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05 octobre 2020

Une tragédie qui secoue la communauté lanaudoise et le Québec en entier

Acussation de racisme systémique contre le CHDL

Carol Dubé

©(Photo Jean Chevrette) - L'Action

Carol Dubé, le mari de Joyce Echaquan

Point culminant d’une semaine marquée par la tristesse, la colère, mais aussi la solidarité, la famille de Joyce Echaquan a annoncé lors d’un point de presse le 2 octobre dernier au Centre d’amitié autochtone qu’elle dépose une poursuite en dommages et intérêts contre le Centre Hospitalier de Joliette.  

L’avocat de la famille, Me Jean-François Bertrand, a également demandé à ce qu’une enquête publique sur le traitement des patients d’origine atikamekw à l’hôpital de Joliette soit lancée. Interpellé lors de cette conférence de presse, le premier ministre François Legault a confirmé le 5 octobre qu’il allait rencontrer les Chefs Atikamekw afin de discuter de la situation.  

L’actualité lanaudoise de la dernière semaine fut profondément marquée par le décès de Joyce Echaquan, cette jeune mère de 7 enfants d’origine atikamekw qui est décédée dans des circonstances troubles au CHDL le 28 septembre dernier. Cette tragédie a profondément ébranlé la communauté lanaudoise et provoqué une importante vague de solidarité à l’égard de la famille de Mme Echaquan, mais également une prise de conscience collective du traitement subi par les autochtones dans le milieu de la santé. Dès le lendemain du décès de Mme Echaquan, le 29 septembre, des centaines de personnes ont répondu à l’appel du Centre d’amitié autochtone de Lanaudière de tenir une vigile en l’honneur de Mme Echaquan devant le CHDL. Les manifestants présents, autochtones et non autochtones, qui exprimaient une douleur et une colère face aux injustices vécues, mais surtout une solidarité pour la famille, ont scandé: Justice pour Joyce. Plusieurs personnalités publiques, dont Ghislain Picard, chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, ainsi que Mgr Louis Corriveau, évêque du Diocèse de Joliette, ont participé à cette vigile. D’autres manifestations ont également eu lieu ailleurs au Québec ces derniers jours. Événement catalyseur de la colère des Atikamekw devant la discrimination subie; depuis une semaine la mobilisation ne semble pas s’essouffler et les témoignages fusent à travers les différents médias sur le traitement discriminatoire dont ils sont victimes au CHDL depuis plusieurs années, ce qui tend à démontrer que cette affaire n’est en rien un cas isolé.  

Joyce Echaquan

©Photo Guillaume Morin - L'Action

Des centaines de personnes ont manifesté devant le CHDL dans la soirée du 29 septembre

La famille souhaite obtenir réparation 

Quelques jours après la vigile, le 2 octobre, les membres de la famille de Joyce Echaquan, de même que le chef de la communauté atikamekw, Paul-Émile Ottawa, ont annoncé, lors d’un point de presse, le dépôt de poursuites au civil afin que justice soit rendue. 

 

Carol Dubé

©(Photo Jean Chevrette) - L'Action

Carol Dubé avec l’un de ses fils

En plus d’une poursuite en dommages et intérêts contre le CHDL et les membres du personnel présents, la famille compte également déposer une plainte à la commission des droits de la personne et va demander qu’une enquête policière soit ouverte afin de faire la lumière sur ce qui s’est passé le 28 septembre dernier. La famille indique également déposer une plainte à l'ordre des infirmières et souhaite demander des indemnisations dans le cadre de l'IVAC. Concernant cette demande, la famille de Mme Echaquan devra démontrer qu’il y a eu intention criminelle.  

Lors de ce point de presse, le mari de Mme Echaquan, Carol Dubé, a également pris la parole. « Je ne veux pas être en colère, je ne veux pas faire comme les autres, comme ceux qui ont fait ça. Aujourd’hui, j’ai surtout de la tristesse » a déclaré, la voix sanglotante, M. Dubé. 

Appel à reconnaitre le racisme systémique 

Cette tragédie ravive évidemment tout le débat sur le racisme systémique et la discrimination dont sont victimes les autochtones dans les services publics. « Cet évènement s’ajoute à plusieurs tragédies cumulées au cours des dernières années concernant les Autochtones au sein des services publics québécois. Dans les services policiers, les hôpitaux, les services de protection à la jeunesse et les tribunaux, le racisme institutionnel a été, à maintes reprises, documenté dans des rapports et des Commissions », a souligné, par voie de communiqué, Tanya Sirois, directrice générale du regroupement des Centres d’amitié autochtone du Québec. L’organisme estime également que selon les nombreux témoignages recueillis, les autochtones, surtout les femmes, ont raison de ne pas faire confiance aux services publics québécois.  

Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a d’ailleurs déclaré le 30 septembre en chambre qu'il s'agissait d'un autre exemple racisme systémique.  

Lors du point de presse du 2 octobre, le Chef Paul-Émile Ottawa ainsi que l’avocat de la famille Echaquan ont d’ailleurs pressé le premier ministre Legault de reconnaitre le racisme systémique. Le Chef Ottawa a également interpellé le maire de Joliette, Alain Beaudry, qui avait indiqué la veille lors d’une entrevue avec Le Devoir et La Presse ne pas avoir été témoin de racisme à Joliette et ne pas y voir de problématique particulière. M. Ottawa l’a appelé à reconnaitre le racisme systémique, soulignant que le fait d'en nier l'existence fait partie intégrante du problème.  

Le Chef Paul-Émile Ottawa

©(Photo Jean Chevrette) - L'Action

Le Chef Paul-Émile Ottawa

Appelé à commenter ses déclarations, le maire Beaudry a indiqué à L’Action que la Ville travaille en collaboration étroite avec la communauté atikamekw afin d’assurer la pleine intégration des autochtones au sein de la communauté. À la lumière des événements des derniers jours au CHDL, le maire reconnaît toutefois que beaucoup de travail reste à faire pour enrayer la discrimination à l’égard des Autochtones. « Ce qui s’est passé lundi soir à l’hôpital, c’est tout simplement inimaginable. Il faut s’asseoir avec eux [les membres de la communauté atikamekw], les écouter et travailler ensemble afin de trouver des solutions pour enrayer la discrimination dont ils sont victimes » a-t-il indiqué. Sur les médias sociaux de la Ville, il a indiqué que bien qu’il n’eût pas été personnellement témoin d’incidents de nature raciste, il reconnaît pleinement l’existence de situations de discrimination à l’encontre des Autochtones. 

Rappel des faits 

Joyce Echaquan, mère de sept enfants et membre de la communauté atikamekw de Manawan, est décédée lundi 28 septembre peu de temps après avoir publié une vidéo sur Facebook où elle demande qu’on lui vienne en aide alors qu’elle est attachée à sa civière au CHDL. Cette femme d’une trentaine d’années fut hospitalisée quelques jours auparavant suite à des douleurs à l’estomac. 

Dans la vidéo, Mme Echaquan affirme être surmédicamentée et demande qu’on lui vienne en aide. Elle serait morte peu de temps après, suite à des manœuvres de réanimation cardiaque. Vers la fin de la vidéo, la patiente est également victime à quelques reprises d’insultes de membre du personnel du CHDL qui la traitent « d’épaisse », se montrent injurieux à son égard et véhiculent verbalement certains stéréotypes à l’égard des autochtones. 

La vidéo publiée par Mme Echaquan peu de temps avant sa mort a semé la colère dans la communauté de Manawan, mais aussi dans la communauté lanaudoise dans son ensemble et les réactions ont été nombreuses de la part des élus et des différents acteurs de la communauté. 

La ministre responsable des Affaires autochtones, Sylvie D'Amours, a confirmé dans la journée du 29 septembre qu'une enquête du coroner a été lancée et le même jour, en soirée, le CISSS de Lanaudière, par voie de communiqué, a confirmé le congédiement d’une infirmière et l’ouverture d’une enquête interne afin de faire la lumière sur les évènements. Quelques jours plus tard, le 1er octobre, l’institution a également confirmé le renvoi d’une préposée. Le CISSS a également offert ses sympathies à la famille et jugé les propos entendus sur la vidéo d’inacceptables. La Fédération interprofessionnelle du Québec (FIQ), le syndicat auquel appartient l’infirmière congédiée, a dit vouloir attendre la conclusion de l’enquête avant de se prononcer.  

Selon le CISSS Lanaudière, le PDG Daniel Castonguay s’est brièvement entretenu avec M. Ottawa au cours des derniers jours afin de convenir d’une rencontre dans l’objectif de mettre en place, avec la collaboration de la communauté atikamekw, des mesures concrètes au centre hospitalier de Joliette.  

©(Photo archives - Guillaume Morin) - L'Action

©(Photo Guillaume Morin) - L'Action

©(Photo Guillaume Morin) - L'Action

©(Photo Guillaume Morin) - L'Action

©(Photo Guillaume Morin) - L'Action

©(Photo Christian Belhumeur-Gross) - L'Action

©(Photo Christian Belhumeur-Gross) - L'Action

©(Photo Christian Belhumeur-Gross) - L'Action

©(Photo Jean-Chevrette) - L'Action

M. Dubé en compagnie de l’avocat de la famille, Me Jean-François Bertrand

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