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31 janvier 2018

Mélissa Blouin - mblouin@medialo.ca

À 70 ans, il complète trois programmes en trois ans

Réal St-Pierre, un étudiant persévérant

©(Photo L'Action- Guillaume Morin)

REPORTAGE. « Il faut vivre ses rêves, il n'y a pas d'âge pour faire ce que l'on veut», a déclaré Réal St-Pierre qui a effectué un retour aux études à l'âge de 68 ans. Depuis, il a complété un DEP en cuisine, un ASP en pâtisserie et il a entrepris, au mois d'août, un DEP en boucherie de détail.  

« Je suis le plus vieux de toute l'école, incluant le personnel enseignant et la direction», a rigolé l'homme de 70 ans qui fréquente depuis trois ans l’École hôtelière de Lanaudière. Quant au directeur de l'établissement, Stéphane Toustou, il s'agit de la première fois qu'il voit un étudiant de cet âge compléter trois programmes. « Il a toujours une bonne attitude et est capable de s'adapter sans jamais se décourager. »

Cette expérience ne s'est toutefois pas effectuée sans défi pour M. St-Pierre. Prendre la décision a été facile, mais quand il est arrivé, la première journée, avec tous les jeunes élèves, il s'est questionné. « Parfois, quand le professeur sortait, ça ressemblait à un CPE et ça m'inquiétait parce que moi j'étais là pour le plaisir d'apprendre pas pour m'amuser. Je suis jeune dans ma tête et je suis capable d'être tout aussi fou qu'eux, mais jamais en classe. En plus, je ne comprends pas, car eux ils sont là pour leur avenir. »

La plus grande difficulté qu'a rencontrée M. St-Pierre est la portion théorique que comprenait le cours. « Les deux premiers mois, on faisait juste écrire. Je me disais qu'est-ce que je suis venu faire ici?» Non seulement il n'aime pas écrire, mais l'étudiant a un problème neurologique qui rend cette tâche très ardue. « Malgré ça, il écrivait des pages de notes et n'a jamais abandonné», a témoigné sa femme Bibiane Longpré avec admiration.

L'abandon n'a jamais été envisageable pour Réal St-Pierre, «quand je commence quelque chose, je vais jusqu'au bout. Je me suis dit que j'avais peut-être pris la place de quelqu'un et c'est pour ça que j'ai continué. » 

Il a également fait preuve de persévérance pour son cours de pâtisserie qui se donnait en soirée, « j'ai trouvé ça dur, car je suis un gars de matin, mais je l'ai fait et j'ai aimé l'expérience». Il est fier d'être allé jusqu'au bout, d'autant plus que cela lui a permis de réaliser un stage de trois semaines dans un restaurant en France.

Encore une fois, la détermination a été de mise, puisqu'aucun restaurant n'était prêt à l'accueillir sachant que ce n'était pas pour une préparation au marché du travail, mais par passion et pour des connaissances personnelles. Il a finalement trouvé et a vécu une expérience mémorable.

Présentement, il complète son DEP en boucherie et doit conjuguer avec le froid même si ses mains gèlent facilement. Malgré cet aspect, il s'agit du programme qu'il préfère puisque tout est à apprendre. «Je n'en avais jamais fait, alors pour moi c'est l'inconnu». Pour la suite, tout le monde le met au défi, même le directeur, d'effectuer le quatrième et dernier programme de formation de l'école, service de la restauration. «Ça me tente, mais c'est le soir et le problème c'est que c'est la dernière chose qu'il y a à Joliette. J'aimerais faire les fromages, mais c'est à Saint-Hyacinthe et je ne veux pas m'exiler, notre vie est ici maintenant», a ajouté celui qui habite à Joliette depuis cinq ans.

Une passion qui remonte à loin

Dès l'âge de six ans, Réal St-Pierre était déjà passionné par la cuisine et la création qui en découlait. Il faisait des sandwiches aux bananes en attendant le retour du travail de sa mère. «Il est aussi très rassembleur et aime que les gens dégustent ses plats autour d'une grande table. C'est lui le maître de nos repas à la maison», a ajouté sa conjointe.

Toutefois, il n'aurait pas fait une carrière dans le domaine trouvant le milieu du travail trop exigeant. Il ne regrette donc pas de ne pas avoir fait des études en cuisine plus tôt dans son parcours. «Je ne regrette rien, je me trouve privilégié de vivre ce que je vis. »

M. St-Pierre a été céramiste et postier pendant plusieurs années avant de devenir concierge surintendant jusqu'à sa retraite. Il est aussi un passionné de moto et a sillonné les routes des États-Unis lors de ses voyages. « Je suis un gars qui roule à 100 milles à l'heure dans la vie, je n'arrête jamais. » D'ailleurs, sa femme le décrit comme un homme intense et fou du travail. Plusieurs personnes de son entourage avaient peur que M. St-Pierre vive mal sa retraite.   

« Finalement, il a eu une attitude positive et a entrepris cette nouvelle étape dans sa vie. Il montre qu'il est possible de réaliser ses rêves, de satisfaire ses passions, de persévérer au quotidien, peu importe l'âge, et que la retraite n'est pas la fin d'une vie, mais l'ouverture d'un tas de nouvelles possibilités», a terminé Mme Longpré. 

©(Photo L'Action- Guillaume Morin)

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