23 janvier 2017

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«Un baume »

« Ça met un petit baume sur notre douleur, mais je n'aurai jamais la sérénité complète. Pour avoir la sérénité, il aurait fallu qu'il ait plusieurs années de prison et encore », a témoigné Lucille Carbonneau, mère de la victime Sylvain Nugent, à sa sortie de la salle de cour.

« [Ce qui était important], c'est qu'il soit déclaré coupable. Parce que Sylvain, il n'est pas mort tout seul et il s'est pas donné de coups de poing lui-même », a-t-elle ajouté.

Tournée au drame

Benoit Pozzobon a été reconnu coupable d'homicide involontaire le 26 septembre 2016.

Le 29 juillet 2013, Benoit Pozzobon, Sylvain Nugent, père d'un enfant aujourd'hui âgé de neuf ans, et plusieurs autres amis de longue date étaient réunis dans un chalet de Saint-Donat, dans le nord de Lanaudière.

Cette réunion amicale qui s'annonçait festive a rapidement tourné au drame quand Benoit Pozzobon a asséné au moins deux coups de poing au niveau de la joue et du cou de Sylvain Nugent. L'un de ces coups a causé la rupture de l'artère vertébrale gauche. Il y a eu une hémorragie cérébrale et il est décédé.

Environ 30 minutes plus tôt, vers 4 h 45, Sylvain Nugent a sexuellement agressé la conjointe de l'époque de Benoit Pozzobon.

Celle-ci a été réveillée dans son lit par Sylvain Nugent, alors qu'elle croyait qu'il s'agissait de son chum.

Selon le juge Claude Lachapelle, il ne fait aucun doute que Sylvain Nugent a agressé sexuellement la conjointe de Benoit Pozzobon ce soir-là.

C'est aussi, selon le juge, la raison pour laquelle Benoit Pozzobon a asséné au moins deux coups de poing à son ami de longue date.

Préméditation

Même si aucune preuve directe de l'agression de Benoit Pozzobon n'a été présentée devant la cour, il n'en demeure pas moins qu'il avait un mobile, soit de se venger de l'agression sexuelle de sa conjointe, selon le juge Claude Lachapelle.

Le magistrat estime que Benoit Pozzobon a prémédité son geste, soit d'infliger des voies de fait à Sylvain Nugent.

« Le désir de vengeance est un élément dans ce dossier », a-t-il dit.

Le juge demeure cependant « convaincu » que Benoit Pozzobon n'a « jamais »  eu l'intention de tuer Sylvain Nugent.

« La peine [en matière d'homicide involontaire] peut fluctuer selon le geste qui peut se rapprocher plus de l'accident ou bien du meurtre », a-t-il ajouté avant de prononcer sa sentence.

Pas mérité

Pour les deux parents de Sylvain Nugent, leur fils ne « méritait pas de mourir » pour le geste qui lui a été reproché lors du procès.

« C'est correct que tu paies pour tes actes [et que tu sois traduit en justice s'il y a lieu]. Lui, il a payé une erreur de sa vie », estime Claude Nugent.

En appel

Benoit Pozzobon a porté en appel le verdict de culpabilité prononcé contre lui.  Il compte aussi porter rapidement en appel la peine prononcée lundi contre lui, a affirmé son avocat, Me Michel Leclerc, aux médias.

Selon l'avocat, une demande pour que Benoit Pozzobon soit remis en liberté le temps que les deux appels soient entendus par le tribunal sera aussi déposée.

Inquiète

Questionnée sur les demandes d'appels de celui qui a involontairement tué son fils, la mère de Sylvain Nugent s'est dite « inquiète ».

« C'est sûr que ça m'inquiète un peu. La justice aujourd'hui, moi, j'ai un peu de misère avec ça, indique Lucille Carbonneau. Tsé, il faut que tu sois responsable de tes gestes. »

Quant à son conjoint, Claude Nugent, il a affirmé qu'il « essayait de ne pas y penser » et il se disait confiant que les demandes d'appel soient rejetées.

Si lui ne sait pas s'il compte suivre aussi assidûment les prochaines étapes judiciaires, sa conjointe, elle, compte le faire, faute de quoi, dit-elle, elle aurait l'impression de laisser tomber son fils.