Concilier Études et Travail

Concours de reportages

Par Lauriane Dubuc

« Si je pouvais ne pas travailler, je ne travaillerais pas. Ça me faciliterait beaucoup plus la vie. J’aurais des meilleures notes à l’école et je serais plus concentrée, mais je n’ai pas le choix. Si je veux payer mon école je dois travailler. »

Étudiante au Cégep régional de Lanaudière à Joliette en arts, lettres et communication et sur le marché du travail à temps partiel depuis trois ans, Noémie Coutu peine à concilier son emploi de caissière au Bureau en gros avec ses études, et elle n’est pas seule. Beaucoup de jeunes adultes encore aux études sont tenus d’avoir un emploi afin de payer ce que leurs parents payaient quand ils étaient enfants.

Travailler 15 à 20 heures par semaine prend beaucoup de temps dans l’horaire de l’étudiante et nuit à ses études. « Ce sont mes notes qui écopent. Le manque de temps fait une différence. Avoir une heure de plus ou de moins à consacrer à mes études influence beaucoup mes notes », ajoute la jeune adulte anxieuse. Certains étudiants se retrouvent même à travailler encore plus d’heures pendant l’année scolaire. « J’ai réussi à faire baisser mes heures de travail à 20 heures par semaine, mais, avant, je faisais 25 à 30 heures. J’ai trouvé ça beaucoup trop difficile. Avec le cégep, c’était impossible à gérer », confie Maël Ledevin. « Pour concilier travail et études, j’essaie de trouver le plus de temps possible pour me reposer, mais il n’y en a pas beaucoup », souligne le collégien de 18 ans également en arts, lettres et communication à Joliette.

Non seulement les étudiants sont affectés par leur horaire chargé, mais leurs employeurs aussi. « Ce qui est plus difficile au niveau du cégep est que les horaires changent deux fois dans l’année », explique Amélie Leblanc. « Pour certains étudiants, ce qui est difficile et que j’essaie de leur inculquer en tant que patron, c’est toujours d’être à leur affaire », souligne la directrice des ventes au Bureau en gros de Joliette. En effet, les étudiants sont souvent débordés par l’école et négligent de demander des journées de congé d’avance à leur travail. « Ce que j’aime moins, c’est ceux qui sont à la dernière minute, parce que ça cause des problèmes. Encore plus aujourd’hui, avec le manque d’employés, si quelqu’un ne peut pas rentrer dans deux jours et que je n’ai personne pour le ou la remplacer, ça me cause des problèmes », ajoute la responsable.

Débutant sa vingtième année en tant que directrice, Amélie Leblanc s’occupe des horaires des employés depuis plus de 15 ans. Au fil des années, elle a travaillé majoritairement avec des jeunes étudiants. « Comme ça fait plusieurs années que je travaille ici, j’ai découvert des tactiques. Ils me remettent leur horaire de cégep puis on sélectionne ordinairement trois soirs de disponibilité, mais on en programme seulement deux. Avec ça et selon le département où ils peuvent travailler, je vais attribuer les soirs », élabore la femme d’expérience.

En plus d’ajouter une charge de travail dans la vie des jeunes, leur emploi leur prend beaucoup d’énergie et engendre beaucoup de stress. « Concilier travail et études ça augmente vraiment beaucoup mon niveau de stress. Dès que je finis de travailler, je suis stressée d’arriver chez moi parce que j’ai peur de ne pas avoir assez de temps pour faire tous mes travaux d’école », ajoute Noémie, inquiète. « Pour l’instant, ça n’a pas eu d’impact sur mes notes, mais peut-être que, pour la fin de session, ça va en avoir un. Par contre, ça a énormément augmenté mon niveau de stress », précise son collègue.

« C’est rendu stressant d’avoir une journée de congé parce que je pense que j’oublie de faire quelque chose. Je me sens mal de prendre du temps pour moi et de me reposer », confie Noémie, angoissée. Depuis quand les journées de repos ne nous reposent-elles plus?

Commentaires