«37 ans, c'est vite passé»

Gilbert Nicole se retire de l'UPA

©(Photo gracieuseté)

AGRICULTURE. Le 17 septembre 1979, Gilbert Nicole se rendait à sa première journée de travail à la Fédération de l'UPA de Lanaudière à Joliette. C'est avec fierté et fébrilité qu'il a entamé celle-ci et se souvient encore avoir ressenti une petite angoisse quand il a entendu la sonnerie de son téléphone à cadran. « C'était le premier producteur à qui je devais répondre et je voulais pouvoir bien l'informer. »

Plus de 37 ans plus tard, après avoir répondu à un si grand nombre d'agriculteurs qu'il serait impossible de les compter, M. Nicole a décidé de mettre fin à cette grande aventure et de prendre sa retraite. Le 5 mai dernier, il a donc quitté son bureau avec un sentiment de fierté encore plus grand que lorsqu'il a commencé.

«Être directeur régional de l'UPA de Lanaudière a été le plus grand honneur de ma vie. C'est la somme de beaux moments, mais aussi de plus difficiles, qui fait en sorte que tu as un attachement aussi fort à ton travail», a-t-il mentionné en faisant notamment référence aux gros dossiers qu'il a eu à défendre.

Il se rappelle qu'à son arrivée, une compagnie voulait passer un gazoduc en plein centre de la région, sur des terres agricoles, et qu'après plusieurs représentations, la Fédération a réussi à la convaincre de plutôt passer le projet le long de l'autoroute 40.

La loi du zonage agricole, qui permet de mieux discipliner le développement urbain, a également causé quelques remous au sein de la Fédération. La majorité des producteurs étaient d'accord, mais certains s'y opposaient. Il s'agissait donc de bien expliquer les conséquences, les exigences, les droits et les obligations qu'impliquait cette loi.

De grandes fiertés

Quand le natif de Montmagny est arrivé dans la région, il a été étonné de la grande diversité de productions qu'il y avait. « C'est vraiment une fierté pour moi d'avoir réussi à maintenir celle-ci. Oui, il y a des fermes qui ont dû fermer, mais beaucoup de petites sont arrivés avec de nouveaux produits, comme des vignobles, la production de lait de brebis ou de chèvre ou encore, la production de bisons. »

M. Nicole fait d'ailleurs partie de ceux qui ont travaillé fort pour promouvoir cette diversité et pour mettre en place le Conseil de développement bioalimentaire de Lanaudière. Il a également contribué à la mise en place de la coopérative de gestion des engrais organiques afin d'aider les producteurs à utiliser davantage les engrais de ferme.

«D'avoir travaillé pour les producteurs et d'avoir été à leur service, c'est ma plus grande fierté finalement. Cela a été une grande expérience humaine de les rencontrer et d'avoir vu l'évolution de certaines fermes sur trois générations. »

Gilbert Nicole a aussi été marqué par la belle solidarité qui unit les agriculteurs, malgré qu'ils aient des productions très différentes et qu'ils ne soient pas toujours en accord. Au cours de son parcours, il doit avoir participé à une vingtaine de manifestations, dont la plus marquante à Ottawa dans le cadre des négociations du libre-échange. « Nous étions partis de Joliette avec une douzaine d'autobus et à Ottawa, nous étions environ 4000.»

Le nouveau retraité constate que les technologies ont énormément évolué au fil des années, mais que les problèmes et les objectifs sont sensiblement demeurés les mêmes, soit d'avoir des prix stables et convenables pour les agriculteurs.

Une jachère pour l'ancien directeur

La plus grande fierté de Gilbert Nicole est d'avoir pu travailler pour les producteurs aussi longtemps.

Gilbert Nicole a tout d'abord été engagé comme responsable du service de mise en marché et s'occupait de huit syndicats spécialisés. À peine un an plus tard, on lui a offert le poste de directeur régional. « Je n'avais pas envisagé cette éventualité, je n'avais même pas 25 ans et je devenais responsable de la fédération, des employés et du budget!»

En date du 25 août 1980, Gilbert Nicole a été le quatrième directeur régional de la Fédération après Cuthbert Brousseau, Pierre Ménard et Raymond Massicotte et avec les années, il est également devenu celui qui est resté en fonction le plus longtemps.

«37 ans, c'est vite passé, surtout quand on accomplit un travail qu'on aime et auquel on croit. » Au fil du temps, il a passé à travers plusieurs transformations, comme deux agrandissements, l'arrivée de la technologie et des moments plus difficiles comme le décès de son collègue et grand ami, Réjean Payette.

Aujourd'hui, c'est lui qui quitte le train dans des circonstances plus heureuses. « Rien n'exclut que je m'implique dans autre chose, mais pour le moment je fais une jachère! Je laisse la terre se reposer, afin qu'elle soit prête pour une autre production», a terminé celui qui aura 62 ans en septembre.

C'est Andréanne Aumont, embauchée le 22 septembre 2003, qui a pris la relève et qui assure le poste de directrice régionale de la Fédération depuis le 8 mai dernier.

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