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16 avril 2019

Contraintes à mettre leur vie personnelle de côté

CISSS Lanaudière

Infirmières

©(Archives) - L'Action

De nombreuses infirmières dénoncent le temps supplémentaire obligatoire, mais également leurs conditions de travail.

ACTUALITÉ. Surcharge de travail, temps supplémentaire, équipe réduite, fatigue et épuisement. Voici ce qui caractérise la réalité de nombreuses infirmières. Alors que l’actualité de la dernière semaine fut marquée par les moyens d’action pris par les infirmières pour dénoncer le temps supplémentaire obligatoire, L’Action s’est entretenu avec une infirmière du Centre hospitalier de Joliette afin de brosser le portrait de la situation et montrer l’impact de la dégradation des conditions de travail de ces dernières sur leur vie personnelle et familiale. Un compte-rendu de Christian Belhumeur-Gross.

Vanessa est une jeune infirmière dans la fin vingtaine qui exerce sa profession au CISSS Lanaudière à Joliette depuis 9 ans. Une fois ses études complétées, elle a débuté sa carrière à Joliette en 2010 en travaillant d’abord aux soins palliatifs et par la suite, à la natalité. Pour Vanessa, la profession d’infirmière est plus qu’une simple profession, c’est une vocation qui nécessite d’avoir à cœur le fait de prendre soin des gens et de faire preuve d’empathie pour ce qu’ils vivent. C’est précisément ces deux qualités qui l’ont motivée à choisir d’exercer ce métier. Malgré sa passion et son dévouement pour ses patients, Vanessa a rapidement dû faire face à une réalité bien différente de ses perceptions initiales à l’égard de sa profession et de ce qu’elle a vu durant ses études.  

« Lorsque j’ai décidé de devenir infirmière, mon entourage était sceptique par rapport aux conditions de travail de même qu’à la qualité de vie liée à cette profession. Mais j’ai choisi cette voie car je savais que c’était ce que je voulais faire et j’étais prête à accepter des sacrifices » souligne-t-elle. Dès ses premières années, elle a rapidement constaté les conditions de travail parfois difficiles, la pression constante pour faire du temps supplémentaire, le manque de personnel, l’imposition du temps supplémentaire obligatoire, les quarts de travail qui se cumulent et l’épuisement. « J’ai l’impression que ça a toujours été difficile pour les infirmières, mais ça semble aller de pire en pire chaque année » indique-t-elle.  

Une vie personnelle mise en veilleuse  

Selon Vanessa, mais également de nombreuses collègues, de même que la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), le manque de personnel ainsi que la gestion des horaires jettent une pression énorme sur les infirmières. Dans plusieurs départements, elles sont souvent en sous-effectif ce qui nécessite le recours au temps supplémentaire. Selon Vanessa, il y a une forte pression sur les infirmières pour faire du temps supplémentaire et ainsi combler les trous. Elle dit être sollicitée presque à chaque jour pour faire des heures supplémentaires. « C’est une situation très difficile, parfois on doit rester à la fin de notre quart de travail pour couvrir une absence, on doit parfois faire deux quarts, donc travailler un 16 heures, retourner à la maison dormir un peu et manger rapidement et ensuite revenir faire son quart de travail normal. Ça devient très difficile. »  

Au-delà de l’épuisement, ce manque de personnel et la pression sur les infirmières qui en découle rend difficile la conciliation travail-famille selon Vanessa. « C’est notre vie personnelle qui écope, nos projets, notre famille. Déjà que nous avons des horaires de travail pas toujours évidents, en plus nous devons ajouter du temps supplémentaire et on n’est pas toujours certains de l’heure à laquelle on pourra rentrer à la maison. Plusieurs de mes collègues sont mères de famille et ça leur crée un stress important ».  

Pour Vanessa, les infirmières ne devraient pas avoir à subir cette pression constante et cette crainte de devoir rester à la fin de leur quart de travail. « On a l'impression de devoir constamment se justifier de ne pas vouloir faire du temps supplémentaire. On ne devrait pas avoir à se justifier de ne pas vouloir mettre notre vie en dehors de l’hôpital de côté » insiste-t-elle.  

Des pistes de solution 

Vanessa, comme l’ensemble de ses collègues, avance de nombreuses solutions pour améliorer les conditions de travail et réduire le recours au temps supplémentaire obligatoire. Elle souligne d’ailleurs l’ouverture de ses supérieurs immédiats qui sont à l’écoute du personnel et tentent de mettre des solutions en place. Elle souligne cependant que les délais sont longs et que la direction est souvent fermée aux propositions des infirmières.  

Parmi les principales solutions proposées, Vanessa insiste sur l’importance de réduire les délais pour combler les postes vacants. Elle souligne également que les rehaussements de personnel annoncés sont un pas dans la bonne direction. De façon générale, elle est d’avis qu’il faut cesser de simplement “patcher” les trous ici et là et mettre en place des ressources supplémentaires afin d’assurer un réel soutien aux infirmières.  

Le patient au cœur des préoccupations  

Pour Vanessa, les conditions de travail difficiles n’ont pas seulement un impact sur les infirmières, mais également sur les patients. Des départements fonctionnant à effectif réduit et des infirmières épuisées qui cumulent les quarts de travail créent des situations qui risquent de compromettre la qualité des services dispensés et la sécurité des patients. « Malgré la fatigue et la lourdeur de la tâche, nous devons rester concentrées et alertes. Dans notre travail, on n’a pas le droit à l’erreur. » Selon elle, une amélioration des conditions des infirmière aurait un impact positif sur la qualité des services prodigués.  

L’une des plus belles professions  

Malgré le temps supplémentaire obligatoire, la fatigue et la lourdeur des tâches, Vanessa reste passionnée et confiante pour la suite des choses. Selon elle, les problèmes vécus par les infirmières peuvent rapidement être réglés si la direction décide d’adopter les solutions proposées par ces dernières. Malgré ce qui est véhiculé dans l’actualité, elle encourage également les futures infirmières à persévérer et poursuivre leur rêve, car ça reste selon elle l’une des plus belles professions.  

Commentaires

17 avril 2019

Mario Bibeau

Bravo aux infirmières, préposées, nous avons vécus simultanément une longue période au CISSS avec des parents malades et le décès de notre mère. Sans leur présence, leur dévouement et leur empathie cette période aurait été horrible. Merci et vous méritez mieux.

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