Reprendre la vie à zéro, un jour à la fois

Sa vie, dix ans après un grave accident en Colombie

©Photo TC Media - Caroline Morneau

PORTRAIT. Dix ans après avoir subi un sévère traumatisme crânien dans un accident, Marie-Christine Vadnais retrouve finalement ce qui se rapproche d'une vie normale. Elle a un amoureux et habite dans une maison construite par son père. Le chemin pour se rendre jusque-là, toutefois, n'a pas été sans embuche.

C'était le 16 janvier 2007, deux jours après son 20^e anniversaire. La vie de la résidente de Notre-Dame-des-Prairies a basculé complètement dans un accident de mobylette en Colombie. Elle s'est retrouvée dans le coma durant trois mois et a subi de graves séquelles sur le plan neurologique. Son amie qui conduisait le véhicule n'a pas survécu au drame. Une triste histoire qui avait beaucoup ébranlé à l'époque.

« C'est une chance que ma fille s'en soit sortie vivante, mais tout ça n'a pas été sans conséquences. Il fallait accepter que la Marie-Christine d'avant l'accident ne reviendrait pas. Je dois admettre que ç'a été difficile à prendre pour moi. Marie-Christine, elle, a rapidement fait preuve d'une grande résilience et je pense que ça l'a aidée », témoigne Martine Germain, mère de la jeune femme qui célébrait son 30^e anniversaire, le 14 janvier.

L'accident s'est produit il y a une décennie, jour pour jour.

Chemin ardu vers l'autonomie

Marie-Christine occupe aujourd'hui un emploi à temps partiel à la Meunerie Philippe Dalphond et reçoit de l'argent du gouvernement, en raison de sa condition. Durant les deux dernières années, elle a habité seule dans une maison voisine à celle de ses parents. Son copain a emménagé avec elle, il y a quelques mois.

« Elle ne gagne pas une fortune, mais elle a suffisamment d'argent pour payer ses comptes et avoir son autonomie. Et elle a un grand réseau social pour l'aider. Peu de personnes arrivent à vivre seules après avoir subi un traumatisme crânien. Les progrès qu'elle a faits en dix ans sont impressionnants », poursuit Mme Germain.

Après son coma, Marie-Christine a travaillé à sa réhabilitation durant huit mois, à l'Hôpital juif de réadaptation de Laval. Plusieurs spécialistes l'ont soutenue afin qu'elle réapprenne à marcher, à parler, à manger. Un défi de taille pour la grande sportive de nature.

« Au début, j'avais besoin qu'on m'aide pour tout. Je ne marchais pas, car je n'arrivais plus à bouger la jambe droite. En un an, je suis passée de la chaise roulante à la marchette, puis à la canne », raconte celle qui a carrément dû reprendre sa vie à zéro. « C'était comme faire "reset" sur un ordinateur ».

Un deuil à faire

Marie-Christine garde aujourd'hui certaines séquelles de l'accident, notamment sur le plan de la mémoire et de l'équilibre. Elle a retrouvé l'usage de ses jambes pour marcher, mais elle ne peut plus courir.

« J'ai joué au soccer pendant 15 ans et j'étais dans l'équipe de volleyball à l'école. J'étais très sportive; l'activité physique, c'était une passion. J'étais très douée sur le plan académique aussi. J'ai dû faire un deuil de tout ça. »

Elle sait qu'elle ne deviendra jamais médecin ou avocate, mais elle a accepté sa condition et s'est trouvé de nouveaux passe-temps. Marie-Christine adore la marche et l'aquaforme. Elle dispose également d'une salle d'entraînement à la maison.

« Je vais toujours m'ennuyer du soccer, mais j'aime ma nouvelle vie. Ce ne sera jamais comme avant, mais j'ai de la chance, dans les circonstances. Je peux même me permettre de voyager. Je pars tous les ans. »

Elle a visité quelques pays d'Europe et est allée dans le Sud à plusieurs reprises. Sa prochaine destination: le Mexique.

« Voyager dans ma condition, c'est possible. Je dois seulement accepter que je ne peux pas faire les choses au même rythme qu'avant. Je dois marcher plus lentement et prendre des pauses. Les gens qui m'accompagnent en voyage le comprennent, alors ça se passe bien. »

Marie-Christine a sa propre maison. Elle habite maintenant avec son copain.

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