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18 mai 2018

De voisins d'enfance à hauts gradés dans les Forces armées canadiennes

©Photo – MDN/FAC Cpl Michael MacIssac

ENTREVUE. Deux voisins d'enfance de la même génération ayant grandi à quelques maisons l'un de l'autre, sur la rue Labrecque à Notre-Dame-des-Prairies, ont, sans le savoir, fait le même choix de s'enrôler dans les Forces armées canadiennes pour défendre leur pays. Au cours des années, ils ont chacun gravi les échelons du corps des officiers dans la Marine et l'Aviation royales canadiennes, puis ils se sont récemment distingués avec des promotions à des grandes supérieurs parmi les plus importants des Forces armées canadiennes. Pour l'occasion, le Journal L'Action s'est entretenu avec le commodore Josée Kurtz et le colonel Pierre Viens.

Journal L'Action: Commodore Josée Kurtz, colonel Pierre Viens, quel était votre lien lorsque vous étiez jeunes?

Colonel Viens: Mme Josée Kurtz était l’amie de ma sœur, Marie-Josée.

Commodore Kurtz: Comme grand frère de mon amie d'enfance, il était peu intéressé à nos affaires de petites filles. Parfois on jouait au Monopoly et il jouait avec nous. Je suis pas mal certaine que ce n’était pas moi qui gagnais…!

Journal L'Action: Comment avez-vous réagi quand vous vous êtes revus en 2000 au Collège militaire de Kingston en Ontario?

Colonel Viens: C'était une joyeuse surprise d'apprendre qu’elle était dans les Forces. Je n’en avais aucune idée. J'étais complètement surpris, quand je l'ai vue!

Commodore Kurtz: Ce fut une agréable surprise. Je me souvenais qu’il était militaire, mais je fus impressionnée par son parcours académique.

Journal L'Action: Pourquoi vous êtes-vous enrôlés dans les Forces armées canadiennes?

Colonel Viens: Pour défendre le pays.  C'était le top de l'ère nucléaire, nous étions alors dans la Guerre froide. On en discutait à la maison. Je me suis dit: « aussi bien faire quelque chose pour défendre le pays ».

Commodore Kurtz: Pour servir mon pays, bien sûr, mais aussi pour la structure, la discipline et l’aventure. Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu porter un uniforme.

Journal L'Action: Quelle est la principale qualité que l'on doit avoir dans les Forces armées canadiennes ?

©2018 DND-MDN Canada

Pierre Viens, 54 ans, voulait à tout prix voler sur un porte-avion depuis qu'il avait vu, dans sa jeunesse, un film dans lequel les porte-avions se promenaient dans le temps. En 1981, à l'âge de 17 ans, il s'est enrôlé dans les Forces armées canadiennes p

Colonel Viens: De la détermination. Parce que dans les forces canadiennes, il faut que tu gagnes ce que tu veux. Ça ne t'est pas donné. Il faut avoir un but, qu'il soit aussi simple qu'une petite tâche et, il ne faut surtout pas lâcher parce que ce n'est pas toujours facile. Par exemple, j'ai récemment complété deux ans à vivre seul à Winnipeg, alors que ma femme s'occupait de mes deux enfants autistes en Ontario. Alors ce n'est pas seulement une détermination personnelle, mais aussi familiale.

©Photo - Master Corporal Carole Gosselin Canadian Forces Support Unit (Ottawa) - Imaging Services ©2017 DND-MDN, Canada

Du plus loin qu'elle se souvient, Josée Kurtz a toujours été attirée par les professions en uniforme et a toujours voulu être militaire. À l'âge de 20 ans, en 1988, elle s'est enrôlée dans les Forces armées canadiennes (FAC) et a entrepris une formation i

Commodore Kurtz: Le goût de l’aventure et la ténacité. L'entraînement n'est pas facile et nous devons être rigoureux parce que l'environnement de travail est difficile et à haut risque. Il faut être très préparé pour les appels à venir. On ne peut pas se permettre d'essayer et de ne pas réussir du premier coup. Il faut avoir la force d'aller plus loin, jusqu'à atteindre notre limite. Aussi, l'esprit d'équipe est primordial. Il n'y a rien dans les Forces que nous puissions accomplir seuls. Sur un navire, tout le monde a un rôle, tout le monde doit travailler ensemble.

Journal L'Action: Colonel Viens, pourquoi avoir choisi l'Aviation royale canadienne?

Colonel Viens: Je voulais voler sur un porte-avion. Dans les années 1980, j'ai vu un film dans lequel les porte-avions se promenaient dans le temps. C'est parce que j'ai vu ce film que j'ai vu que ce serait intéressant de voler sur un porte-avion. Les Forces n’ont pas de porte-avions donc, la seule façon de voler était l’Aviation royale du Canada.

Journal L'Action: Commodore Kurtz, pourquoi avoir choisi la Marine royale canadienne?

Commodore Kurtz: Je voulais me joindre aux Forces armées canadiennes, mais je n’avais pas de choix d’occupation en particulier. Quand je me suis présentée au Cendre de recrutement en 1988, la Marine ouvrait tout juste ses portes aux femmes pour le service opérationnel en mer. À l’époque, j’étais dans les cadets de la Marine à Joliette, alors on m’a offert de m’enrôler comme officier de Marine. J’ai tout de suite accepté et je n’ai jamais regretté.

Journal L'Action: Quel est le souvenir le plus marquant de votre carrière?   

Colonel Viens: Quand le Commandant de l’Aviation royale du Canada a accepté ma suggestion de renomme mon unité. En 2015, j'ai pris le commandement de l'École d'étude d'aérospatiale des forces canadiennes et le 18 juin 2017, le Commandant de l'Aviation royale du Canada a accepté que cette unité soit renommée Collège de l’Aérospatial Lieutenant-Colonel William G. Barker, VC, de l’Aviation royale du Canada (ARC). Je voulais vraiment que l'unité soit nommée selon le rôle qu'elle avait depuis plusieurs années et qu’elle commémore l’aviateur canadien le plus décoré.  Le Collège Baker donne des cours de formation professionnelle et de formation technique aux membres de l’ARC.

Commodore Kurtz: Lorsque j’ai eu l’opportunité d’amener mon père, Réjean Boisclair, en mer pour une semaine alors que j’étais commandant. Pouvoir lui montrer et  non juste essayer de lui expliquer ma carrière en l’impliquant dans la routine du navire fut un beau moment, mais parmi bien d’autres.

Journal L'Action: Colonel Viens, vous avez accompli des périodes de service à l’étranger, notamment à Eindhoven, aux Pays‑Bas, où vous avez appuyé la Force internationale d’assistance à la sécurité en Afghanistan au cours d’une affectation de sept mois. Parlez-nous de votre rôle.

Colonel Viens: Je m’occupais de synchroniser les vols (arrives/départs) des aéroports en Afghanistan, en support du contingent canadien pendant la guerre en Afghanistan. C'était un rôle quand même assez important puisqu'il était nécessaire pour les troupes d'avoir du ravitaillement en nourriture, en vêtement, en huile, etc. C'était un rôle-clé, je crois, pour que nous puissions continuer nos efforts en Afghanistan.

Journal L'Action: Commodore Kurtz, vous avez été déployée avec le Premier Groupe opérationnel maritime de l’OTAN, puis redirigée, à court avis, sur une mission d’escorte d’aide humanitaire contre la piraterie dans la région de la corne africaine, alors que vous étiez commandant en second du NCSM Ville de Québec entre 2007 et 2009. Parlez-nous de cette mission.

Commodore Kurtz: Nous nous sommes déployés en juillet 2008 pour une mission de six mois au sein de l’OTAN. À peine arrivés en Méditerranée, le navire a été redirigé en soutien aux Nations Unies pour escorter des navires-cargos transportant des denrées humanitaires vers la Somalie. Comme on peut imaginer, étant donné le risque dans les eaux infestées de pirates nous étions constamment au plus en état de préparation tout au long de la mission et la vigie était à la fine pointe. Nous avons fait des escortes pendant deux mois, après quoi nous avons rejoint notre mission originale avec l’OTAN. La mission était exigeante, mais c’était rassurant de savoir que nous avons contribué à aider un peuple affecté par la famine.

Journal L'Action: Colonel Viens, au cours de votre carrière, vous avez accumulé plus de 2 000 heures de vol et vous avez été affecté à de nombreuses reprises au 405e Escadron de patrouille maritime à Greenwood, en Nouvelle-Écosse. Vous y avez exercé de nombreuses fonctions et occupé des postes supérieurs, tels que commandant de mission et commandant d’escadrille. Lors d'une opération, vous avez sauvé des pêcheurs de la mort.

Colonel Viens: Oui. Nous faisions une patrouille et nous avons entendu « Mayday » d'un bateau de pêche. Pendant les 10 heures suivantes, nous avons survolé le bateau dans l'attente qu'un autre bateau vienne les secourir parce que le navire coulait. L'équipage de quatre a été sauvé et les membres sont venus à notre rencontre, à Greenwood, où ils nous ont remis une plaque de remerciements.

Journal L'Action: Commodore Kurtz, vous avez commandé le NCSM HALIFAX de 2009 à 2011, navire avec lequel vous avez réalisé le plus grand moment de votre commandement avec votre participation à la mission humanitaire en Haïti suite au tremblement de terre qui a dévasté le pays en janvier 2010. Parlez-nous de votre expérience.

Commodore Kurtz: C’est de loin l’expérience la plus gratifiante, sur le plan professionnel et personnel. Comme commandant d’un navire de guerre, mon équipage était formé au service en mer. Ce fut un défi et une responsabilité unique de les envoyer à terre dans les conditions d’un pays dévasté et face à ces gens dans le besoin. De voir la souffrance humaine a été difficile. Quand on est dans un environnement maritime, nous ne sommes pas habitués autant que les militaires de terrain à voir la souffrance de si près. Ceci dit, cette mission a démontré la flexibilité et l’agilité que l’entraînement opérationnel maritime nous donne, en plus de la détermination et de la générosité de tout un chacun. Personnellement, Haïti m’a fait découvrir un peuple merveilleux et m’a rappelé combien on est choyé ici au Canada.

Journal L'Action: Colonel Viens, commodore Kurtz, de quoi êtes-vous le plus fier parmi vos accomplissements au sein des Forces armées canadiennes?

Colonel Viens: Être le commandant d’une unité, d’avoir pu la faire renommer et faire agrandir sa présence dans le perfectionnement professionnelle des forces aériennes.

Commodore Kurtz: D’avoir pu réconcilier carrière et famille et continuer à servir, sans réserve.

Journal L'Action: Colonel Viens, commodore Kurtz, qu'aimez-vous le plus de votre carrière au sein des Forces armées canadiennes?

Colonel Viens: La camaraderie, la possibilité de changer d’emploi régulièrement. Pour ce qui est de la camaraderie, on dit que nous sommes beaucoup, nous sommes 68 000, mais c'est tout petit. Tu peux passer une année ou deux sans parler à quelqu'un.  Quand on retrouve une personne, c'est comme si tu venais de juste la laisser. C'est la même chose avec le commodore Josée Kurtz. L'espace-temps n'existe plus.

Commodore Kurtz: Les défis et l’esprit d’équipe. L’environnement militaire est très structuré, mais on ne sait jamais les opportunités que l’avenir réserve, que ce soit la prochaine affectation ou une mission imprévue. Notre entraînement nous prépare très bien à réagir à court avis et lorsqu’une telle occasion se présente, on travaille au sein d’une équipe en qui on peut compter. Et on se tisse des amitiés pour la vie.

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