Ce dernier a réalisé l'une de ses années les plus performantes, avec 19 compétitions dont quatre Ironman, et ce, après s'être relevé d'un grave accident. En effet, en septembre 2015, il a été heurté par une voiture alors qu'il s'entraînait en vélo. Il a eu la mâchoire, ainsi que plusieurs côtes, fracturées.

Cela ne l'a pas arrêté et quelques jours après l'accident il avait déjà recommencé à s'entraîner et à faire de la musculation. «Je sais à quel point c'est néfaste l'arrêt d'activités physiques, alors je me suis dit qu'il fallait que je me remette en marche pour ne pas avoir de problèmes d'articulations.» Il a tout d'abord recommencé le vélo stationnaire, la course à pied et finalement la natation en raison de sa mâchoire.

Au début de l'année 2016, il venait tout juste de recommencer la natation et avait repris son travail. Il se demandait toutefois s'il allait garder des séquelles ou s'il allait pouvoir participer aux nombreux événements auxquels il s'était inscrit avant l'accident.

Comme il a dû se nourrir avec une paille pendant six semaines, il avait beaucoup maigri et a dû rebâtir toute sa masse musculaire. Son premier grand accomplissement de l'année a été le fait de reporter un dossard lors d'une course de 10km à LaSalle en avril. « Je l'ai fait en 40 minutes et c'est vraiment mauvais pour moi, mais j'étais tellement heureux d'avoir terminé. Ça m'a réconforté et sécurisé.»

Il a ensuite travaillé son cardio, qui avait été affecté par plusieurs crises d'embolies pulmonaires et a amélioré sa vitesse. Au fil de la saison, sa course à pied s'est de plus en plus accélérée. «Le fait d'avoir été blessé m'a donné encore plus faim de performance. Dans une épreuve de plus de 9 heures, il y a une partie qui n'est plus physique et ce qui fait la différence c'est la capacité à supporter la douleur. Quand tu as été blessé et que tu veux faire un pied de nez à tout ça, tu es prêt à souffrir un peu plus.»

Il voulait également se prouver qu'il était capable de retrouver sa pleine forme physique. «J'aurais pu me donner toutes sortes de raisons de ralentir, mais il ne faut pas. Il y a ceux qui ont des défaites et je préfère faire partie de ceux qui ont des résultats.»

Performances

En automne, sa saison la plus performante, il a notamment réalisé deux Ironman et les championnats du monde de longue distance en un seul mois. Son plus beau souvenir de 2016 est l'Ironman de Madison au Wisconsin où plus de 2600 athlètes y participaient dont un bon nombre de jeunes assoiffés de victoire. «Quand tu lead la course à 50 ans, ça te donnes des ailes! D'autant plus que tous les universitaires étaient là pour nous encourager. Quand j'ai monté la côte, je me sentais comme au Tour de France. Les gens se tassaient sur mon passage et hurlaient pour m'encourager, je n'aurais jamais pensé connaître ça, c'était magique. » Lors de cette compétition, il a terminé 4^e au classement général, son meilleur classement à vie lors d'un Ironman.

Deux semaines plus tard, il prenait part au Championnat du monde de triathlon longue distance d'Oklahoma et il a terminé la saison avec le Triathlon Ironman d'Hawaï. Dès les premières distances de la partie course à pied, il a été affligé par des crampes à la jambe. « Je me suis dit que le marathon allait être long. J'ai pris beaucoup de sels minéraux et pendant environ 10 km, la crampe revenait. Quand elle a fini par passer j'ai donné mon maximum pour pouvoir terminer sur le podium et j'ai réussi par la peau des dents.»   

Pierre Heynemand est très fier de son année, parce qu'il a réussi à récupérer, mais aussi parce qu'il voulait se prouver que la vie est loin d'arrêter à 50 ans. «Tu as deux âges, ton âge chronologique et ton âge biologique qui est celui de tes artères. J'espère pouvoir dire que j'ai 25 ans encore bien longtemps.»

De plus, il est d'avis que les athlètes ont la responsabilité d'agir à titre d'exemple et croit que si les gens voient qu'il est aussi actif à 50 ans, ils se diront qu'ils peuvent aussi l'être à 20, 30 ou 40. «Un champion, ce n'est pas celui qui traverse la ligne en premier, c'est celui qui se donne des défis et qui est fier de lui. Nous sommes tous des champions à l'intérieur de notre cœur. »

D'ailleurs, il a terminé en mentionnant que ce qui le rend plus fier ce n'est pas les résultats, mais le fait de pouvoir propager ses deux messages, soit l'importance de l'activité physique et de la persévérance scolaire. Pour lui, il serait impossible de vivre sans activité physique. « Je serais bien trop malheureux. Je me vois en faire jusqu'à la fin, mais à différents niveaux. »

Résultats                                              classement général/ sa catégorie d'âges

Mai

Duathlon Sorel                                              10e /1er

Duathlon Oka                                                2e/1er

Marathon Ottawa                                          100e/6e

Juin

Triathlon sprint de Joliette                             13e/1er

Duathlon sprint de Drummondville              5e/1er

Triathlon olympique de Drummondville       3e/1er

Juillet

Duathlon sprint de Victoriaville                    7e/1er

Triathlon sprint de Victoriaville                    3er/1er

Triathlon olympique de Gatineau                  4er/1er

Duathlon Spirit de Saint-Lambert                 1er/1er

Triathlon Ironman de Lake Placid                 9e/1er

Triathlon sprint de Magog                             5e/1er

Août

Triathlon olympique ITU de Montréal          6e/1er

Duathlon sprint de Verdun                           7e/1er

Triathlon Ironman du Mont Tremblant         32e/2e

Triathlon sprint de Duchesnay                      5e/1er

Septembre

Triathlon Ironman du Wisconsin                   4e/1er

Champion du monde ITU triathlon longue distance Oklahoma 7e /1er

Octobre

Triathlon Ironman d'Hawaï                           253e/5e

Cumulatif des points

Coupe Québec de Triathlon                          4er/1er

Coupe Québec de Duathlon                          7e/1er

All World Athlete (AWA)                            1er de sa catégorie

Christine Bruneau

C'est surprenant de voir à quel point il a remonté la pente rapidement, car au début, on prenait des petites marches autour du rond-point et il devait s'appuyer sur un bâton de marche car il était trop étourdi. Le chemin qu'il a parcouru démontre bien sa personnalité, sa persévérance, sa détermination et sa force de caractère. Je crois même que, psychologiquement, il est encore plus fort qu'avant.

Alain Labarre

Pierre est reconnu comme un irréductible dans la communauté du triathlon. Tout le monde sait que c'est l'homme de fer par excellence. Il a une rigueur, une passion et une détermination exceptionnelles. Il est toujours le premier à la piscine et a toujours des bons mots pour ses collègues d'entraînement, il les pousse à se dépasser.