Culture
Retour25 juin 2019
Élise Brouillette - ebrouillette@medialo.ca
J’t’aime encore fait son entrée au théâtre La Licorne
Après une trentaine de représentations au Québec
©Photos gracieuseté - Mathieu Rivard et gracieuseté - L'Action
Roxanne Bouchard et Marie-Joanne Boucher.
THÉÂTRE. Le monologue amoureux J’t’aime encore, écrit par la romancière Roxanne Bouchard et livré par la comédienne Marie-Joanne Boucher, toutes deux de fières Lanaudoises, fera cet automne son entrée au théâtre La Licorne de Montréal où il sera à l’affiche du 16 septembre au 11 octobre. Et dire qu’il a bien failli ne jamais voir le jour.
En entrevue avec L’Action, Roxanne Bouchard raconte qu’à l’époque, en 2015, elle et Marie-Joanne Boucher ne se connaissaient pas. « On s’est croisées dans un party de Noël chez Normand Miron », se souvient celle qui est enseignante au Cégep à Joliette.
Par la suite, elle a reçu un message de Marie-Joanne. Cette dernière avait lu un de ses livres, était littéralement tombée en amour avec son écriture et voulait qu’elle écrive une pièce de théâtre. « J’ai refusé, je n’avais jamais écrit pour le théâtre et je pensais que nous n’aurions ni les disponibilités, ni le soutien pour le faire. »
La Ville de Notre-Dame-des-Prairies, où réside la comédienne, était en train de reprendre l’église pour en faire le Carrefour culturel. Elles ont donc obtenu un immense soutien de la Ville dans l’élaboration de ce projet, que ce soit pour le lieu de diffusion ou l’obtention de subventions.
Elles ont fait appel au metteur en scène François Bernier, de la compagnie DuBunker.
J’t’aime encore, qui a aussi été publié sous forme de livre, a été présenté à plusieurs reprises devant public avant la première. Lors de ces laboratoires, Roxanne et Marie-Joanne ont pu recueillir les commentaires des spectateurs.
« La première fois, il y avait 80 personnes! Il y avait plus de monde que ce à quoi on s’attendait, on a dû ajouter des chaises. J’ai pris beaucoup de notes. Ensuite, la deuxième lecture était déjà plus rythmée. On s’est aussi rendu compte que les gens revenaient », raconte l’auteure.
« Quand tu fais une création, tu ne sais jamais quelle sera la résonnance auprès du public. J’ai eu la chance de le faire chez moi, devant mon monde, quand j’ai vu leur réaction, je me suis dit que ça fonctionnait! », poursuit la comédienne.
La première présentation du monologue dans sa forme finale a eu lieu le 28 avril 2016, à Notre-Dame-des-Prairies. Une supplémentaire a ensuite eu lieu à l’automne.
« J’étais émue de voir les gens se déplacer, le premier public qu’on veut gagner, c’est notre voisin », insiste Roxanne Bouchard.
Une tournée québécoise avant la grande ville!
« Marie-Joanne ne voulait pas que ça meure là », précise l’auteure. La comédienne a donc multiplié les demandes de subventions et la recherche de collaborateurs. Elle a donné naissance à Production Écoumène (nom inspiré du monologue) et s’est mise à vendre le spectacle. Elle a fait une tournée du Québec avant même de se produire en ville.
La comédienne et productrice confie : « Je sentais qu’il fallait que je prenne les rênes de cette affaire-là, le chemin se traçait de lui-même et je le suivais. J’avais déjà des visées de peut-être produire un jour, tout s’est placé et c’est grâce au texte, au travail d’équipe et à l’appui de Notre-Dame-des-Prairies. Oui, ça prend des idées et du talent, mais aussi des structures et des fonds. Sans la ville, je pense qu’on n’aurait pas pu le faire », affirme Marie-Joanne Boucher.
Le projet a notamment bénéficié du soutien du Conseil des arts et des lettres du Québec via une entente régionale.
Marie-Joanne souligne que résider en région lui a donné du vent des les voiles de sa carrière. « Je suis devenue une personne qui génère des projets et qui ne fait pas juste attendre le téléphone. »
Dans la dernière année, J’t’aime encore a été présenté à 29 reprises partout au Québec. Le monologue a fait venir au théâtre des gens qui avaient déjà lu des livres de Roxanne Bouchard, mais qui n’y avaient jamais mis les pieds. « J’avoue que ça m’a fait chaud au cœur », note la romancière.
Marie-Joanne Boucher se présente sur scène en solo et livre un texte rempli d’humour en interpellant le public. J’t’aime encore aborde les rêves qu’on a eus, puis, les doutes qui nous saisissent à la gorge alors qu’on vieillit : a-t-on fait les bons choix? « Le succès du monologue, explique la comédienne, c’est toute l’écriture de Roxanne Bouchard qui aborde des sujets universels. On a tous rêvé à quelque chose, mais est-ce que le rêve rêvé est plus beau que le rêve vécu? Ça touche tout le monde. »
Marie-Joanne Boucher arrivera au théâtre La Licorne avec « 29 spectacles derrière la cravate ». « Je sais où il s’en va mon show, c’est extraordinaire, oui je vais avoir le trac, mais je sais quelle résonnance il a, je l’ai fait devant ma communauté et partout au Québec. »
Après Montréal, J’t’aime encore sera présenté à Québec, au Petit Champlain et à La Chapelle. Il y a aussi des pourparlers avec des producteurs belges entre autres. « Tant que je peux le jouer, je vais continuer à le faire », confirme Marie-Joanne.
« Je m’en serais mordu les doigts hein?, lance l’auteure quand elle repense à son refus initial, J’t’aime encore nous a amenées ailleurs, chacune de notre côté », conclut Roxanne Bouchard.
Une nouvelle adaptation pour le théâtre
Roxanne Bouchard travaille actuellement à une adaptation pour le théâtre de son livre Cinq balles dans la tête, toujours avec François Bernier à la mise en scène. Notre-Dame-des-Prairies a embarqué dans le projet et a réservé des dates pour 2020. Ce sera cette fois une production plus cossue, avec six ou sept acteurs. Des lectures publiques auront lieu cet hiver. « Écrire pour le théâtre, c’est stimulant, ça demande un autre regard, c’est un autre défi, je me suis trouvée là-dedans. J’aime aussi être assise dans la salle et entendre la réaction des gens, les voir embarquer. Ça me jette à terre, c’est toute une émotion. »
Commentaires
30 juin 2019
Michelle Rondeau
Ça m’intéresse vraiment beaucoup ! Je prends les infos pour la présentation à Montréal mais je suis de la même région que la comédienne et j’aimerais être avisée pour le rodage de la seconde pièce. Est-ce que c’est possible ?