dernières années. Il est du devoir de la Ville d’assurer la sécurité des citoyens », fait-on savoir. En adhérant à la Fédération de tir à l’arc du Québec, le Club de tir à l’arc de Joliette pourrait obtenir une évaluation du terrain et un certificat de conformité si les installations répondent aux normes de sécurité.

La demande inopinée de la Ville fait toutefois sourciller les administrateurs qui assurent que tout est déjà mis en œuvre pour veiller à la sécurité de tous. « La signalisation est claire. Il y a des pancartes en vue indiquant qu’il y a une zone de tir à proximité. Si les gens respectent cette signalisation, il n’y a aucun problème », targue Luc Lafortune, l’un des administrateurs. De plus, il précise qu’aucun incident compromettant la sécurité des passants n’est survenu depuis que le Club est en activité. Aucune flèche n’est d’ailleurs tirée en direction de la piste cyclable et du sentier pédestre. « Lorsque la piste cyclable a été aménagée, nous avons entièrement inversé le terrain », souligne M. Lafortune.

©Photo L'Action - Mélissa Blouin

Le tir à l'arc récréatif est essentiellement pratiqué au Club de Joliette.

Sans enjeu réel pour la sécurité d’une part, les administrateurs s’expliquent mal la requête de la Ville. Plus qu’une simple formalité, l’adhésion à la Fédération entrainerait d’autre part d’importants enjeux administratifs et financiers pour le Club de tir à l’arc. Luc Lafortune explique que la carte de membre familiale donnant accès au terrain pour l’année est vendue à 85 $ en ce moment. Après vérification, le même abonnement devrait être détaillé à 215 $ pour absorber les frais excédentaires après une filiation à la Fédération québécoise. « Nous sommes un organisme sans but lucratif. Nous amassons des fonds juste pour maintenir le club. » L’administration craint aussi que l’importante flambée du prix rebute beaucoup d’adhérents. Sans compter l’investissement en termes de temps qui se verrait décupler. « Plusieurs membres de l’équipe se font vieillissants, ils s’impliquent bénévolement, par passion. L’adhésion à la Fédération impliquerait beaucoup de gestion et de paperasse », déplore M. Lafortune.

©Photo L'Action - Mélissa Blouin

Les bénévoles offrent de la formation aux chasseurs à l'arc avec un parcours de pratique spécialement dédié.

Décision crève-cœur

Pour l’administrateur, il est évident que la filiation à la Fédération de tir à l’arc du Québec n’apporterait pas ou bien peu de bénéfices pour les difficultés qu’elle engendrerait. La Ville de Joliette précise toutefois que du soutien dans les démarches d’adhésion a été offert au Club de tir à l’arc de Joliette. « Ce n’était pas l’aide que nous attendions », rétorque toutefois Luc Lafortune. Lors de négociations avec l’administration municipale, le Club aurait accepté de se conformer à la demande, si la Ville acceptait de prendre en charge la demande et la gestion découlant de la filiation. La Ville assure quant à elle qu’il lui ait impossible d’acquiescer à la demande.

« C’est curieux que le gouvernement annonce un paquet d’investissements dans la région pour faire bouger les gens et que de l’autre côté, la Ville nous demande de fermer. C’est ça notre mission » lance Luc Lafortune, dans un cri du cœur. Si l’équipe du Club de tir à l’arc de Joliette est toujours animée par le désir de répandre sa passion pour le sport de précision, elle ne peut concevoir de continuer au prix de la santé des bénévoles et de l’accessibilité restreinte aux membres en raison des coûts.

Selon M. Lafortune, les deux parties n’en sont toujours pas parvenues à une entente. L’ultimatum avait été fixé au 15 avril. À ce jour, les détenteurs d’une carte de membre ont toujours accès au terrain. Face à l’incertitude, le Club de tir à l’arc a néanmoins suspendu l’émission de cartes jusqu’à ce que le dossier soit réglé. Sans alternative, le Club demande à la Ville, à tout le moins, d’honorer l’entente entre les deux parties qui permet au Club de tir à l’arc d’utiliser le terrain pour tenir ses activités jusqu’à la fin de l’année.

Le Club de tir à l’arc de Joliette a été fondé en 1958 sous le nom de Club des archers.

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