Des cadres opèrent une succursale de Joliette pendant la grève des employés syndiqués

©Photo L'Action - Geneviève Geoffroy

Une vingtaine d'employés syndiqués de la SAQ ont manifesté le 17 juillet 2018 devant la succursale du boulevard Firestone à Joliette lors d'une première journée de grève.

GRÈVE. Ils étaient une vingtaine d’employés de la Société des alcools du Québec (SAQ) à manifester devant les locaux de la succursale du boulevard Firestone, à Joliette, aujourd’hui, après avoir quitté leur lieu de travail en matinée pour une première journée de grève déclenchée par les 5500 syndiqués de l’ensemble des succursales à travers le Québec.

Les employés manifestaient tout juste à l’entrée des portes du local occupé par la SAQ, alors que des directeurs étaient en fonction à l’intérieur afin de servir les clients. En effet, parmi les 404 succursales de la SAQ dans la province, une soixantaine d’entre elles ont rouvert leurs portes avec du personnel-cadre en fonction.

« Nous regrettons de ne pouvoir vous offrir le service et l’expérience habituels en cette période de conflit de travail. Dans ce genre de circonstances, nous n’avons qu’un seul objectif : réduire l’impact de ce conflit sur vos habitudes d’achat » indiquait la SAQ sur son site internet.

Les employés syndiqués ont quitté leurs postes vers 10h.

Pendant le passage de L’Action, aucun client n’a brisé la ligne de piquetage des employés pour aller se procurer de l’alcool.

À la succursale du centre-ville, des clients se sont butés à des portes closes. Une affiche avait été installée dans la porte du local mentionnant qu’elle était fermée en raison d’un conflit de travail.

Mandat accordé

Le déclenchement de cette grève par l’ensemble des employés syndiqués de la SAQ survient après que ceux-ci aient accordé, dans une proportion de 91%, un mandat de grève de six jours à leur syndicat.

En juin, 42 assemblées ont eu lieu à travers le Québec afin que les membres se prononcent sur ce mandat de grève après que leurs délégués syndicaux aient décidé, le 28 mai, lors de leur conseil général tenu à Joliette, de les consulter sur ce moyen de pression puisqu’ils jugeaient que les négociations avec l’employeur piétinaient et que les demandes de la société d’État impacteraient sérieusement leurs conditions de travail.

Litige

La conciliation travail-famille et la stabilisation des emplois sont au cœur du litige entre le syndicat et la SAQ.

Lors du conseil général, Katia Lelièvre, présidente du Syndicat des employé(e)s de magasin et de bureau de la SAQ, mentionnait que l’employeur demandait plus de flexibilité et de mobilité à ses employés, ce qui, selon elle, imposerait un recul important quant à la possibilité de concilier le travail et la famille, ainsi que d’avoir une stabilité d’emploi.

Elle soulignait aussi que la majorité, soit 70%, des employés, avaient un emploi à temps partiel et travaillaient en moyenne peu d’heures par semaine, ce qui, selon elle, en faisait des emplois à statut précaire.

La convention collective des employés de la SAQ est échue depuis un an et demi.

Une entente souhaitée

La SAQ a affirmé à L’Action, par la voie de son porte-parole Mathieu Gaudreault, qu’elle souhaitait en venir à une entente négociée le plus rapidement possible.

Des négociations entre les parties étaient d’ailleurs en cours au moment d’écrire ces lignes. Une nouvelle rencontre de négociations est prévue jeudi.

Le porte-parole a affirmé que la SAQ ne commenterait pas l’utilisation des journées de grève par ses employés syndiqués.

Il a ajouté que la société d’État ne contrevenait à aucune loi sur le travail en permettant à des cadres d’opérer des succursales pendant la grève de ses employés syndiqués.

Au moment de mettre en ligne, le syndicat des employés de la SAQ n’avait pas encore rappelé L’Action.

La succursale de la SAQ du centre-ville de Joliette était fermée le 17 juillet 2018 en raison de la grève des employés syndiqués.