La venue d'une station-service à côté de chez lui l'inquiète

©Photo TC Media - Geneviève Geoffroy

JOLIETTE. Un résident de Joliette atteint de la sclérose en plaques est inquiet de la venue d'une station-service à côté de la résidence pour personnes handicapées qu'il habite avec huit autres pensionnaires.

« Je suis contre que le paysage disparaisse! J'aime mieux avoir un million de feuilles par année [au sol] que la vision d'une station-service. On va entendre les voitures juste à côté de notre porte! », affirme André Labelle, 66 ans, dont le balcon donne directement sur le terrain voisin convoité pour la construction d'une nouvelle station-service et d'un lave-auto, situé au coin des rues Beaudry Nord et Henri-Chalin.

Ajout d'usage

Ce terrain vague rempli d'arbres matures, situé en face de l'actuelle station-service Esso, devrait accueillir aussi un Esso, selon une demande autorisée par le conseil municipal lors d'une séance bihebdomadaire, le 4 décembre.

Pour autoriser sa construction, les élus ont précédemment voté, en septembre, une modification au règlement de zonage afin de permettre l'ajout de l'usage « débit d'essence avec lave-auto et dépanneur » à cette zone commerciale en y ajoutant la classe d'usage « services pétroliers » puisque celle-ci n'était pas autorisée sur le terrain en question.

Du stress

Atteint de la sclérose en plaques depuis sept ans, une maladie attaquant le système nerveux, André Labelle craint plus que tout que la venue de cette station-service n'ait de sérieuses conséquences sur sa quiétude et celle des autres pensionnaires.

« Une station-service, ça veut dire bruit, ça veut dire odeur d'essence, ça veut dire plus de trafic, donne-t-il pour exemple. Déjà que mon système nerveux est atteint, si on y ajoute le stress, on ne s'en sort pas. »

André Labelle réside à la Maison d'à côté depuis aussi longtemps qu'il est atteint de sa maladie dégénérative. Il se trouve actuellement dans un fauteuil roulant adapté parce qu'il ne peut plus marcher. L'un de ses bras est complètement paralysé. Sa chambre, comme celle des autres pensionnaires, est adaptée à ses besoins et il peut compter sur une équipe spécialisée présente 24 h/24 h et sept jours sur sept pour l'aider à combler ses besoins.

Avec une manette électrique, il peut sortir dehors sur son balcon comme il le veut. Il s'agit de l'un des seuls plaisirs qu'il lui reste. Être à l'extérieur lui rappelle son travail comme représentant commercial sur la route. Il peut aussi recevoir sa famille l'été pour y manger un barbecue.

Changer la dynamique

Comme lui, deux autres résidents possèdent un balcon donnant directement sur le terrain convoité pour la future station-service, explique l'intervenant communautaire de la résidence, Brian Beaufils.

« Celle qui réside sur le côté a aussi une vue sur le terrain et deux autres font régulièrement une promenade autour du bâtiment, donc ça va changer beaucoup la dynamique au quotidien pour tous ces gens-là », estime-t-il.

« Les moments à l'extérieur [pour les pensionnaires] ce sont de petits moments de grâce, ajoute-t-il. Ce sont parmi les moments qu'ils apprécient le plus. »

Désaccord signifié

©Photo TC Media - Geneviève Geoffroy

André Labelle et Brian Beaufils.

Au début du mois de novembre, André Labelle a fait parvenir une lettre à la Ville de Joliette au nom de l'ensemble des résidents pour signifier leur désaccord face à la construction d'une nouvelle station-service à côté de chez eux.

La Ville de Joliette a répondu à la lettre d'André Labelle quelques jours après l'avoir reçue. Dans celle-ci, elle indique que le « processus de modification règlementaire » a été complété le 11 octobre [NDLR: après qu'une assemblée publique eut été tenue] et, qu'en conséquence, « il n'est plus possible de s'y opposer ».

Ceci n'a pas empêché André Labelle de se rendre, fin novembre, à la séance bimensuelle du conseil municipal afin de soulever son désaccord en personne aux élus.

Mur vert

Questionné au sujet de ce projet, le maire de Joliette Alain Beaudry a affirmé au Journal L'Action que la ville compte demander qu'une bande de verdure faisant office de mur antibruit soit installée notamment entre la Maison d'à côté et la future station-service.

« Nous [allons demander] une bande de verdure pour préserver la quiétude des gens autour », a-t-il dit.

Il a ajouté que la ville allait être « doublement vigilante » à ce sujet.

« Ce sera moins pire, mais le problème va être là [quand même] », réagit Brian Beaufils.

« Ça, c'est officiel », ajoute André Labelle qui compte suivre l'évolution du projet de près.

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