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13 mars 2018

Mélissa Blouin - mblouin@medialo.ca

Un ancien militaire charlois sélectionné pour des jeux mondiaux

Seulement deux Québécois y participeront 

©(Photo L'Action- Guillaume Morin)

REPORTAGE. « La vie m'a donné une seconde chance et je veux en profiter», a déclaré celui qui vient d'être sélectionné pour les Jeux Invictus 2018, Martin Plouffe. Le résident de Saint-Charles-Borromée est l'un des deux seuls québécois choisis afin de participer à cette compétition mondiale équivalente aux Jeux olympiques, mais pour les soldats et les vétérans de guerre blessés.

Pour s'y préparer, l'homme de 50 ans s'entraîne tous les matins au gym, et ce, même s'il lui manque un bras, une jambe et qu'il n'a que trois doigts fonctionnels. « J'ai toujours été sportif et ce n'est pas ça qui va m'arrêter. Ce n'est pas parce que je suis en fauteuil roulant que je vais cesser de vivre», a ajouté celui qui a subi un dommage collatéral lors de sa carrière militaire en 2014. Pour cet homme fonceur, les Jeux Invictus seront un nouveau défi et une belle occasion de faire honneur au Canad

Au total, ce sont 40 Canadiens qui représenteront le pays lors de cet événement d'envergure. Celui-ci se tiendra du 18 au 29 octobre à Sydney en Australie. Plusieurs sports y seront présentés et le Lanaudois devait choisir les trois auxquels il participera. Son choix s'est arrêté sur l'aviron, le rugby et le volleyball. Il aura deux semaines d'entraînement à Vancouver en avril et deux autres à Halifax en juillet.  

« Certains disent qu'il faut y aller pour participer, mais moi j'y vais pour gagner. Pas pour impressionner qui que ce soit, mais pour me dépasser et me prouver que, malgré tout, je suis encore en forme. » L'ancien militaire s'entraîne depuis qu'il est sorti de l'hôpital, il y a deux ans mais, afin d'atteindre son objectif, il a doublé son entraînement au cours des dernières semaines. Plus les Jeux approcheront, plus il «ouvrira les valves à fond».

Il s'entraîne également en allant promener son chien deux heures par jour. Comme il tient la laisse avec son bras, il ne lui reste que sa jambe pour se propulser.  « Beau temps, mauvais temps, neige ou pas, nous y allons toujours et je fais exprès de monter des côtes pour faire travailler ma jambe davantage.»

Le Charlois a toujours été très sportif et croit que c'est en partie cela qui lui a sauvé la vie. Sa force était la course, mais pour le moment, il ne peut plus en faire puisque ses blessures sont trop récentes pour mettre des prothèses sur sa jambe ou sur son bras. Il espère qu'il pourra recourir, ne serait-ce qu'un seul kilomètre un jour, mais déjà le chemin qu'il a parcouru est impressionnant.  

Après son grave accident, il est demeuré deux ans et demi à l'hôpital, dont sept mois sans pouvoir sortir du lit, et a subi environ 28 opérations. « J'étais brisé de partout et je suis reparti de zéro, mais je savais que j'allais arriver à me débrouiller. Je regarde ce que je peux faire et non ce que je ne peux plus faire. » C'est notamment pour cette résilience et ce courage que ses amis ont soumis sa candidature pour les Jeux et qu'il a été sélectionné.

Cela n'a pas pris de temps à l'athlète pour accepter l'invitation. « Je ne pouvais pas passer à côté de ça. Oui, je vais sortir de ma zone de confort, mais ce seront tous des anciens militaires avec des problèmes physiques ou mentaux. Il n'y aura pas de jugement et ça m'a beaucoup influencé à y aller. »

Son chien d'assistance a changé sa vie

©(Photo L'Action- Guillaume Morin)

Martin Plouffe avec son chien Toby et son entraîneuse, Catherine Roberge.

Il y a six mois, Toby, un chien de service de deux ans, a complètement changé la vie de Martin Plouffe en venant briser son isolement. « Dans les deux premiers mois où Toby est arrivé, je suis sorti plus souvent de chez moi que pendant les deux années précédentes. Depuis que je l'ai, ma vie a pris un tournant à 180 degrés. 

Il a ensuite expliqué qu'il est difficile pour un militaire de revenir à une vie civile. « Je peux penser à l'armée près de 300 fois par jour. Un bruit, une parole, une odeur peuvent me ramener en situation de guerre et c'est pour ça que les anciens militaires ont tendance à rester chez eux, ils ne veulent pas être confrontés à ces stimuli.»

Le Charlois veut toutefois apprendre à vivre avec ses souvenirs et c'est pourquoi il n'est plus inquiet de sortir de chez lui, d'autant plus que Toby peut détecter son anxiété et agir pour la contrer. Avec ses quelque 2000 heures d'entraînement, le chien sait qu'une crise approche seulement avec l'haleine de son maître. S'il le sent anxieux, il lui donnera des coups de pattes et de museau pour capter son attention.

De plus, si son maître est trop agité la nuit, Toby le réveillera. « Il fait un travail extraordinaire et m'aide énormément. » Si bien, que Martin Plouffe est incapable de concevoir sa vie sans lui. «Je me demande déjà comment je vais faire sans lui pendant les Jeux Invictus. Ça va me déchirer de ne pas l'amener et je vais vraiment m'ennuyer.»

En plus de contrer son anxiété, Toby facilite les relations sociales de Martin. « Grâce à lui je connais mes voisins et l'approche se fait plus facilement puisque le focus est sur lui et non sur moi. » Cela lui enlève beaucoup d'anxiété et de stress, car il ressentait parfois du jugement par le passé.

« Il n'y en avait probablement pas, mais c'est comme ça que je me sentais. Les militaires sont tous pareils avec leur uniforme, alors en civil, je me sens différent. Surtout avec des problèmes physiques et mentaux. J'ai un peu perdu mon identité en quittant les Forces, je suis seul et je ne peux plus me fier à mes frères d'armes.»  

Il espère que son histoire, son expérience, sa force et son courage pourront démontrer aux militaires, qui n'osent pas sortir de chez eux ou qui vivent la nuit parce que le jour contient trop de sources de stress, que tout est possible. « Nous pouvons vivre après la guerre. C'est une vie différente, mais elle peut être belle et enrichissante», a ajouté celui qui a été dans les Forces armées canadiennes pendant 26 ans. 

Il a notamment été déployé en ex-Yougoslavie et en Afghanistan et même si sa carrière s'est conclue par un accident, il ne la regrette absolument pas. « Si j'avais à recommencer ma vie cinq fois, je referais tout de la même façon. J'aurais donné ma vie avec honneur pour mon pays et ça m'a amené un grand sentiment d'appartenance et de fierté. »

L'autonomie avant tout

Cela fait maintenant deux ans que Martin Plouffe vit seul dans sa maison de Saint-Charles-Borromée et il a appris à se débrouiller. Même si tout est plus long, il veut tout faire par lui-même. Il n'était pas question pour lui de s'acheter des souliers à velcro, de se procurer des plats prêts-à-manger ou de payer quelqu'un pour déneiger son entrée. « J'ai toujours été autonome et ça ne va pas changer! »

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