Carrières dans votre région Avis de décèsÉdition Électronique Rabaischocs.com

Recherche

Recherche par terme

Journaliste

Date de parution

_

Catégories

Actualités

Retour

20 novembre 2019

Une situation critique?

DPJ dans Lanaudière

DPJ Lanaudière

©Photo archives - L'Action

Surcharge de travail, lourdeur administrative et forte pression des supérieurs sont monnaie courante selon les intervenants.

À la suite de nombreux départs au sein du Département de la protection de la jeunesse (DPJ) dans Lanaudière, L’Action s’est entretenu avec des acteurs du milieu qui ont témoigné, sous couvert de l’anonymat, de leur quotidien. Surcharge de travail, lourdeur administrative et forte pression des supérieurs sont, selon eux, monnaie courante.

Julie* travaille depuis plus de 5 ans au sein de la DPJ en tant qu’intervenante. Dans son métier, elle travaille directement sur le terrain et suit divers jeunes dans leurs milieux familiaux. Celle qui dit avoir choisi ce métier par passion remet aujourd’hui en question la poursuite de sa carrière dans le milieu. Comme pour beaucoup de ses collègues, la surcharge de travail et le manque de ressources semblent avoir raison d’elle. « L’exode est réel, encore au cours des dernière semaines, plusieurs employés ont appliqué ailleurs dans le réseau de la santé et ont quitté, dont beaucoup après plusieurs années de service au sein de la DPJ » souligne-t-elle. « Malgré ce que la direction du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Lanaudière dit, il y a un réel problème. C’est sûr que dès que l’occasion se présente, je vais postuler ailleurs » renchérit-elle.

Selon Julie, ces nombreux départs et le découragement du personnel en place sont liés à une multitude de facteurs. Déjà, la nature du travail n’est pas facile. Les intervenants doivent composer avec des enfants aux prises avec diverses problématiques, mais également leurs familles et les interventions ne sont pas toujours effectuées sur des bases volontaires. Mais là n’est pas nécessairement le problème. Selon elle, ce qui pèse lourd sur les intervenants, c’est la charge administrative qui accapare près de 60 % de leur temps. « La lourdeur administrative fait qu’on a moins de temps à consacrer à notre travail direct avec les jeunes et parfois on est obligé de tourner un peu les coins ronds. » Julie souligne que les intervenants subissent également beaucoup de pression de la part des supérieurs pour le respect des délais liés aux tâches administratives.

Parmi les solutions pour alléger la surcharge de travail, elle est d’avis que d’un point de vue administratif, les rapports de suivi de chaque enfant pourraient être réalisés aux six mois plutôt qu’aux trois mois comme c’est le cas actuellement. L’embauche d’intervenants supplémentaires est également souhaitée, mais ces derniers doivent être mieux encadrés et accompagnés par la direction.

« En ce moment, depuis le drame de Granby, on est sur le spotlight. On ne veut pas en échapper d’autres. Mais en même temps, avec la surcharge de travail et le manque de ressources que nous subissons, c’est sûr que ça va arriver de nouveau » souligne-t-elle l’air découragé.

De son côté, Annie* est éducatrice en centre de réadaptation (centre jeunesse). En tant qu’éducatrice, elle travaille au quotidien avec des jeunes de 7 à 18 ans hébergés en centre jeunesse et là aussi les problèmes sont criants. « Depuis le drame de Granby, il y a comme un vent de panique. On est en mode prévention, nos services sont très sollicités et beaucoup de jeunes sont placés en centre jeunesse. On se retrouve avec des groupes variés d’enfants plus jeunes avec des adolescents de 16-17 ans. Ce n’est pas une situation idéale. On réussit à offrir un bon service, mais ce n’est pas optimal » souligne-t-elle.

Comme pour les intervenants, Annie déplore le manque de ressources de même qu’une trop lourde charge administrative qui nuit à sa mission première, l’intervention auprès des jeunes. « La charge administrative augmente toujours. Une bonne partie de notre travail consiste maintenant à faire de la paperasse. Dans ce temps-là, on n’est pas avec les jeunes. » 

Annie mentionne également les horaires de travail peu attrayants des éducateurs en centre de réadaptation. Ces derniers ont des horaires parfois atypiques et doivent travailler le jour, le soir, la fin de semaine. Selon elle, malgré l’ancienneté, les horaires restent difficiles et beaucoup quittent précisément à cause de cela. « Aux yeux des dirigeants, la conciliation travail-famille ne semble pas importante. Ça fait des années qu’on nous parle d’améliorer les horaires, mais ça ne se fait jamais. » 

* Prendre note que les noms cités dans cet article sont fictifs

Selon le syndicat

Kevin Newberry, président régional du syndicat de l’APTS, croit que la situation est critique dans Lanaudière. Le départ de nombreux employés au cours des derniers mois a accentué la pression sur le personnel restant et la charge de travail devient insoutenable. M. Newberry avance que la fusion entre les composantes du nord et du sud dans Lanaudière a permis une plus grande mobilité aux employés à travers le réseau, ce qui explique le départ de nombreuses ressources expérimentées vers d’autres secteurs. Il soutient que ces départs sont motivés par les mauvaises conditions de travail, la surcharge des tâches et les pressions sociales subies par le personnel. « Nos intervenants sont confrontés au quotidien à une clientèle vivant divers problèmes. Ça devient vite épuisant pour eux » souligne-t-il.

Parmi les solutions envisagées, le syndicat propose de diminuer la charge administrative des intervenants, réduire les rapports de suivi aux six mois, embaucher des ressources supplémentaires et rendre les postes plus attrayants, par exemple en les réduisant à quatre jours par semaine.

Commentaires

Inscrivez votre commentaire

Politique d'utilisation Politique de confidentialité

Agence Web Joliette - Caméléon Média