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11 décembre 2018

Les spectres d’une saison morte

Par Audrey Beaulieu. Le soir du 31 octobre, les rues de Joliette grouillent de petits monstres en quête de sucre, ignorant les esprits qui refont surface en cette fête de la mort. Pourtant, les êtres décédés font bel et bien sentir leur présence, et c’est à la lueur des lampions, au Mystral, qu’un groupe d’une vingtaine de personnes se rassemble pour les accueillir et leur rendre hommage. Il n’y a pas que des Joliettains rassemblés dans la petite boutique ésotérique Nouvel Âge de la place Bourget.

« Ça m’a pris deux heures de route de Montréal jusqu’ici! Tu sais, quand il y a tellement de bouchons de circulation que tu demandes à tes guides spirituels d’en tasser quelques-uns… », blague Mathieu, un jeune homme dans la trentaine. Comme tous les autres, il est ici pour célébrer Samhain, c’est-à-dire le passage de la saison claire à la saison sombre dans la tradition celte, mais aussi pour honorer les êtres chers décédés.  En cette nuit où le voile entre le monde des vivants et des morts se fait plus mince, plusieurs espèrent arriver à entrer en contact avec leurs proches qui ont trépassé.

En entrant dans la salle, chaque participant allume une chandelle en souvenir d’une personne décédée. Chacun prend ensuite place autour d’une table où trônent d’autres cierges, un mélange d’herbes, un bol tibétain et d’autres objets mystiques. Après s’être tenu les mains afin de lever un cercle d’énergie, les participants joignent leur voix à celle de la grande prêtresse afin d’invoquer les quatre éléments. Un texte en souvenir des disparus est ensuite lu, un moment de silence est observé, puis, un à un, les gens en recueillement se lèvent. Ils lancent dans un seau plein de flammes une poignée d’herbes en guise d’offrande. La pièce ainsi enfumée, les esprits sont remerciés de leur présence, le cercle est brisé et le rituel prend fin.

En mangeant des beignets afin de reprendre des forces après avoir dépensé toute cette énergie psychique, les convives échangent sur ce qui les a poussés à se tourner vers la spiritualité Nouvel Âge. Pour Diane Loiselle, propriétaire de la boutique Mystral, le déclic fut assez éloquent. « Quand tes guides spirituels te bloquent les deux jambes, c’est un signe assez clair qu’il faut que tu changes. » Après avoir pris la décision d’ouvrir sa propre boutique ésotérique en compagnie de sa fille Nathalie Tessier, elle affirme avoir retrouvé l’usage de ses jambes.

De son côté, Viviane, une doyenne du Mystral, partage sa relation unique avec les esprits. « Je les vois et les entends depuis mon enfance. Ils m’apparaissent souvent en rêve, ils ont besoin de mon aide pour passer de l’autre côté. Mes parents les voient eux aussi, mais ils refoulent tout ça à cause de la religion », affirme-t-elle. Elle se décrit comme une « passeuse », avouant qu’elle était assez jeune lorsqu’elle a pris conscience de sa mission : aider les âmes des morts à passer du côté de la Lumière. « C’est vers l’âge de 30 ans que j’ai commencé à en parler. Dans ma famille, c’est vraiment tabou », avoue-t-elle.

Ces tabous sont souvent basés sur les trop courants mythes entourant l’ésotérisme. « J’entends souvent que le pentacle est un symbole démoniaque, que les sorcières volent sur des balais et dansent nues au clair de lune, que tous les esprits sont malfaisants et bien d’autres encore », résume Nathalie Fortin.

Alors que les enfants retirent leur déguisement pour revenir à la réalité en allant dormir, les participants du rituel de Samhain retournent eux aussi à la maison, l’âme en paix, se préparant à recevoir en rêve la visite d’un être cher.

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