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15 mars 2017

Élise Brouillette - ebrouillette@medialo.ca

S'émerveiller devant la vie, après des années de souffrance

©(Photo gracieuseté - Stéphane Ricks)

TÉMOIGNAGE. Après des années de souffrance, Josée Thibault a appris à s'aimer et à enfin trouver un sens à la vie. Elle a aussi décidé de sortir de sa zone de confort afin de réaliser un rêve, soit de raconter comment elle a réussi à surmonter ces épreuves dans une conférence qu'elle présentera au sein de sa municipalité d'adoption, Saint-Alphonse-Rodriguez, à l'occasion du mois des droits des femmes.

« Il faut bien que tout ce que j'ai vécu serve à quelque chose, sans ces épreuves, je ne serais pas devenue la femme extraordinaire que je suis, affirme-t-elle en entrevue avec l'Action. Aujourd'hui, quand il mouille je danse et quand il fait soleil, je danse aussi. Il n'y a pas d'âge pour montrer ses propres couleurs. »


Une enfance douloureuse

De son propre aveu, Josée Thibault est née dans une famille dysfonctionnelle. Dès son plus jeune âge, elle affirme avoir subi de la violence physique de ses grands-parents, qui s'occupent d'elle. « À l'âge de deux ans, je souffrais déjà d'anorexie infantile et on me gavait. Ce sentiment d'étouffement me sera resté toute ma vie. D'ailleurs, je suis asthmatique. »

Au cours de son enfance, Josée se promènera d'une famille à l'autre. Vers l'âge de sept ans, elle aboutira, avec son petit frère, chez les parents de son beau-père après que sa mère les ait abandonnés.

C'est dans cette période qu'elle subira ses premiers abus physiques, dont un viol.

À l'adolescence, Josée retourne vivre avec sa mère. Vers l'âge de 16 ans, elle lui raconte les agressions dont elle a été victime. Mais sa mère ne la croit pas. Elle se fait plutôt traiter de « putain », de « salope » et de « traînée ».

« Je n'ai jamais été assez bonne, j'ai toujours eu un sentiment de rejet et que je n'étais pas désirée…», souligne-t-elle.

Les années suivantes ne seront pas plus roses. Rejetée par ses parents, elle emménage chez un gars qu'elle connait à peine, et qui l'entraîne sur le chemin de la consommation.

À travers tout cela, Josée accouche de son premier enfant. « Je me suis dit que j'allais changer ma vie et la garder. Mais je n'ai pas tenu ma promesse », regrette-t-elle.

« Je me suis gelée malgré mon enfant. J'ai subi de la violence physique, c'était comme ça depuis que j'avais sept ans… Je me suis mise à danser nue. »

Elle  accouche d'un deuxième enfant. « J'ai tout perdu, ma dignité, mon argent, mes meubles, ma santé…j'ai fait plusieurs overdoses, j'ai voulu mourir. »

La psychiatrie, les thérapies, les « meetings », Josée a tout vécu. « C'est dur de faire des meetings quand tu ne règles pas le problème à la base. Parce que le problème n'est pas la consommation, mais ce qui t'amène à consommer. »

Alors que Josée pense avoir rencontré le conjoint parfait, avec qui elle aura d'ailleurs un troisième enfant, elle retombe en enfer et revit son passé, puisqu'il abusera sexuellement de ses enfants.

Puis, elle rencontre celui qui lui sauve la vie, un psychiatre qui a vu clair. « Pour la première fois, raconte-t-elle, je ne me fais pas dire que je suis bipolaire ou maniacodépressive, mais que je suis une victime qui a besoin d'aide. »

Apprendre à être

Josée Thibault est référée au Centre d'aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) de Lanaudière.

« J'ai appris beaucoup. J'ai appris à me battre pour qui je suis, à respecter mes limites. J'ai appris qu'il fallait qu'on m'aime pour qui je suis et non pour ce que je donne. »

« J'ai commencé à guérir mes blessures et à prendre soin de la "petite" Josée », dit celle qui, au fond, n'a pas eu de réelle enfance ou adolescence.

De là le titre de sa conférence, « Mon Everest, de la chenille au papillon ».

Josée explique qu'elle a dû réapprendre à voir le monde avec de nouvelles lunettes. « J'ai trié le vrai du faux. J'ai appris que je suis bonne et capable pour vrai et que je peux dire non, donner mon opinion. J'ai changé ma perception de la vie et j'ai compris que ma réalité peut être belle. J'ai passé au travers, et quand tu changes, les gens moins acceptables décollent. Dans la vie, tout ce que tu peux changer, c'est toi. »

À l'âge de 30 ans, elle se donne aussi le droit d'avoir un partenaire de vie, dans le respect. « J'ai fait une demande à l'univers et j'ai reçu Stéphane », confie-t-elle à propos de son conjoint, Stéphane Ricks.

« C'était mon voisin, c'est devenu mon ami. Je l'ai beaucoup testé, il a dormi trois mois sur le divan! »

Puis, ses enfants lui ont demandé de les adopter. « L'adoption est venue avant le mariage. »

Une des grandes fiertés de Josée Thibault est d'ailleurs d'avoir pu retrouver ses enfants, après la DPJ. « J'ai prouvé que je pouvais être une bonne mère. Je les ai regagnés. »

Elle et Stéphane, qui avait déjà une fille, ont eu deux autres enfants ensemble.

Alors que le ciel s'éclaircit enfin, une autre mauvaise nouvelle attend cependant Josée. L'ombre du cancer.

Et alors qu'elle avait passé une grande partie de sa vie à vouloir se détruire et se mettre en danger, Josée connaît le sentiment d'avoir peur de mourir et de perdre tout ce qu'elle avait acquis.

Aider ne serait-ce qu'une personne

Josée Thibault est venue à bout du cancer. Elle veut aujourd'hui aider, ne serait-ce qu'une personne, et témoigner de comment il est possible de se servir des épreuves comme moteur dans la vie.

Actuellement bénévole à la Maison de la culture et chargée de projet à la Municipalité de Saint-Alphonse-Rodriguez, elle est plus que fière du chemin qu'elle a parcouru.

« J'ai vécu une souffrance globale, et je me suis reconstruite dans tous les domaines. J'ai appris à m'aimer. »

Josée Thibault invite toute personne qui vit une situation de détresse à contacter un organisme d'aide, comme SOS Suicide et le CALACS. « Il y a plein de ressources dans Lanaudière. Il faut les utiliser. Il ne faut pas désespérer, il faut garder la lueur. »

De son côté, elle espère pouvoir faire voyager sa nouvelle conférence encore longtemps. « J'aimerais me promener partout en winnibago pour donner ma conférence. »

La conférence aura lieu le samedi 18 mars, à 20 h, à la Maison de la culture de Saint-Alphonse-Rodriguez. En plus de Josée Thibault, il sera possible d'entendre Murielle Larochelle et de voir l'exposition collective Vision féminine, à laquelle participe d'ailleurs la fille de Josée.

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