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28 août 2017

L'anxiété de séparation, vous connaissez?

©Photo - Deposit Photos

RENTRÉE SCOLAIRE. La rentrée scolaire arrive à grands pas et, pour certains parents et certains enfants, celle-ci peut créer de l'anxiété de séparation, selon des psychologues. D'où vient cette anxiété? Comment peut-on aider son enfant à la diminuer? Nancy Legendre, psychologue à la Clinique Psycho-Santé travaillant beaucoup avec les enfants, les adolescents et les familles, et Carole Lane, chef professionnelle en psychologie au CHU Sainte-Justine ont accepté de répondre à nos questions.

À lire aussi : L'anxiété de performance peut se vivre à tous les niveaux académiques

TC Media : Est-ce que les enfants  ou les parents peuvent vivre du stress lié à la rentrée scolaire?

Nancy Legendre : Oui, ça existe. L'angoisse de séparation est un exemple.  Chez les enfants, elle est surtout présente pour ceux qui vont commencer la scolarisation. Par exemple, on voit plus ça en maternelle qu'en cinquième année. Aussi, c'est plus prononcé chez les enfants qui n'ont pas été à la garderie.  Il peut y en avoir un peu plus tard. Par exemple, un enfant de troisième année qui a vécu un bel été avec ses parents peut devenir anxieux à l'idée de se séparer de sa famille en voyant la rentrée scolaire arrivée.

Carole Lane : Oui. Or, ce ne sont pas tous les parents ni tous les enfants qui sont anxieux par rapport à la rentrée scolaire. Ça dépend de différents facteurs. Par exemple, plus l'enfant a confiance en lui et que les parents lui renvoient aussi en miroir l'image qu'ils le sentent prêt pour l'école, plus il y a de chances que l'enfant s'adapte bien.  Il y a des enfants qui sont plus vulnérables aux changements. En soi, stresser pour la rentrée à l'école n'est pas un problème et si l'enfant n'est pas paralysé par le stress, la curiosité prendra le dessus quand il va se rendre compte qu'il est dans un milieu sécuritaire. L'anxiété, c'est le sentiment qu'il y a une menace réelle quand il n'y en a pas. Quant à l'anxiété de séparation, on parle beaucoup de cette problématique pour de jeunes enfants.

TC Media : D'où vient l'anxiété de séparation?

Nancy Legendre : Cela vient beaucoup du sentiment de sécurité et de la peur de l'inconnu. Si un enfant se sent en sécurité avec ses parents, s'il sait à quoi s'en tenir et qu'il arrive dans un milieu insécurisant parce que c'est un milieu inconnu, comme l'école par exemple, cela peut provoquer de l'anxiété de séparation chez l'enfant. De manière imagée, l'anxiété de séparation, c'est la « différence de température » entre le milieu familial et le milieu scolaire. Si l’enfant se sent en sécurité à l’école, ça sera plus facile pour lui d’évoluer et de faire des apprentissages.

Carole Lane : Les enfants qui vivent ce type d'anxiété éprouvent des réactions anxieuses dès qu'ils se trouvent loin du parent significatif ou de la bulle sécurisante [du milieu familial]. Ils peuvent par exemple ressentir un sentiment de peur qu'il arrive quelque chose à son parent ou peuvent ressentir qu'eux-mêmes sont en danger parce qu'il se retrouve dans un milieu extérieur insécurisant pour eux. Cela peut prendre diverses formes comme des malaises physiques (maux de tête, maux de ventre) par exemple.

TC Media : Est-ce que des parents peuvent aussi vivre de l'anxiété de séparation?

Nancy Legendre : Pour le parent, c'est la même chose. Par exemple, le parent peut se questionner si son enfant « va être correct à l'école » et si l'école répond bien à ses besoins. Il s'agit aussi d'insécurité. C'est l'inconnu qui devient anxiogène. Il y a des parents qui ont l'impression de remettre leur enfant à la merci de la société. On le voit surtout pour les premiers enfants de familles. Aussi, il faut comprendre que l'anxiété est contagieuse. Si le parent vit cette anxiété de séparation, cela peut être plus difficile pour l'enfant de vivre une expérience positive par rapport à l'école.

Carole Lane : Il y a des parents qui pensent ou qui considèrent, pour toutes sortes de raisons, selon leur propre expérience ou leur propre situation, qu'ils doivent protéger leur enfant d'une situation « insécurisante ». Par exemple, un parent peut avoir l'impression d'être la seule personne qui comprenne son enfant et le connaisse. Il peut aussi, par exemple, avoir l'impression de le laisser à l'étranger. Il se peut qu'un parent puisse induire, entretenir ou augmenter l'anxiété chez son enfant.

TC Media : Comment un parent peut-il calmer son anxiété de séparation ou celle de son enfant?

Nancy Legendre : Le parent peut d'abord « s'examiner » et voir si c'est lui qui transmet son anxiété à son enfant ou si l'anxiété provient de l'enfant. Un parent ne peut pas apaiser son enfant s'il est lui-même très anxieux, car c'est le non verbal que l'enfant va capter.

Ainsi, à travers cette évaluation, le parent essaie de voir à qui appartient cette anxiété.

Par exemple, si l'anxiété de séparation appartient à un des deux parents, le parent anxieux peut laisser le parent moins nerveux s'occuper de la rentrée des classes et de la routine matinale par exemple. Aussi, pour tous types d'anxiétés confondus, il faut se donner du temps.

Je dis souvent aux parents de se donner le mois de septembre pour s'adapter. Qu'ils se donnent la chance d'établir une routine avec l'enfant, une routine où le parent et l'enfant sont impliqués. Quand on commence à s'adapter à une nouvelle situation, c'est normal que ce ne soit pas parfait au départ. Se donner le temps de s'adapter, ça dédramatise beaucoup, dont chez l'enfant.  Agir avec positivisme dans ce processus aide beaucoup l'enfant.

Pour apaiser un enfant vivant de l'anxiété de séparation face à la rentrée scolaire, un truc pour le parent peut être d'amener l'enfant à se projeter dans l'avenir. Lui dire par exemple, ça va être agréable, tu vas rencontrer ton professeur. Lui décrire à quoi va ressembler son quotidien, comme quoi il va y avoir une récréation, qu'il va probablement aller jouer dehors. Juste d'amener l'enfant à se projeter dans l'avenir peut lui faire du bien.

Carole Lane : Le parent est le premier acteur pour aider l'enfant, car c'est le parent qui connaît le mieux son enfant.

Le parent peut transmettre un message positif à l'enfant par rapport à la rentrée scolaire. Par exemple, lui dire : « oui, c'est nouveau, je comprends, mais je sais que tu peux y arriver ». Aussi, il faut que le parent croie ce qu'il est en train de dire à son enfant, sinon le message peut être ambigu. Le parent peut aussi lui montrer l'école par exemple.

Il faut retenir que dans la grande majorité, c'est une adaptation et le parent doit en être conscient. Le parent doit aussi se demander si c'est son anxiété ou celle de son enfant. L'entrée à l'école, c'est une coupure du cordon psychologique. Ce n'est pas un traumatisme en soi. Ça fait partie de la vie et si l'enfant y est bien préparé et encouragé, ça va l'aider. Il faut laisser le temps à l'enfant de s'adapter, y aller à petite dose et de façon graduelle.

Le parent peut aussi favoriser les mouvements d'autonomie de son enfant et le soutenir vers le monde qui s'offre à lui. Il y a du positif à aller vers l'avant. Par exemple, c'est comme lorsqu'on apprend à un enfant à marcher: il ne marchera pas tout seul si on lui tient constamment la main. C'est la même chose, c'est ça le processus d'autonomie.

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