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Retour29 mars 2018
Un commerce presque centenaire ferme ses portes à Joliette
La propriétaire d'A. Vincent a accepté de se confier au Journal L'Action

©Photo L'Action - Geneviève Geoffroy
JOLIETTE. C'est le cœur en montagnes russes, mais avec la tête qui lui confirmait qu'elle faisait le bon choix que la propriétaire d'A. Vincent de Joliette a pris la dure décision de fermer les portes de son commerce de vélos fondé par son arrière-grand-père.
« Ma tête me dit que je fais la bonne chose. Le cœur, ça dépend des jours », confie Caroline Éthier, propriétaire d'A. Vincent.
Le 28 mars, elle a annoncé que le magasin fermera ses portes ce printemps, après 92 ans d'opération au même endroit, sur la rue Lajoie Sud, près de la rue de Lanaudière.
Une page d'histoire
Avec la fermeture de ce commerce, c'est une page d'histoire qui se tourne au centre-ville de Joliette.
En effet, le magasin A. Vincent fait partie du paysage de Joliette depuis 1926, année où l'arrière-grand-père de Caroline Éthier, Angelbert Vincent, avait acheté six vélos pour démarrer l'entreprise.
Vieillissant, c’est sa fille, Jacqueline Vincent, qui a pris la relève de l'entreprise. Puis, deux de ses enfants, Vincent et Denis, ont commencé à leur tour à travailler dans le magasin avec leur mère. À 38 ans, Vincent a proposé à sa mère de racheter les parts de l’entreprise familiale avec son frère.
Le 1er janvier 2008, c’était au tour de Caroline Éthier de devenir propriétaire du commerce qu'elle administre depuis avec son conjoint, Simon Lavoie.
Décision réfléchie
Le choix de fermer le magasin est une décision mûrement réfléchie pour Caroline Éthier.
« Ça fait environ deux ans que nous y pensons », mentionne-t-elle.
Depuis 10 ans, la propriétaire a dû faire face à une baisse graduelle de ses ventes, notamment, selon elle, en raison d'une profonde transformation du commerce de détail, ainsi que du changement du mode d'achat des consommateurs.
« L'achat local est devenu très large. Ce n'est plus juste Joliette, commente-t-elle. Dans mon jeune temps, aller à Montréal était une sortie. Maintenant, on peut aller à Montréal, Repentigny et Laval dans une même journée. Il y a aussi le Web qui est international. »
Compétition
L'achat en ligne est en hausse et les commerçants, comme elles, doivent parfois se battre contre leurs propres fournisseurs.
« Il y a certains fournisseurs qui vendent eux-mêmes sur le Web. Des fois, ils vendent moins cher que nous, et s'ils vendent au même prix, les clients, s'ils retournent la marchandise, ils la reprennent sans frais. C'est un peu dur d'accoter ça. Moi, si vous m'avez commandé un chandail et qu'il ne fait pas, il demeure dans mon inventaire ou je peux le retourner, mais je dois payer 25 % du montant », décrit-elle.
Caroline Éthier, qui vend de la marchandise haut de gamme, affirme qu'elle doit aussi faire face à la compétition des magasins à grande surface.
« Environ 74 % des vélos sont achetés dans les magasins à grande surface. Ils font mal parce qu'ils ne vendent pas cher. Et, le service, pour les gens, ne semble plus être une plus-value », estime-t-elle.
« Simplement cette année, nous sommes, pour un de mes fournisseurs, le quatrième commerce de vélos qui ferme sur la Rive-Nord », ajoute-t-elle.
Plusieurs scénarios
Avant de prendre la décision de fermer le magasin, Caroline Éthier a essayé plusieurs scénarios afin d'attirer la clientèle.
« Nous avons ajouté de l’équipement pour la course à pied, nous avons retiré les items de hockey, nous avons changé les heures d'ouverture, on a ajouté des articles de patinage artistique, mais ce n'est pas ça qui a donné un plus pour continuer », mentionne-t-elle.
Du stress
Faire face à cette situation aura créé du stress à Caroline Éthier, un facteur qui a joué dans la décision qu'elle a prise.
« Quand on vit avec un stress, qu'on essaie de trouver des solutions, quand on ne dort pas bien… Je n'ai pas non plus vu beaucoup mes enfants au cours des 10 dernières années. Un plus un, ça fait deux. On a choisi de se retirer et d'avoir moins de stress », explique-t-elle.
Le magasin demeurera ouvert jusqu'à ce que l'inventaire soit complètement liquidé.
« Ensuite, je vais prendre le temps de me reposer », dit-elle.
Commentaires
6 juillet 2022
jacques léveillé
j ai 67 ans ,a 7 ans mon pere avais acheter 3 vélo pour la famille! c étais du solide comme vélo! il s appelais angelbert aussi mon pere!