Des pannes d'électricité répétitives à Manawan

Jean-Roch Ottawa exige des mesures concrètes d'Hydro-Québec

©(Photo L'Action- archives)

REVENDICATION. Face aux multiples et interminables pannes de courant qui affectent sa communauté depuis plusieurs années, le chef des Atikamekw de Manawan, Jean-Roch Ottawa, prend les grands moyens et exige que des mesures concrètes soient prises dès maintenant par Hydro-Québec afin de remédier à cette situation devenue intenable.

La dernière panne aurait privé la communauté autochtone d’électricité pendant plus de 19 heures consécutives au cours desquelles il n'y avait ni chauffage ni eau chaude. « On parle d’êtres humains, de jeunes familles avec des enfants et de personnes âgées qui ont dû rester au froid, dans leurs maisons, en plein hiver, sans savoir combien de temps ils devront endurer une telle situation », a déploré M. Ottawa.

Selon lui, de plus en plus de gens de Manawan se tournent vers l’électricité comme mode de chauffage, délaissant peu à peu le bois, ce qui devient problématique lorsque de longues pannes surviennent. « Ça cause un stress inutile à chaque interruption de service. Tout ça parce qu’Hydro-Québec met en place des solutions insuffisantes », a-t-il ajouté.

Dans le but de faire bouger la société d’État, le chef Ottawa a transmis une lettre au PDG d’Hydro-Québec, Éric Martel, pour lui faire part de cet enjeu vital et l’inviter à le rencontrer afin de déterminer les actions à prendre dans les plus brefs délais.

Bien au-dessus de la moyenne

Un nombre important d’interruptions et de pannes électriques survient chaque année et la situation n’a cessé de s’aggraver au fil des ans. Selon des chiffres qu'aurait fournis Hydro-Québec, en l’espace de seulement huit mois les résidents de Manawan auraient été privés de courant pendant près de 100 heures. Un chiffre anormalement élevé comparativement à d’autres localités du Québec qui ne sont raccordées au réseau par aucune autre ligne de distribution.

À l’échelle du Québec, l’indice de continuité (IC), qui représente la durée moyenne des interruptions de service chaque année, aurait été de 0,31 heure en 2015. Durant la même période, à Manawan, cet indice se serait plutôt situé à 107,1 heures.

« En plus des délais déraisonnables imposés à la clientèle de Manawan, Hydro-Québec priorise d’autres pannes sans fournir d’explications valables. Nous remarquons qu’Hydro-Québec induit délibérément les membres de notre communauté en erreur quant aux délais de rétablissement du service », a continué le chef Jean-Roch Ottawa.

Il a mentionné qu'Hydro-Québec contrevient à ses obligations légales et contractuelles puisqu'une convention, signée en 1979, réitère son obligation de raccorder la communauté de Manawan au réseau de transport d’électricité et d’assurer l’entretien, la réparation et le maintien de celui-ci.

« Comment peut-on justifier une telle disparité par rapport au reste du Québec ? Les Atikamekw de Manawan ne sont pas des citoyens de seconde zone ; ils sont en droit de s’attendre à recevoir le même niveau de service de la part d’Hydro-Québec. Qu’attend la société d’État pour mettre fin à une telle iniquité ? »

Finalement, en plus des impacts directs sur la santé et le bien-être des résidents, l’approvisionnement insuffisant pour satisfaire les besoins de Manawan aurait des conséquences sur le développement économique et social, puisque cela représente un frein pour les entreprises désireuses de s’y implanter et d’y créer des emplois.

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