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Retour30 mai 2017
De travailleur à bénéficiaire de l'aide sociale
L'homme de Rawdon qui avait lui-même des préjugés se bat maintenant contre eux
©Photo TC Media - Geneviève Geoffroy
TÉMOIGNAGE. Un homme de 57 ans de Rawdon, qui a travaillé pendant 30 ans comme horticulteur avant de devoir bénéficiaire de l'aide sociale en raison d'arthrose dans sa colonne vertébrale, affirme qu'il a perdu toute dignité quand il a dû se résigner à vivre aux crochets de l'État. Aujourd'hui, il se bat pour contrer les préjugés auxquels ces personnes sont confrontées.
« Quand j'ai signé mon nom au bas de la feuille [de demande d'aide sociale], ma vie venait de changer », affirme Jacques Deslauriers qui travaillait depuis 30 ans comme horticulteur quand l'arthrose l'a rendu invalide.
« Un moment donné, tu perds toute ta dignité », lance-t-il.
Perdu ses amis
Jacques Deslauriers a dû changer de logement parce qu'il coûtait beaucoup trop cher pour ses nouveaux revenus d'aide sociale, lui qui gagnait en une semaine ce qu'il reçoit maintenant par mois pour subvenir à ses besoins.
Il a perdu ses amis qui ont fini par ne plus l'inviter à des sorties parce qu'il n'avait pas d'argent. Il a dû retourner vivre quelque temps chez ses parents, à Saint-Félix-de-Valois, le temps de se trouver un endroit où vivre dont il pourrait assumer les frais.
« C'est “rough”, c'est sûr. Je subvenais à tous mes besoins et je suis tombé à être obligé d'aller dans des banques alimentaires pratiquement du jour au lendemain », explique-t-il.
Préjugés
Jacques Deslauriers ne s'en cache pas. Quand il travaillait, il affirme qu'il avait les mêmes préjugés envers les bénéficiaires de l'aide sociale dont il est lui-même victime aujourd'hui.
« Je pensais qu'ils ne voulaient pas travailler, qu'ils boivent leur chèque, qu'ils n'étaient pas intelligents, qu'ils n'avaient pas de culture », raconte celui qui a deux certificats universitaires en poche.
« Mes parents ont complètement changé la manière de me voir, ils ne disent pas que je vis de l'aide sociale, ils disent que je suis à Action Dignité Lanaudière », affirme-t-il.
Bénévolat
En effet, depuis 2015, le Lanaudois est devenu bénévole pour cet organisme venant en aide aux personnes à faible revenu pour « tenter de faire changer les choses ». Il représente aussi l'organisme au Collectif pour un Québec sans pauvreté et participe au Front commun des personnes assistées sociales du Québec.
« Je veux combattre les préjugés et donner un revenu décent à ces gens pour qu'ils soient au moins capables de combler leurs besoins de base », explique-t-il.
Avec son bénévolat, Jacques Deslauriers affirme qu'il a retrouvé de l'estime personnelle et un sentiment de dignité.
« J'ai le sentiment de continuer à participer à l'avancement de la société », dit-il.
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