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Retour06 mai 2017
Un « businessman » qui a contribué à l'essor de Joliette
La Ville de Joliette compte aménager une placette publique sur les vestiges de son moulin à scie

©Photo - Collection Jean Chevrette
HISTOIRE. Le petit-fils de l'homme d'affaires Édouard Gohier, ayant possédé à Joliette un moulin à scie dont la contribution à l'essor de la ville sera bientôt commémoré sous la forme d'une placette publique, a accepté de livrer ses souvenirs d'enfance sur cet homme pour qui c'était « la business avant tout ».
« Mon grand-père n'était pas tannant. Il était autoritaire, il travaillait et ce n'était que ça qui l'occupait », confie François Dussault.

©Photo TC Media - Geneviève Geoffroy
François Dussault se rappelle comment son grand-père, Édouard Gohier, était un homme juste, travaillant et généreux.
La base de la ville
En 1933, Édouard Gohier a créé son entreprise à l'âge de 42 ans. Quatre ans plus tard, peu de temps après la Grande Crise, il a acquis le moulin à scie construit près de 100 ans plus tôt par le fondateur de Joliette, Barthélemy Joliette.
« C'était facile de le reconnaître parce qu'il y avait son nom sur la cheminée du moulin », indique Jean-Claude Deguire, archiviste à la Société d'histoire de Joliette, à propos du Moulin Gohier.
Une placette pour commémorer
Aujourd'hui, il ne reste presque plus de traces du passage de ce moulin à scie ayant grandement contribué à l'essor économique de la municipalité.
« Les moulins, ce sont la base de la ville, explique Jean-Claude Deguire. S'il n'y avait pas eu de moulins, il n'y aurait pas eu de monde à faire travailler. Les gens devaient se nourrir, s'éduquer, s'habiller, etc. »
Or, la Ville de Joliette a annoncé en mars qu'elle octroyait un demi-million de dollars pour aménager la placette des Moulins dans le but de commémorer l'histoire des moulins, en bordure de la rivière L’Assomption, à l’endroit même où se déroulaient leurs activités au 19e siècle et au 20e siècle.
François Dussault a d'ailleurs bien hâte de voir le résultat final.
« Je suis content. La rivière L'Assomption et l'histoire, c'est important », affirme-t-il.
« Exil »
Peu avant le début des années 1960, François Dussault, alors un jeune enfant, se souvient que lui et sa famille ont dû « s'exiler » à Joliette. Édouard Gohier voulait alors que le père de François Dussault, Marcel Dussault, prenne les rênes de la gestion quotidienne du moulin à scie de Joliette.
« Mon père a fait la Deuxième Guerre mondiale et, quand il est revenu, il est allé étudier aux hautes études commerciales. Puis, mon grand-père lui a demandé d'aller à Joliette pour gérer le moulin », raconte François Dussault.
Un incontournable
Édouard Gohier a fait bâtir une maison à sa fille et à sa famille sur la rue Flamand, laquelle, selon François Dussault, se trouvait à l'époque sur les terrains de l'entreprise de son grand-père.
« Mon grand-père venait une fois par semaine, le mercredi, pour voir si tout était correct au moulin, mais surtout pour manger le rosbif de ma mère. C'était un incontournable », raconte l'homme de 66 ans.
Un homme juste et généreux
François Dussault se rappelle de son grand-père comme d'un homme « généreux », qui « marchait by the book ».
« Il était comme ça, mais il était juste. Il était aussi un peu bougon, mais je pense que je m'adonnais bien avec lui parce que je pense que j'ai hérité ça de lui », glisse-t-il en souriant.
Selon lui, en raison de l'« exil » de sa famille loin de Montréal, il a pu développer une relation plus privilégiée avec son grand-père.
« J'étais plus proche de lui. Il y avait des choses que j'avais le droit de faire et les autres non », dit-il.
Livraisons à cheval
François Dussault se rappelle comment, enfant, les terrains immenses du moulin à scie, de ses dépendances et de sa cour à bois étaient pour lui un terrain de jeu.
« J'y jouais avec mes amis. L'été, je pilais du bois dans la cour », se souvient-il.
À l'adolescence, il a lui-même commencé à travailler au moulin. Il se souvient comment il faisait des livraisons à cheval en plein cœur de Joliette.
« J'avais une carriole large comme un bureau avec des roues de métal. J'attelais le cheval et je m'asseyais sur le bois que je livrais. Quand on revenait, on disait au cheval: "On s'en va à la maison", et il retournait au moulin », raconte-t-il.
Mort subite
En 1963, Édouard Gohier est décédé subitement.
« Il s'en allait visiter la Place Ville-Marie et il est décédé sur place d'une crise cardiaque », explique François Dussault.
Ça a été tout un choc pour François Dussault qui l'appréciait beaucoup.
Quelques années plus tard, dans les années 1970, la Ville de Joliette a acquis les terrains du moulin. Puis, selon nos informations, sa démolition aurait commencé en 1973.
Deux projets d'hôtel ont été mis de l'avant par la suite, mais aucun d'eux n'a été concrétisé. Puis, dans les années 1990, un troisième projet d'hôtel sur le site du moulin a été mis de l'avant, cette fois, par quatre entrepreneurs locaux. Il s'agit du Château Joliette qui est toujours en opération.
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