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30 avril 2019

Mélissa Blouin - mblouin@medialo.ca

Des produits exclusifs dans une ferme de Saint-Thomas

Les asperges, une culture exigeante et capricieuse

©(Photo L’Action- Mélissa Blouin)

Seul propriétaire des Asperges Primera, Mario Rondeau est posé avec des plans d’asperges d’environ trois semaines.

AGRICULTURE. Pour Mario Rondeau, la transition du tabac aux asperges n’a pas été facile et a demandé une grande adaptation, mais une quinzaine d’années plus tard, même si cette culture est très exigeante, jamais il ne reviendrait en arrière. Il est devenu un important producteur de la région et est l’un des seuls au Québec à offrir des asperges violettes et blanches en plus des traditionnelles vertes. 

« Pour l’instant, je n’ai pas vraiment de compétition, mais je continue quand même de toujours améliorer mes techniques et d’augmenter la qualité de mes produits. On ne peut pas juste s’asseoir et espérer rester au sommet, il faut toujours chercher ce qu’on peut faire de plus», a commenté le propriétaire des Asperges Primera à Saint-Thomas.  

À l’aube de la saison de ce légume, qui est l’un des premiers du printemps, M. Rondeau était à la préparation de ses champs lors de la visite de L’Action. Il en a profité pour partager les secrets et les exigences de cette culture capricieuse et particulière.  

« Normalement, tu plantes ton légume, tu l’entretiens, tu l’arroses et tu le récoltes, mais nous, comme c’est une vivace, tout est un peu à l’envers. Elle est là, on la récolte et après on entretient le feuillage jusqu’à l’automne. C’est important, car c’est ce qui va donner la force aux racines pour la récolte suivante. »  

De plus, après avoir semé un plan, le producteur doit attendre minimum trois ans avant de pouvoir commencer la récolte. Les deux premières années servent uniquement à renforcir et à entretenir le plan. Puis, la récolte peut tranquillement commencer la troisième année.   

Le plus gros de la récolte des asperges, environ 65%, s’effectue entre le 15 et le 30 mai. Par la suite, la plante est plus fatiguée et donne de moins gros rendements. La productivité est donc très variable. « On peut récolter dans le plus gros 15 000 livres d’asperges et les journées où il fait plus froid, ça peut descendre à 1500. » 

L’asperge est une culture qui demande beaucoup de main-d’œuvre, puisqu’elle doit être récoltée lorsqu’elle atteint une hauteur bien précise de neuf pouces. Si elle dépasse cette hauteur ou qu’elle fleurit, c’est une perte. Les producteurs doivent donc parcourir leurs champs plusieurs fois par jour. D’autant plus que le légume peut pousser de 4 à 5 pouces en quelques heures, lorsqu’il fait plus de 25°C, et que les asperges d’un même rang ne poussent pas à la même vitesse. C’est donc du cas par cas.      

« Il y a toute une gestion à faire et c’est assez rock’n’roll. Il faut bien former notre main-d’œuvre. Quand on explique aux gens que tout est récolté et coupé une par une, ils comprennent un peu plus pourquoi le produit est dispendieux. Ce ne sont pas comme des carottes qui s’arrachent à la machinerie et qu’on peut en ramasser des tonnes par heure. » 

©(Photo L’Action- Mélissa Blouin)

Une recherche constante d’améliorations 

L’asperge violette se cultive de la même façon que la verte, mais la blanche se distingue. Elle pousse dans une butte de terre et aussitôt que les producteurs la voient pointer le sol, ils vont l’extraire avec une gouge. « C’est encore plus d’ouvrage que la verte! » Son goût est aussi complètement différent, il est plus amer et est recherché par les restaurateurs, qui, avant que M. Rondeau entre dans le marché, devaient les faire importer d’Europe. Pour sa part, la violette est environ 25% plus sucrée que la verte.    C’est en examinant ce qui se faisait dans les marchés extérieurs, comme l’Europe, que M. Rondeau réussit à acquérir de nouvelles techniques, ainsi que de nouveaux produits et équipements. «Toutes les machineries que j’ai, comme celles pour améliorer le tri, viennent de l’Europe, car ici, nous ne sommes pas assez nombreux pour que les compagnies veulent développer des outils qui pourraient augmenter notre productivité.»  

Entre ses rangs d’asperges, le producteur a aussi commencé à intégrer un engrais vert, du seigle, afin d’enrichir son sol, mais aussi pour faire un petit écran aux asperges contre le vent. Une technique qu’il est aussi allé chercher à l’international. « Si je regarde le producteur d’à côté et qu’il me regarde, nous n’avancerons pas. C’est en allant voir ailleurs qu’on peut faire des pas de géants», a expliqué Mario Rondeau.  

Côté distribution, les Asperges Primera se retrouvent principalement dans cinq grossistes de Montréal, dans les restaurants et dans les kiosques de vente à même la ferme. L’an dernier, le producteur a aussi exporté environ 3500 livres aux États-Unis. Il faut noter que la mise en marché des asperges est également complexe puisqu’il y en a des fines, des moyennes et des grosses. Le producteur doit trouver l’équilibre entre ces différents produits et composer avec les particularités du Québec. « Ici, c’est une des seules places au monde où les consommateurs préfèrent les asperges fines aux grosses! »   

 

Lanaudière, un pôle pour les asperges 

Lanaudière est l’une des plus grosses régions productrices d’asperges selon M. Rondeau. Trois gros producteurs sont d’ailleurs situés à Saint-Thomas sur des anciennes terres à tabac. Comme l’asperge déteste avoir les racines qui baignent dans l’eau, elle a besoin d’un sable qui se draine facilement et c’est pourquoi les terres à tabac sont idéales. Les deux cultures sont toutefois totalement différentes. « Quand j’ai acheté, je ne connaissais pas ça du tout, je n’avais jamais même mangé une asperge fraîche! » M. Rondeau ajoute qu’il avait une terre et des tracteurs, mais qu’il devait recommencer à zéro et réapprendre à travailler avec de nouvelles techniques. « La transition a été assez difficile, mais je ne reviendrais pas en arrière. On faisait une belle qualité de tabac, mais nous avions une image négative. Aujourd’hui, nous faisons des asperges et des cerises de terre, les gens sont contents, aiment nos produits et notre image est respectable», a ajouté M. Rondeau qui est aussi le plus gros producteur de cerises de terre sur la Rive-Nord.  

Beaucoup de main-d’œuvre 

Comme presque tout se fait manuellement, la culture d’asperges nécessite un grand besoin en main-d’œuvre qui est parfois difficile à combler. « J’ai 22 travailleurs mexicains et j’avais une dizaine de travailleurs locaux, mais c’est de plus en plus difficile à trouver. Dans un avenir proche, ce sera seulement des travailleurs étrangers, c’est triste comme constat, mais s’il n’y avait plus de travailleurs étrangers on mangerait seulement des légumes des États-Unis…» 

Un aide-mémoire 

Afin que les gens se souviennent de la période des asperges, qui est hâtive comparativement aux autres fruits et légumes, M. Rondeau donne comme aide-mémoire de la fête des Mères jusqu’à la fête des Pères! 

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