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20 mai 2017

Un bénévole permet à un artiste victime d'un AVC de recommencer à créer

©Photo TC Media - Geneviève Geoffroy

TÉMOIGNAGE. La vie d'un artiste solitaire de Saint-Zénon a complètement basculé en 2010 quand il a fait un AVC dans son atelier. Devenu paralysé du côté de sa main forte, le droit, il avait en quelque sorte dit adieu à la création quand un bénévole l'a tranquillement amené à dessiner avec sa main gauche.

Michel Latendresse, 76 ans, était un artiste multidisciplinaire avant son accident vasculaire cérébral survenu il y a sept ans.

Un homme actif

Il exposait dans des salons de métiers d'arts de Montréal et de Québec. Actif, il créait notamment des sculptures, de magnifiques couteaux et tressait aussi des paniers de récolte selon une méthode amérindienne. Il trappait et il guidait des excursions dans le Grand Nord canadien.

©Photo TC Media - Geneviève Geoffroy

Michel Latendresse créait des couteaux artisanaux et tressait des paniers de récolte avait son accident vasculaire cérébral en 2010.

Il travaillait en plein cœur du bois de Saint-Zénon où il vivait en solitaire dans sa maison et son atelier.

Tombé au sol

Un jour de janvier 2010, il s'affairait à tresser un panier de récolte dans son atelier quand il est soudainement tombé au sol. Il a tenté de se rendre à sa résidence principale pour téléphoner aux services d'urgence, mais en vain. La maison était bien trop loin.

Ce n'est que deux jours plus tard qu'un voisin venu le saluer l'a trouvé étendu au sol. L'accident vasculaire cérébral dont il a été victime a fait des ravages. Il ne peut plus se servir de son bras droit devenu paralysé.

De la forêt à un 1 ½

Michel Latendresse peine aussi à parler, mais son regard n'a rien perdu de sa vivacité.

L'artiste a dû déménager malgré lui dans un petit 1 ½ d'une résidence pour personnes autonomes et semi-autonomes de Saint-Charles-Borromée.

En 2011, un bénévole du Centre Émilie-Gamelin a commencé à lui rendre des « visites d'amitié ».

« On m'avait dit que déjà deux personnes avaient fait des visites à Michel, mais que ça avait été difficile », raconte Raymond Gauthier, au sujet de sa première rencontre avec Michel Latendresse.

«Les gens ont besoin de parler»

Retraité de sa profession de professeur au secondaire et ancien directeur général de la municipalité de Crabtree, Raymond Gauthier a voulu faire du bénévolat après avoir accompagné sa mère vers son dernier repos pendant deux ans.

Il s'est intéressé aux visites d'amitié parce qu'il s'était rendu compte lors de ses multiples visites à l'hôpital que plusieurs patients étaient seuls et ne recevaient que rarement de la visite.

« Je me suis rendu compte que les gens avaient besoin de parler et que j'avais du temps devant moi », raconte-t-il.

Un lien de confiance

Lors de la première rencontre des deux hommes, un lien de confiance a rapidement pu être établi parce qu'ils se sont rendu compte qu'ils avaient des connaissances en commun.

« J'avais fait les Beaux-Arts et lui aussi », ajoute Raymond Gauthier.

Comme une mort

Raymond Gauthier raconte que lorsqu'il a rencontré Michel Latendresse, ce dernier ne croyait pas que les dommages physiques causés par son accident vasculaire cérébral étaient irréversibles.

« Il pensait que ça allait revenir. On ne peut pas le blâmer d'avoir espéré », raconte le bénévole qui a dû en quelque sorte accompagner son bénéficiaire dans un deuil.

« C'est sûr que pour lui, c'était un deuil énorme. Il a été obligé de laisser sa vie derrière lui. Il vivait en plein bois et là, il est pris dans un 1 ½ et dans une chaise [roulante]. Ça été comme une mort pour lui », estime-t-il.

Un voyage dans le passé

Quelques mois après leur rencontre, Raymond Gauthier a proposé un « voyage dans le passé » à Michel Lantendresse.

« C'était important pour moi de mieux le connaître et pour lui. En un an et demi, rien n'avait bougé dans son atelier. Il y avait encore un panier à moitié fait », se souvient Raymond Gauthier.

Le bénévole explique qu'il était attristé lors de ses visites d'amitié de voir que son bénéficiaire ne « faisait plus rien » et « était tellement loin de sa vie ».

Recommencer à dessiner

« Un moment donné, c'était en 2014 je crois, j'ai dit à Michel: "tu vas recommencer à dessiner". Je savais que ce gars-là était un créateur. Il me montrait son bras droit paralysé et je lui disais: "Il te reste ton côté gauche" », explique Raymond Gauthier.

Petit à petit, Raymond Gauthier a apporté des outils de dessin à Michel Latendresse. Il a commencé à dessiner avec une plume à l'encre, puis avec des crayons-feutres à pointe fine et extra fine pour travailler sa dextérité.

« La première fois qu'il a dessiné avec sa main gauche, ça ressemblait à un dessin d'enfant », se souvient Raymond Gauthier.

Michel Latendresse crée surtout des paysages.

Michel Latendresse a commencé à dessiner seulement en noir et blanc. Puis Raymond Gauthier l'a mis au défi d'utiliser de la couleur.

Surtout des paysages

Les dessins actuels de Michel Latendresse sont magnifiques, précis et très poétiques. Pour Raymond Gauthier, c'est toute une réussite.

Michel Latendresse crée surtout des paysages.

« J'ai pris conscience que même à la retraite, on peut être utile. Là, [c'était] quelqu'un d'un peu condamné et [j'ai aidé à] l'emmené vers la lumière », mentionne-t-il.

Michel Latendresse crée surtout des paysages.

Aujourd'hui, Michel Latendresse peut dessiner de huit à dix heures par jour. Il crée surtout des paysages, comme si, croit Raymond Gauthier, il voyageait dans la nature à travers ses dessins.

Les murs de son 1 ½ sont tapissés de dessins.

« Michel a refait son monde extérieur dans son petit appartement. Il insiste pour que j'accroche ses œuvres », explique le bénévole, qui lui rend toujours visite après six ans.

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