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26 mai 2017

C'est l'histoire d'un Paulois qui colonise l'Ouest canadien

©Photo collection Jean Chevrette

HISTOIRE. Connaissez-vous Morinville, une petite ville du centre de l'Alberta? Celle-ci doit son nom à un colonisateur devenu célèbre dans l'Ouest canadien à la fin des années 1800, le curé Jean-Baptiste Morin. Un personnage historique plutôt méconnu dans la région, bien qu'il ait été prêtre à Saint-Jean-de-Matha et à Saint-Paul.

Le curé Morin a fait « le gros de sa colonisation » dans l'Ouest canadien, raconte un féru d'histoire locale, Jean Chevrette. Ce dernier s'est intéressé à la vie et l'œuvre du prêtre originaire de Saint-Paul, puisqu'il s'agit de son ancêtre.

Plusieurs informations à son sujet sont puisées de coupures de presse ou encore de l'ouvrage de sœur Alice Trottier « Journal d'un missionnaire colonisateur », un recueil des écrits du curé, lors de ses missions en Alberta.

« Il avait pour mandat d'amener des contingents de colons en provenance du Québec pour peupler un territoire au nord d'Edmonton. Je trouve que c'est un personnage important qui a toujours été un peu mis de côté ici. Pourtant, il a fait beaucoup de choses », estime M. Chevrette qui se plaît à comparer l'œuvre de son ancêtre à celle du curé Antoine Labelle, pour ses idées de grandeur et sa soif de conquête à l'extérieur du Québec.

©Photo collection Jean Chevrette

L'église de Morinville en Alberta sur laquelle apparaît la photo du fondateur, Jean-Baptiste Morin.

Jean-Baptiste Morin est né le 13 mars 1852 et est décédé le 23 décembre 1911, à l'âge de 59 ans. Il est déjà prêtre à Montréal lorsqu'il fait la connaissance de Mgr Grandin qui voit en lui la force de caractère nécessaire pour participer à des missions dans l'Ouest du pays.

« Son principal défi, c'était de vendre l'Ouest aux Canadiens français. Il voulait les inciter à aller vivre là-bas plutôt que d'émigrer vers les États-Unis. »

L'idée d'inciter la population des villages du Québec et de Lanaudière, tels que Joliette, Saint-Jacques et Chetsey, à déménager en Alberta plutôt que de rester au Québec peut sembler étrange, à première vue. Le curé Morin, lui, considérait préférable de garder la population à l'intérieur du Canada, plutôt que de la perdre aux dépens des Américains.

« À la fin des années 1800, la colonisation était déjà bien implantée dans Lanaudière, notamment, et il restait peu de territoires disponibles. Plusieurs émigraient aux États-Unis pour cette raison. Le curé Morin, lui, voyait un potentiel dans l'Ouest canadien. Il voulait y créer de nouvelles colonies francophones. »

Entre 1890 et 1897, il participera à la création d'une douzaine de villages, dont Morinville et fera pas moins de 22 voyages entre le Québec et l'Alberta, en train et en calèche.

« On raconte que plusieurs colons, une fois déménagés là-bas, étaient déçus de la tournure des événements. Ils disaient que la vie en Alberta n'était pas celle qu'ils avaient espérée, que le labeur était dur. Bref, le curé Morin était aimé de plusieurs, mais ne faisait pas l'unanimité. »

Après ses missions, la fatigue et l'âge le poussent à demander une cure stable à son évêque, Mgr Grandin. De 1900 à 1906, il devient prêtre à Saint-Jean-de-Matha, près de sa famille, dont plusieurs membres vivent à Sainte-Béatrix.

En même temps, il participe à la colonisation de villages en Beauce, au Saguenay-Lac-Saint-Jean et au nord de la Matawinie. Puis, de 1906 à 1910, il devient curé à Saint-Paul, son village natal où il retrouve plusieurs autres membres de sa famille. Il vit ses tout derniers instants à Saint-Eusèbe où il décédera en 1911.

« À la toute fin, il était plus tranquille dans ses déplacements, car il était moins en forme que dans sa jeunesse. Mais il continuait tout de même à faire de petites missions dans le nord de Saint-Michel, en Beauce et au Saguenay, lorsqu'il était prêtre à Matha. Il avait ça dans le sang. »

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