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01 décembre 2020

Élise Brouillette - ebrouillette@medialo.ca

Juli Aubin suspendue d’un événement qu’elle a cofondé

Une décision abusive et inadmissible soutiennent plusieurs artistes

L'Abrimaginaire

©Photo gracieuseté - Juli Aubin - L'Action

L’oeuvre L’Abrimaginaire de Juli Aubin exposée lors de l’événement Dans le parc en 2020.

Juli Aubin, artiste de Sainte-Béatrix qui a cofondé « Août dans le parc » il y a sept ans, a récemment appris qu’elle ne pourrait pas participer à la prochaine édition de l’événement car elle n’aurait pas respecté les règlements selon le comité organisateur. Une décision abusive et inadmissible selon des artistes de la région qui ont signé une lettre dans le but de dénoncer la situation.

En entrevue avec L’Action, Juli Aubin explique qu’à l’origine, « Août dans le parc » a été mis sur pied au parc des chutes Monte-à-Peine-et-des-Dalles à la suite d’une étude citoyenne et dans le but de mettre en valeur le village de Sainte-Béatrix.

L’organisation de l’événement, devenu par la suite « Dans le parc », a depuis été reprise par un comité formé de bénévoles, d’un élu municipal et du service des Loisirs et de la Culture de la Municipalité de Sainte-Béatrix.

L’objectif est de réunir des artistes, professionnels ou non, qui proposent des installations éphémères dans le Parc. Le thème de l’édition 2020 était « L’abri ». L’un des règlements pour les artistes est de s’engager à proposer une œuvre qui n’a jamais été exposée.

Cette année, Juli Aubin a participé à l’événement en présentant une œuvre originale intitulée L’Abrimaginaire, qui était constituée d’un tapis tissé main de feuilles métalliques qui frémissaient au moindre vent et laissaient passer les changements de lumière du jour.

Juli Aubin mentionne que l’installation de son œuvre s’est déroulée en présence d’un membre du comité organisateur. « C’était mon installation principale et officielle. Elle était constituée de 12 000 rubans. Ça m’a pris un temps fou. De par sa grandeur, cette installation témoignait qu’elle était mon œuvre principale. »

Toutefois, dans le contexte actuel et pour divertir le jeune public, Juli Aubin a aussi exposé des petites portes, des éléments de décor qui se voulaient un rappel de son exposition passée « Le Petit Monde ». Juli Aubin affirme que cette démarche a été approuvée par le membre du comité présent le jour de l’installation.

À la suite du démontage des installations, Juli Aubin a reçu une lettre lui indiquant qu’elle n’avait pas respecté le fait d’exposer une œuvre qui ne l’avait jamais été auparavant.

« Lors de l’exposition Dans le parc 2020, nous avons pris connaissance de l’œuvre que vous avez installée. Cette œuvre de 2020 avait déjà été installée à l’exposition d’Août dans le parc en 2016. Lors de votre inscription à Dans le parc 2020, vous avez consenti à installer une œuvre qui n’a jamais été exposée ailleurs », a écrit Marie-Eve Laviolette, directrice des loisirs, de la culture et des communications de Sainte-Béatrix, à Juli Aubin dans une lettre datée du 14 octobre 2020 et dont L’Action a obtenu copie.

« J’ai exposé la seconde œuvre par plaisir, c’était une toute petite installation », affirme Juli Aubin, stupéfaite des choses qui lui sont reprochées.

D’ailleurs, Mme Aubin a réaffirmé à la Municipalité en date du 16 octobre qu’elle avait bel et bien respecté le contrat.

Dans une communication acheminée à la Municipalité, Juli Aubin affirme qu’il y a une méprise sur l’œuvre présentée. « L’oeuvre principale, maitresse, celle pour laquelle j’ai reçu un cachet symbolique de 200 $ et qui a été présentée au public dans le cadre de l’exposition annuelle Dans le parc 2020, s’appelle « L’Abrimaginaire ». Il s’agit bien d’une œuvre inédite. »

Juli Aubin explique que cette œuvre a été installée en présence d’un membre du comité organisateur et que son emplacement fut discuté avec cette personne.

« La deuxième oeuvre inédite intitulée « À l’abri du mauvais sort » est la petite cabane miniature avec une sorcière et une forêt de plumes, qui fut placée sur une tablette entourant l’arbre à l’entrée du pont. (…) Celle-ci fut également créée pour l’événement. »

Juli Aubin souligne qu’en plus de ces deux œuvres, elle a ajouté des petites portes en guise de décor et pour faire plaisir, aux nombreuses personnes, dont le personnel du parc, qui lui ont témoigné leur désir de revoir des éléments de son exposition antérieure Le Petit Monde et aux enfants chez qui cela suscite toujours de l’intérêt.

Cette dernière installation a également obtenu l’assentiment du membre du comité organisateur présent, écrit Juli Aubin. En deux mois d’exposition, l’artiste n’aurait reçu aucun commentaire à l’effet qu’une de ses œuvres ne devait pas être là.

« Considérant ce qui précède, je vous prierais de rectifier le tir en ce qui concerne vos accusations et de retirer votre sanction en ce qui concerne mon droit d’admissibilité à la prochaine tenue de l’événement dans le parc 2021 (…) », peut-on lire dans cette même communication du 16 octobre et suite à laquelle la Municipalité a réitéré sa décision.

Une décision incompréhensible

André Labbé, artiste de Sainte-Béatrix et participant à l’exposition Dans le parc, se dit en total désaccord avec la décision qui a été prise. « Juli fait partie des artistes professionnels qu’on a la chance d’avoir dans la région. »

Il vante son approche et sa créativité. « Elle s’investit sans compter, c’est un pied-de-nez totalement injustifié. Pourquoi des gens qui ne sont pas des artistes se permettent de juger qui a sa place dans cet événement. D’autant plus que leurs raisons ne sont pas viables. »

André Labbé souligne que le cachet offert aux artistes est symbolique et que ces derniers doivent investir beaucoup de leurs poches.

« Juli Aubin est une artiste marquante, elle offre un travail soigné. Ses œuvres mériteraient d’être exposées dans un musée. Chaque année, elle nous épate et nous surprend. C’est une mauvaise décision du conseil d’administration et c’est très démotivant. »

De son côté, l’artiste joliettaine Suzanne Charbonneau, qui a déjà participé à l’événement par le passé, croit qu’il s’agit d’un règlement de compte à la suite de problèmes au niveau de l’assignement des emplacements et du paiement des cachets l’an dernier.

 « On travaille fort pour faire ces installations, mais ça ne nous fait pas vivre. Juli est une artiste généreuse, ils prétendent qu’elle n’a pas respecté les règlements, mais elle a installé sa deuxième œuvre pour les enfants. Cette année, elle en a mis plus que moins! »

Pour Mme Charbonneau, la décision est abusive de la part du comité organisateur. « Le comité reçoit des fonds publics, des subventions des députés, ils ne devraient pas se mêler de la création. Les artistes se donnent, on a du plaisir à le faire et ensuite parce qu’on a envie de faire plaisir aux gens, on se fait dire qu’on déroge aux règles…C’est un petit milieu…si les gens se donnent des coups de pied dans les pattes en plus! »

Suzanne Charbonneau insiste sur le fait que cet événement ne peut pas se permettre de perdre une artiste de la trempe de Juli Aubin. « Ça me chagrine, elle se donne tellement pour ses installations. En plus, elle a fondé l’événement, on ne peut pas négliger des artistes de cette qualité-là. »

En réponse à une demande de L’Action, la Municipalité de Sainte-Béatrix a affirmé qu’elle ne ferait aucun commentaire sur cette situation et que Juli Aubin a eu toutes les informations en lien avec la situation dans une lettre qui lui a été adressée.

 

À l'Abri du mauvais sort

©Photo gracieuseté - Juli Aubin - L'Action

L’oeuvre À l’abris du mauvais sort de Juli Aubin qui était également inédite insiste l’artiste.

Commentaires

2 décembre 2020

Gaile Jurewicz

Les oeuvres de Juli Aubin sont toujours un gros attrait dans le parc; son installation unique était une merveille. Qu'elle a ajouté par générosité un goût de la vie miniature des fées ne devrait pas succité un réprimande, mais plutôt des acclamations - pour les enfants de tous les âges le monde des fées est toujours une délice pour l'âme. Personellement, j'ai été très heureuse de voir et sentir cette présence cet été dans le parc. L'exposition ne sera pas complet sans participation de cette artiste talentueuse et dévoué aux arts et l'imagination. J'espère que le village de Ste. Béatrix va revenir sur cette décision probablement prise en réaction, et réinstaurer la participation de Juli Aubin.

2 décembre 2020

Reichel Elisabeth

Je suis tout à fait en accord avec les commentaires précédents et indignée de la décision de la municipalité . Si Juli n’a pas l’autorisation de participer l’an prochain je me désisterais également. Elisabeth Reichel

2 décembre 2020

Marie-Odile Lebeau

Cet article souligne avec justesse le travail immense et la générosité des exposants, une contribution majeure, libre, impliquante et désintéressée, des valeurs suspectes pour certains. On s'en méfie surtout lorsque les artistes manifestent une vision progressiste de la communauté et lorsqu'ils agissent en toute conscience de l'importance de la culture comme nourriture personnelle et collective essentielle. Dans beaucoup de petits milieux, sous couvert d'organisations qui se prétendent plus communautaires que ne le sont les propositions des super bénévoles que sont la plupart de leurs artistes exposants, la légitimité se définit par le nombre et la conformité, alors que l'art c'est l'univers de l'unicité et de l'innovation. Les organisations ont "leurs" bénévoles et "leurs" responsables. Sous couvert d'un certain anonymat, compris comme une supposée représentativité citoyenne, on peut y exercer en toute impunité une nouvelle sorte de violence, sous forme de bannissement officiel ou déguisé. On s'y réclame de rectitude et on fait des exclus sur la base de comportements jugés sommairement comme déviants, sans validation rigoureuse, plutôt que de prévenir les dérives et de communiquer avec clarté et prévenance. Il faudra accepter d'élever le niveau du débat. Il faudrait doter les organisations engagées et bien intentionnées des ressources et du support nécessaire lorsqu'elles se trouvent démunies dans leur compréhension des limites d'application des règles et des considérations éthiques!

2 décembre 2020

John A. Cosgrove

Nous sommes outragés par les agissements de la municipalité de Sainte-Béatrix à l’endroit de l’artiste Juli Aubin. Étant aussi deux artistes co-fondateurs de l’évènement Aout dans le Parc et maintenant connus sous sa nouvelle appellation Dans le Parc, nous nous questionnons à savoir si la municipalité de Sainte-Béatrix a les connaissances requises pour le développement d’un évènement culturel d’envergure. De par notre expérience, nous savons que les artistes sont souvent sollicités lorsqu’il s’agit du travail sur le terrain, mais rarement consultés pour la prise de décision. Nous croyons qu’il est grand temps que la municipalité de Sainte-Béatrix embauche un(e) agent(e) dédié uniquement au développement des arts et de la culture. Nous espérons fortement que la municipalité de Sainte-Béatrix réalise qu’en prenant une décision aussi arbitraire à l’encontre de l’artiste Juli Aubin, elle ne fera que s’aliéner la communauté artistique. John A. Cosgrove et Patrice Potvin St. John’s, Terre-Neuve et Labrador

18 avril 2021

Daniel Heikalo

Il faut absolument renverser cette décision injuste et mal avisée. Julie Aubin DOIT avoir droit d'exposition. Ça suffit le dogmatisme rigide et les attitudes exclusivistes.

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