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18 février 2020

Mélissa Blouin - mblouin@medialo.ca

Rien n’arrêtera l’ambition de Jonas Tenazi

Le Joliettain signe une bourse d'études américaine

Jonas Tenazi

©(Photo gracieuseté)

Jonas Tenazi au moment de la signature de sa bourse d’études.

Malgré de nombreux obstacles, le jeune Jonas Tenazi n’a jamais cessé de croire en son rêve et de travailler fort pour l’atteindre. Il a franchi, en novembre dernier, une étape cruciale vers celui-ci, alors qu’il a signé une bourse d’une valeur de 100 000$ pour poursuivre ses études et son sport au Gillette College au Wyoming. 

«C’était un gros choc pour moi, c’est la plus belle chose que j’ai pu atteindre», a commenté le joueur de basketball de 6’6". Il se souvient précisément du moment où son entraîneur, Igor Rwigema, l’a convoqué, avec deux autres garçons, pour lui annoncer.  

«Il avait un visage tellement sérieux, que je croyais que nous avions fait quelque chose de mal, mais c’est là qu’il nous a dit qu’un coach américain était prêt à nous faire signer une bourse d’études. Tout à coup, tout est devenu silencieux pour moi. Je ne savais même plus quelle émotion avoir. Je suis allé dans ma chambre et j’ai commencé à prier, parce que c’était la chose que je voulais depuis tellement longtemps. » 

Si tout se passe bien, au cœur de ce collège, et que Jonas met les bouchées doubles côté académique, il aura de bonnes chances d’intégrer une grosse université américaine.  

«Des bourses comme cela, il y en a seulement eu quatre de signées cette année dans tout le Québec et je crois bien que c’est du jamais vu pour un Joliettain», a commenté Philippe Bazinet, un entraîneur bénévole à Barthélemy-Joliette qui a tout de suite vu le potentiel de Jonas et qui a toujours cru en lui.  

Ce qui rend cet accomplissement encore plus remarquable, c’est le chemin traversé par ce jeune de 18 ans originaire de la République démocratique du Congo.  

Une nouvelle vie 

Quand lui et sa famille étaient encore au Congo, Jonas se rappelle qu’il y avait des programmes afin d’aider les familles qui avaient plus de difficulté financière à se bâtir une nouvelle vie dans un autre pays.  

« Dans chaque village, ils donnaient un numéro à tous les habitants et nous devions écouter la radio attentivement pour savoir quel numéro avait gagné! Les gagnants allaient ensuite dans un camp jusqu’à ce qu’un pays d’accueil soit trouvé. Nous, c’est le Canada qui a voulu nous accueillir.» 

Ils sont arrivés à Montréal en 2008, mais faute de logements, ils se sont finalement installés à Joliette en 2010 et Jonas a fait son entrée à l’école Marie-Charlotte. «Ça m’a pris du temps à m’intégrer, les autres se moquaient de moi parce que je venais d’un pays différent et s’ils me parlaient, c’était juste pour rire de ma langue, car je parlais swahili. » 

Comme sa famille n’était pas encore stable financièrement, il ne pouvait pas s’inscrire à des activités sportives, bien que cela l’intéressait. C’est en voyant son frère aîné jouer au basketball, au parc, qu’il a vraiment su que c’était ce qu’il voulait faire. À partir de ce moment, peu importe où il allait, il avait toujours un ballon dans les mains.  

«Comme mon père fondait beaucoup d’espoir en mon frère et moi, je me suis dit que j’irais loin dans mes études et dans le sport pour lui. Je n’ai jamais arrêté de m’entraîner et je suis devenu mon propre coach.» 

Une rencontre déterminante 

Lors de son entrée au secondaire, il a rencontré quelqu’un qui allait enfin lui donner une chance de se prouver, Philippe Bazinet. «Je lui ai donné un ballon neuf et après une semaine il était fini parce qu’il avait trop dribblé! J’ai donc insisté pour qu’il reste dans le gymnase. Pour moi, ce n’était pas une question d’argent, ce jeune devait jouer au basketball», a commenté l’entraîneur.  

Et ce, même si Jonas était petit, faible physiquement et que le niveau de jeu était trop élevé pour lui. «Les gens me critiquaient, me disaient que je ne sautais pas assez haut ou me rabaissaient, mais au lieu de me fâcher, j’ai utilisé ça pour me motiver, m’entraîner et leur prouver qu’ils avaient tort. »  

Il a ensuite quitté pour Hamilton, en Ontario, afin de développer son jeu et l’été dernier il est revenu à Joliette complètement transformé. Le petit garçon frêle était devenu un jeune homme de 6’6" avec des qualités athlétiques impressionnantes.  

«Il est revenu me voir et il m’a demandé de l’aider, car il n’avait pas les notes pour aller au Cégep et son parcours stagnait», a expliqué M. Bazinet. Ce dernier a utilisé ses contacts et a fait plusieurs appels pour que Jonas soit invité à un camp d’entraînement. Il a impressionné lors de l’événement et c’est ainsi qu’Igor Rwigema l’a sélectionné à l’institut de Sport Dynastie (ISD).      

M. Rwigema est un emblème du basketball au Québec. Il fait notamment partie des entraîneurs qui ont découvert, formé et amené Chris Boucher jusqu’à la NBA. Jonas a commencé à jouer avec l’équipe Dynastie à Saint-Jean-sur-Richelieu en septembre, mais il est revenu à Joliette en décembre afin de se concentrer uniquement sur ses études.   

Jonas

©(Photo gracieuseté)

Encore une grosse étape 

En effet, même si sa bourse est sécurisée, Jonas doit franchir une étape importante avant de pouvoir se joindre au Gillette College en septembre, rattraper son retard académique. «Une dame, qui est allée dans un collège américain, viendra lui enseigner à la maison. Elle l’a déjà fait avec d’autres jeunes et elle a un taux de réussite de 100%. Elle les encadre jusqu’à ce qu’ils réussissent le test académique requis», a terminé M. Bazinet. Ce dernier, ainsi qu'Olivier Gaudet, supportera financièrement Jonas et se chargera de son entraînement physique jusqu’à ce qu’il réussisse à intégrer le Gillette College. 

Jonas Tenazi

©(Photo gracieuseté)

Olivier Gaudet et Philippe Bazinet supportent Jonas afin qu'il puisse atteindre ses objectifs.

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