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07 décembre 2020

Petit village, grands projets

Reportage

Par Marianne Lavallée

3200 habitants, quelques commerces, une école minuscule et une superficie d’à peine 100 km2, dont la majorité est occupée par des lacs : c’est Saint-Alphonse-Rodriguez, un petit village au cœur de la Matawinie qui est, malgré les apparences, tout sauf banal.  Parce que, aussi surprenant que ça puisse paraitre, Saint-Alphonse est un lieu à la culture effervescente, en expansion. D’un spectacle de Gilles Vigneault à des sentiers multifonctionnels, en passant par des cours de swing et de danse africaine, le village a trouvé la clé pour faire vivre la culture en région.

Depuis 2019, Saint-Alphonse possède une politique culturelle constituée d’objectifs clairs qui ont permis au village de structurer son plan d’action pour obtenir des subventions. « Se doter d’une politique culturelle, c’est la première chose à faire », établit Hélène Bombardier, coordonnatrice de la culture et de la bibliothèque, « parce que ça implique une réflexion et un engagement de la part des élus, et, par après, du ministère de la Culture. C’est un levier, en fait. » C’est par l’établissement d’une politique culturelle qu’un village reconnait l’importance de la culture dans sa municipalité.

Le développement en milieu rural, c’est tout de même un défi, la culture étant depuis longtemps majoritairement concentrée dans les villes. « Le financement, c’est la partie la plus difficile quand on veut développer la culture en région, car, pour que ça fonctionne, ça prend une volonté politique d’investir à la fois des ressources humaines et matérielles, et donc une équipe motivée », explique Isabelle Perreault, mairesse du village. « C’est sûr que s’il y a douze employés à l’hôtel de ville, nous n’aurons pas beaucoup de ressources. Nous dépendons des subventions du ministère, plus que les villes », ajoute Hélène Bombardier.

Les municipalités doivent donc définir la culture comme une branche permanente qui persistera même si une nouvelle équipe d’élus prend le relai.  « Il faut donner une orientation culturelle à l’administration. En culture, il y a souvent beaucoup de bénévoles. Mais, il faut créer un poste permanent pour la développer. Ça peut faire la différence », affirme Mireille Asselin, conseillère municipale. C’est ce nouveau poste permanent qu’occupe Hélène Bombardier, qui a dévoué beaucoup de temps à la consolidation de la politique culturelle.

Car, l’ancrage de la culture dans une municipalité peut être long. Certains villages n’ont pas la volonté pour le faire. Déjà, le processus de l’établissement d’une politique culturelle demande du temps. « Pour construire une politique à l’image des citoyens, il faut faire des consultations publiques », précise Hélène Bombardier, « et, en plus, les petites municipalités comme la nôtre n’ont pas nécessairement l’expérience pour le faire efficacement. Il faut engager des conseillers, ou travailler avec Culture Lanaudière. »

Mais, l’investissement en vaut la peine. Grâce à sa politique culturelle, Saint-Alphonse rencontre de nouvelles opportunités. « Quand on y met de l’énergie, on fait des ententes, on reçoit des subventions. Le ministère de la Culture nous a interpellés cette année pour doubler sa participation dans le financement de nos projets, sans qu’on fasse de demande! Nous recevons maintenant deux dollars pour chaque dollar investi. J’imagine que, parce que d’autres municipalités n’ont pas pris d’entente culturelle, le ministère peut se permettre de nous donner plus d’argent. Nous sommes intéressés par la culture, donc la culture s’intéresse à nous », annonce joyeusement Isabelle Perreault.

Avec ces subventions supplémentaires, le village prévoit investir dans la création d’un répertoire de ses artistes pour les mettre en valeur ainsi que dans un projet à grande échelle et collaboratif, le chemin des traditions, une route touristique entre Sainte-Marcelline-de-Kildare, Saint-Alphonse et Saint-Côme.

Même en région, il est donc possible de créer une atmosphère dynamique et excitante pour les citoyens. « Nous sommes partis de loin », confie Mireille Asselin. « Avant, il y a 10 ans, à Saint-Alphonse, il n’y avait presque rien. Une politique culturelle, ça vaut vraiment la peine. Ça crée un terreau fertile pour semer des graines », conclut-elle.

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