23 avril 2019

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©(Photo L'Action - Guillaume Morin) - L'Action

Selon Sandro Échaquan, près de 43% de la population de Manawan a moins de 18 ans.

Lancé en 2015, le projet du Centre Mihawoso à Manawan représente la première initiative d’implantation d’une clinique de pédiatrie sociale dans une communauté des Premières Nations vivant sur le territoire d’une réserve. Malgré son côté novateur et les besoins criants de la communauté, le projet a essuyé plusieurs difficultés, spécialement concernant le financement. Pris dans une querelle de juridictions entre Québec et Ottawa, la réussite du projet fut menacée. Malgré un premier refus en août dernier, le gouvernement québécois a revu sa décision et décidé de contribuer au financement avec le gouvernement fédéral. 

Finalement mis en place à l’automne dans la continuité du Centre Mère-enfant, le centre Mihawoso a débuté le 16 avril dernier son volet clinique. Depuis quelques mois, le Centre offrait déjà des services liés au volet communautaire.  

Une approche fondée sur les traditions et valeurs atikamekw  

Pour le directeur du Centre Mihawoso, Sandro Échaquan, la clinique de pédiatrie sociale a pour objectif d’offrir un ensemble de services, tant médicaux, que sociaux et communautaires pour les enfants et leur famille. « Notre objectif est d’offrir de meilleurs soins à nos enfants, alors que notre communauté est isolée et située loin des ressources existantes » souligne-t-il.  

Le projet de pédiatrie sociale mis de l’avant à Manawan s’inspire du modèle développé par le docteur Gilles Julien. Le Centre Mihawoso est d’ailleurs soutenu par la Fondation de ce dernier. Il s’agit d’une approche de la pédiatrie non pas seulement axée sur la médecine, mais également sur les aspects communautaires, la famille et les droits de l’enfant. Particularité propre au Centre Mihawoso, l’approche est également orientée dans le respect des valeurs et la conception de la famille chez les Atikamekw.  

Au-delà de l’aspect médical, M. Échaquan voit en ce type d’initiative une façon d’assurer la sécurité culturelle atikamekw et une manière pour sa communauté de se réapproprier son identité.  

Nombreux enfants en situation de vulnérabilité 

Selon M. Échaquan les défis sont nombreux pour la communauté de Manawan. Selon les dernières données, plus de 43% de la population a moins de 18 ans et l’accès aux différents services sociaux et de santé liés à l’enfance est difficile vu l’isolement géographique de la communauté. Originaire de la communauté M. Échaquan est bien conscient des divers problèmes auxquels elle est confrontée. La pauvreté, le décrochage scolaire et le surpeuplement des logements sont monnaie courante à Manawan. Selon lui, de nombreux enfants souffrent également d’insécurité alimentaire.  

Dans ce contexte, la mise en place de services liés à la pédiatrie sociale semble appropriée et plus que nécessaire pour la communauté. Outre les soins cliniques, le Centre Mihawoso propose diverses activités, telles que la cuisine communautaire, et offre plusieurs services sociaux aux familles, tels que des rencontres de groupe et l’accompagnement avec un travailleur social.  

Plusieurs défis à surmonter  

M. Échaquan souligne que les défis restent nombreux pour le Centre Mihawoso. Malgré le règlement de la question financière, le recrutement de personnes qualifiées reste difficile dû à l’éloignement de la communauté, malgré tout, le centre compte une équipe diversifiée composée d’un médecin, d’infirmiers, de travailleurs sociaux et d’une technicienne en nutrition, sans compter les membres de l’équipe chargée du volet communautaire.  

M. Échaquan se dit ainsi confiant pour l’avenir du Centre et souligne d’ailleurs le vaste appui de la communauté et du Conseil de bande à ce projet. « C’était très attendu ici à Manawan et on est déjà presque complet pour les consultations cliniques », conclut-il.